Archives - Une réfugiée syrienne se tient à la porte de la tente de sa famille dans un camp installé à l’extérieur du village libanais de Miniara, dans le nord de la région d’Akkar, près de la frontière avec la Syrie. Photo : AFP
Human Rights Watch (HRW) a accusé mercredi le Liban et Chypre de "travailler de concert" pour empêcher des réfugiés syriens d'atteindre l'Europe en les renvoyant de force en Syrie, pays dévasté par la guerre.
"Les Forces armées libanaises et les autorités chypriotes travaillent de concert pour empêcher des réfugiés syriens d'atteindre l'Europe, puis les renvoient vers la Syrie où ils courent de graves dangers", accuse l'ONG dans un communiqué.
Selon HRW, l'armée libanaise a intercepté des embarcations de Syriens qui tentaient de rejoindre l'Europe avant de "les renvoyer sommairement en Syrie".
"Parallèlement", les forces chypriotes ont "renvoyé au Liban des Syriens dont les embarcations avaient atteint Chypre, sans tenir compte de leur statut de réfugié".
Beaucoup d'entre eux ont ensuite été "immédiatement expulsées vers la Syrie par l'armée libanaise", ajoute l'ONG.
De nombreux migrants entrent au Liban depuis la Syrie, morcelée depuis 2011 par un conflit ayant fait plus de 500.000 morts, souvent dans l'espoir d'émigrer clandestinement vers l'Europe.
Ceux qui quittent le Liban par bateau se dirigent généralement vers Chypre, le pays de l'Union européenne (UE) le plus proche.
Le Liban, frappé par une grave crise économique depuis 2019 et qui dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens, soit le plus important ratio par habitant au monde, appelle constamment la communauté internationale à les rapatrier, les combats ayant cessé dans plusieurs régions syriennes.
En mai, l'UE a annoncé une aide d'un milliard d'euros notamment pour soutenir le Liban dans la lutte contre l'immigration clandestine vers l'Europe depuis ses côtes.
"Le Liban viole l'interdiction fondamentale d'expulser un réfugié vers un lieu où il sera exposé au risque de persécution, tandis que l'UE aide à payer la facture", souligne Nadia Hardman, spécialiste des migrations à HRW.
"Chypre viole également cette interdiction en repoussant les réfugiés vers le Liban, où ils risquent d'être renvoyés en Syrie", ajoute-t-elle.
Le ministre chypriote de l'Intérieur, Constantinos Ioannou, a déclaré à HRW qu'"en 2020, Chypre et le Liban ont réitéré leur accord mutuel" sur les migrants tentant de traverser la mer depuis le Liban.
La Sûreté générale du Liban a indiqué à HRW que tout "renvoi ou expulsion" de Syriens ou d'autres migrants par Chypre auquel elle avait participé "était soumis aux normes internationales des droits de l'homme".
HRW précise que l'armée libanaise n'a pas répondu à ses sollicitations. Contactée par l'AFP, l'armée n'a pas souhaité commenter.
Des ONG soulignent le risque de possibles arrestations arbitraires et de torture au retour des réfugiés en Syrie.
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