Sortir des sentiers battus. Telle phrase résume la vision égyptienne et les défis auxquels le continent noir et ses partenaires stratégiques, comme la Chine, sont confrontés. Des défits qui « obligent tout le monde à sortir des sentiers battus et à adopter de nouvelles approches pour réaliser des intérêts communs ». Le premier ministre Mostafa Madbouly a souligné que le continent africain a besoin « d’un véritable partenariat avec la Chine », un partenariat qui donnerait l’occasion de bénéficier de l’expérience chinoise en matière de développement industriel. Ce partenariat est crucial pour concrétiser les objectifs du Forum Chine-Afrique et de l’initiative d’accélération du développement industriel en Afrique (AIDA) de l’UA.
Le premier ministre a également souligné la nécessité d’inclure dans ce partenariat le renforcement des capacités et des compétences de la main-d’oeuvre africaine et le transfert du savoir-faire et d’inciter les secteurs public et privé chinois à injecter davantage d’investissements chinois vers les pays africains pour stimuler les efforts de localisation de l’industrie.
Représentant le président Abdel Fattah Al-Sissi, le premier ministre, Mostafa Madbouly, a participé au 9e Forum de coopération sino-africaine (FOCAC), qui s’est tenu du 4 au 6 septembre 2024, avec une large participation de chefs d’Etat et de gouvernement.
La participation égyptienne à ce sommet revêt une importance capitale, car elle permet à l’Egypte d’exposer sa vision d’un partenariat fructueux entre la Chine et l’Afrique. « Cette réunion s’inscrit dans un contexte mondial marqué par des crises et des défis politiques, sécuritaires et économiques sans précédent. Face à ces enjeux, il est crucial d’adopter une nouvelle approche plus juste et plus équitable tenant compte des besoins spécifiques du développement des pays du Sud, en particulier de l’Afrique », a souligné le premier ministre au début de son allocution lors de la session de haut niveau consacrée à la « transformation industrielle, à la modernisation de l’agriculture et au développement durable ». Madbouly estime, par ailleurs, que le potentiel immense du marché africain, grâce à sa forte croissance démographique, avec plus de 1,5 milliard d’habitants, offre de nombreuses opportunités commerciales et d’investissement, notamment depuis la mise en oeuvre de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAf).
C’est dans cette optique que l’Egypte, en sa qualité de président du NEPAD, le bras exécutif de développement de l’Union Africaine (UA), cherche à collaborer avec les partenaires pour surmonter les obstacles majeurs qui entravent la mise en oeuvre, en particulier la mobilisation de financements pour les projets africains phares, tels que le barrage d’Inga, le corridor de développement reliant la Méditerranée au lac Victoria (VICMED), la route terrestre reliant Le Caire au Cap, ainsi que l’achèvement du réseau électrique interconnecté à travers le continent. Cette conviction est fondée sur le rôle central de ces projets pour stimuler les efforts d’intégration économique continentale.
Madbouly a salué les différents aspects de la coopération entre l’Egypte et la Chine dans le domaine industriel, en particulier la création de la zone de coopération économique et commerciale de TEDA au Canal de Suez entre les deux pays. Jusqu’à la fin de juillet 2024, cette zone a attiré environ 170 entreprises travaillant dans de nombreux secteurs industriels variés (voir page 6). Selon Madbouly, la TEDA est « un modèle phare illustrant la relation entre l’initiative chinoise La Ceinture et la Route et la stratégie de développement du corridor du Canal de Suez en Egypte ».
Moderniser l’agriculture
« La modernisation de l’agriculture n’est pas moins importante que la modernisation de l’industrie pour assurer la sécurité alimentaire des peuples du continent », a précisé le premier ministre, en soulignant les défis complexes auxquels le continent fait face, soit en matière « d’accès aux produits alimentaires en raison des perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales », soit le défi du « financement », dont souffrent en particulier les importateurs nets de nourriture, comme l’Egypte. En effet, l’agriculture constitue la pierre angulaire des économies de nombreux pays africains, représentant plus de 25 % du PIB du continent. Le premier ministre a souligné que bien que le continent africain possède la plus grande superficie de terres arables de tous les continents, le pourcentage de la population confrontée à la faim continue d’augmenter pour atteindre 20,4 % de la population totale du continent, ce qui représente plus de la moitié des personnes souffrant de la faim dans le monde entier. En conclusion de son discours, Madbouly a appelé les pays africains à « adopter une vision intégrée qui met en avant le lien étroit entre le climat, la paix et la sécurité ». Il a également souligné « l’importance du soutien technique et financier des partenaires, en particulier la Chine, aux initiatives africaines pertinentes, en tête desquelles l’initiative de Réponses climatiques pour la pérennisation de la paix (CRSP) ».
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