Depuis la cruelle guerre israélienne contre Gaza, les relations entre l’Egypte et Israël connaissent bien des tensions, mais cette fois, il semble que l’échange acerbe de mots a pris le devant. En toile de fond, le corridor de Salaheddine ou Philadelphie qui sépare l’Egypte du territoire palestinien.
Le Caire, médiateur dans les négociations avec les Etats-Unis et le Qatar, exige un départ complet des troupes israéliennes du corridor, alors que le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, insiste sur le fait que les forces israéliennes restent dans cette bande de terre, qu’il a qualifiée de cruciale.
Créé dans le cadre d’une zone tampon après les accords de paix Egypte-Israël de 1979, le corridor accueille le poste-frontière de Rafah, seul accès des Palestiniens, sous siège à Gaza, au monde extérieur, et Israël veut désormais négocier un nouvel arrangement sous prétexte que les armes à destination de la résistance palestinienne transitent par cette zone.
Dans une interview récente, le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, a même mentionné le nom du président Sissi, soulignant cependant qu’il ne mettait pas en doute « les intentions » des Egyptiens, mais plutôt « les résultats ».
Pour leur part, les responsables égyptiens voient en ces propos de « purs mensonges » et une tentative médiocre de la part de Netanhayu de « distraire l’opinion publique israélienne pour masquer son échec à atteindre ses objectifs de guerre et bloquer l’accord de cessez-le-feu ».
« La question de Philadelphie n’a pas été abordée depuis le début des négociations, et en suivant la position israélienne au cours des négociations, il est clair que chaque fois que nous nous rapprochons d’une trêve, Netanyahu commence à adopter un nouveau langage et à poser de nouvelles conditions », explique une source proche du dossier. Tactique réussie. La position de Netanyahu continue de freiner tout progrès vers un accord de cessez-le-feu.
Selon la source qui a parlé sous le couvert de l’anonymat, « Netanyahu sait que la contrebande à travers des tunnels a entièrement cessé il y a des années et que l’Egypte a réussi à fermer complètement les tunnels de son côté, parce qu’elle a beaucoup souffert du terrorisme, et que cette fermeture sert avant tout la sécurité nationale égyptienne. Mais il utilise ce prétexte pour rassurer la droite radicale et sauver sa vie politique ».
Visite symbolique
Le chef d’état-major de l’armée égyptienne, le général Ahmed Fathi Khalifa, a effectué une visite jeudi 5 septembre à la frontière avec Gaza. La visite symbolique culminant les critiques à l’encontre d’Israël vise à insister sur le fait que « l’Egypte ne tolèrerait pas de telle présence de matériels militaires israéliens à sa frontière », précise la source, qui critique le manque de position américaine claire.
Netanyahu avait tenté dans la semaine d’atténuer sa position en affirmant qu’il est « ouvert » à envisager des alternatives à la présence des troupes israéliennes, dans le cadre de tout futur accord, mais qu’il ne voyait pas cela se réaliser. Entre-temps, la chaîne 14 israélienne a indiqué que Tel-Aviv négocie avec les Emirats arabes unis l’idée d’assumer cette responsabilité. « Ce n’est qu’un ballon d’essai », croit la source, ajoutant que du point de vue des Emirats, il serait impossible pour eux d’endurer d’être la cible de la résistance palestinienne.
Certains rapports suggèrent qu’une force multinationale pourrait prendre leur place, ou au moins le redéploiement de la Mission d’assistance aux frontières de l’Union européenne, qui a opéré à Gaza entre 2005 et 2007.
Une autre source diplomatique a insisté sur le fait que la position du Caire reste inchangée, soit le retrait complet des forces israéliennes. « Nous ne serons pas les sous-traitants d’Israël, et ce n’est pas à nous de proposer des alternatives à Netanyahu », dit-elle. « Si les Israéliens veulent rester, qu’ils restent en tant que forces d’occupation et en assumant la responsabilité de cette occupation avec tout ce que cela inclut : la responsabilité de nourrir les Palestiniens à Gaza et d’assumer les attaques de la résistance, mais une telle présence ne sera jamais dans le cadre d’une nouvelle entente avec Le Caire ».
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