Poutine a affirmé que la Russie est prête à discuter de paix avec l’Ukraine lors d’un forum économique à Vladivostok. (Photo : AFP)
Les nouvelles en provenance du front laissent présager que la guerre en Ukraine n’est pas près de prendre fin. D’un côté, la poursuite des tirs de roquettes russes, notamment dans la région de Kharkiv et dans le centre de l’Ukraine, de l’autre, des attaques de drones ukrainiennes dans la région frontalière de Belgorod. En parallèle, l’armée russe, qui continue de gagner régulièrement du terrain, a revendiqué, dimanche 8 septembre, la prise d’une localité dans l’est de l’Ukraine, se rapprochant de Pokrovsk, ville stratégique dans son avancée. Alors que l’Ukraine, qui a lancé le 6 août une attaque surprise transfrontalière dans la région de Koursk, peine à conserver ses gains.
Face à l’avancée russe, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a appelé de nouveau à plus de soutien militaire de ses alliés occidentaux. Zelensky a également réclamé à ses alliés la levée des restrictions pour lui permettre de frapper en profondeur sur le sol russe des cibles militaires jugées « légitimes », comme des bases aériennes d’où décollent les avions bombardant l’Ukraine.
Mais force est de constater que malgré toutes les aides occidentales, l’Ukraine ne parvient pas à remporter une victoire significative. D’où les appels à opter pour la voie des négociations. « Je pense qu’il est temps maintenant de discuter de la manière dont nous pouvons sortir de cette situation de guerre et parvenir plus rapidement à la paix », a dit le chancelier allemand, Olaf Scholz, jugeant dans une interview qu’il faut intensifier les efforts en faveur de la paix. Un nouvel événement survenu cette semaine pourrait aussi pousser les Occidentaux à réagir : un drone russe est tombé samedi en Lettonie, à proximité de la ville de Rezekne, tandis qu’un équipement du même type a survolé la Roumanie. Ces deux engins ont donc pénétré l’espace aérien de l’OTAN.
Discuter, oui, mais …
En parallèle, le président russe, Vladimir Poutine, a affirmé jeudi 5 septembre être disposé à des pourparlers avec Kiev si l’Ukraine le demande. « Sommes-nous prêts à négocier avec eux ? Nous n’avons jamais refusé », a dit le président russe lors d’un forum économique à Vladivostok, « si un souhait de négocier émerge (en Ukraine), nous ne refuserons pas », a-t-il ajouté.
D’après Mona Soliman, politologue, « Poutine est sérieux quant à sa volonté d’entamer des pourparlers avec Kiev, mais sous conditions ». Poutine avait mis comme condition que les pourparlers se basent sur les conclusions des négociations qui avaient eu lieu au printemps 2022 à Istanbul, où des pourparlers avaient été tenus sur la crise en Ukraine. Lors de ces pourparlers, les deux parties s’étaient entendues sur des documents qui avaient été de facto paraphés. Ces textes, qui n’ont jamais été officiellement publiés, prévoient, selon des éléments diffusés par la presse allemande et américaine, des garanties de sécurité pour Kiev en échange de la neutralité de l’Ukraine.
Fruits de plusieurs rounds de négociations entre des délégations des deux pays, sous la médiation de la Turquie, ils avaient finalement été enterrés. Moscou assure qu’un compromis avait été paraphé mais que les Occidentaux ont poussé Kiev à le rejeter. Outre la neutralité de l’Ukraine, « Poutine veut conserver son contrôle sur les régions de l’est avant toute négociation », estime Soliman. La conquête du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, est « la priorité numéro un » pour la Russie, a en effet déclaré Poutine, assurant en outre que son armée repoussait les forces ukrainiennes dans la région de Koursk.
Côté ukrainien, la décision est notamment entre les mains des Occidentaux. « Il n’y aura pas de négociations avant les élections américaines », assure Soliman, tout en ajoutant que les alliés de Zelensky cherchent aussi une issue politique. Zelensky a déclaré samedi 7 septembre qu’il travaillait sur un projet de feuille de route, qu’il compte présenter aux candidats à la présidentielle américaine et aux dirigeants du G7. Lors d’une interview au journal italien Repubblica, il a déclaré : « Le plan sera prêt en novembre prochain et je le présenterai au président américain Joe Biden, au candidat républicain Donald Trump et à la démocrate Kamala Harris, ainsi qu’aux dirigeants du G7, je veux connaître leur opinion à cet égard », sans fournir de détails supplémentaires. Selon le journal italien, cette feuille de route inclura un rôle actif des partenaires occidentaux dans la protection de l’Ukraine, comme garantie d’un cessez-le-feu qui permettra le début des négociations avec la Russie.
Or, le problème est que chacune des deux parties pose ses propres conditions et ne veut pas faire de compromis. « Il faut qu’il y ait un médiateur qui puisse rapprocher les vues », estime Soliman. Et de conclure : « La voie des négociations est la seule voie possible. Mais la question est de savoir quand et comment ».
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