Axe de Philadelphie : La position inflexible de l’Egypte
« La prise de contrôle par Israël de l’axe de Philadelphie est totalement inacceptable. L’Egypte insiste pour que l’exploitation du point de passage de l’autre côté de la frontière égyptienne se déroule sous supervision palestinienne et demande à revenir à la situation d’avant le 7 octobre dernier (…) Il existe des principes qui ne peuvent faire l’objet d’aucune concession », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, de l’Emigration et des Affaires des Egyptiens à l’étranger, Badr Abdelatty, lors d’une rencontre lundi 2 septembre avec la presse égyptienne.
Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, s’est entêté dans des déclarations dimanche 1er septembre à vouloir garder l’axe de Philadelphie sous contrôle israélien. L’armée israélienne avait annoncé, le 30 mai dernier, avoir pris le contrôle de cette zone tampon entre la bande de Gaza et l’Egypte, longue de 14 kilomètres et large de 100 mètres, dans le cadre de la guerre à Gaza.
Il a notamment évoqué la politique de deux poids, deux mesures à Gaza. « La communauté internationale, l’Occident en particulier, ne parvient pas à faire face aux graves violations des droits de l’homme qui se produisent quotidiennement. La politique de double standards est flagrante, que ce soit à Gaza, en Libye, au Soudan ou dans la Corne de l’Afrique », a ajouté le chef de la diplomatie.
Somalie : L’appel du devoir et de la solidarité
Outre la guerre à Gaza, Abdelatty a évoqué les relations avec la Somalie et la Turquie, ainsi que la situation au Soudan. « L’Egypte soutient fermement la Somalie dans sa lutte contre le terrorisme. Et ce, dans le respect du droit international et des décisions de l’Union Africaine (UA). L’Etat somalien légitime a sollicité notre soutien. Nous ne nous imposons pas, mais nous répondons à l’appel du devoir et de la solidarité », a déclaré Badr Abdelatty.
Le président somalien, Hassan Sheikh Mohamud, était au Caire la semaine dernière où il a signé avec le président Abdel Fattah Al-Sissi un accord de coopération militaire.
Mogadiscio a des relations tendues avec Addis-Abeba après un accord maritime entre l’Ethiopie et la région séparatiste du Somaliland, signé le 1er janvier, qui prévoit la location pour 50 ans à l’Ethiopie de 20 kilomètres de côtes du Somaliland sur le golfe d’Aden.
L’Egypte a annoncé à plusieurs reprises son refus de toute mesure qui menacerait la souveraineté et l’unité de la Somalie. « Notre intérêt national exige que nous soutenions l’unité de la nation somalienne. Il est juridiquement inacceptable qu’un Etat intervienne dans les affaires intérieures d’un autre Etat et lui impose sa volonté (…) Nous sommes opposés à toute escalade dans la région. Nos relations avec la Somalie sont étroites et de longue date, et notre coopération sécuritaire avec ce pays se situe à un niveau élevé. Nous soutenons actuellement le Mali, le Burkina Faso et le Niger dans leur guerre contre le terrorisme. Nous tenons à réaffirmer notre non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats et nous rejetons toute allégation sur un quelconque conflit avec l’Ethiopie ou tout autre pays », a déclaré le chef de la diplomatie.
Soudan : Soutenir la légitimité
Ce qui se passe au Soudan a un impact direct sur la sécurité nationale de l’Egypte et pose des défis importants. L’Egypte a été le premier pays à subir les conséquences des événements au Soudan. Malheureusement, la question du cessez-le-feu est hors de portée actuellement. « Notre position est claire : nous soutenons l’unité du Soudan et nous refusons de comparer une armée régulière à des milices armées », a déclaré Badr Abdelatty. Mais quelle est donc la solution ? « J’ai dit précédemment que la crise soudanaise va durer un certain temps en raison des complexités régionales et internationales. En Egypte, nous cherchons à soutenir la légitimité et à soutenir l’armée régulière, car l’Egypte n’a jamais soutenu des institutions illégales. La situation au Soudan nous affecte énormément, en particulier dans les négociations sur le barrage de la Renaissance. Le Soudan est un pays voisin et il est dans notre intérêt qu’il soit stable », a affirmé le ministre. Et d’ajouter que la question de la Corne de l’Afrique et de la mer Rouge est étroitement liée au Soudan. L’Egypte fait tout son possible aux niveaux politique et humanitaire pour aider le Soudan. « La communauté internationale n’a pas apporté suffisamment de soutien, et malgré les promesses et les engagements, nous n’avons vu aucun mouvement sérieux », a ajouté le chef de la diplomatie.
Conseil de paix et de sécurité de l’UA : Le Caire s’active
Avec la présidence par l’Egypte du Conseil de paix et de sécurité de l’UA à partir du 1er octobre, Le Caire fait la promotion d’un agenda africain en accord avec ses intérêts nationaux. Il comprend le soutien au Soudan et à la Corne de l’Afrique, ainsi que la préservation de l’unité territoriale somalienne. L’Egypte répond aux appels de l’UA et des pays concernés pour fournir une assistance, dans le cadre de la Charte des Nations-Unies. « Nous réaffirmons que l’Egypte ne cherche pas à s’ingérer dans les affaires intérieures des autres pays, mais travaille en vue de renforcer la paix et la stabilité dans la région », a affirmé Abdelatty.
Et d’ajouter : « Nous faisons face à des crises qui ne sont pas passagères ou temporaires. Nous devons gérer ces crises de manière simultanée, non seulement sur le court terme, mais aussi sur les moyen et long termes ».
Egypte-Turquie : Un dialogue continu
En ce qui concerne les relations entre l’Egypte et la Turquie, l’Egypte mène un dialogue continu avec Ankara. « Au cours de ce dialogue, nous abordons plusieurs questions régionales, notamment la Somalie et la Libye. Nous soutenons tout effort visant à apaiser les tensions, mais cela doit se faire dans le respect de la souveraineté des Etats et de leur intégrité territoriale », a affirmé le chef de la diplomatie.
Barrage de la Renaissance : L’Egypte défend son droit à l’existence
« La question du barrage de la Renaissance est existentielle, car nous avons dit mille fois que l’Ethiopie a le droit de se développer et que l’Egypte a le droit de survivre et d’exister. Nous devons continuer à défendre nos droits et à les proclamer. Nous allons à l’Assemblée générale. Et tous les discours que nous prononcerons seront centrés sur cette question. Nous avons déjà envoyé une lettre au Conseil de sécurité et cette lettre n’est pas la première et ne sera pas la dernière », a souligné le ministre.
Afrique : Une coopération accrue
L’Egypte s’emploie à développer ses relations avec son environnement africain et travaille en vue de renforcer les relations avec les pays du continent à tous les niveaux. Pour Le Caire, l’Afrique n’est pas seulement le problème de l’eau. « Nous disons que oui, nous avons besoin de l’Afrique, et nous devons élargir l’éventail de notre partenariat avec ce continent. L’Afrique est notre domaine vital », a affirmé Badr Abdelatty.
Politique étrangère : Continuité et changement
Chaque pays possède sa propre doctrine en matière de politique étrangère. Et l’Egypte ne fait pas exception, a dit le ministre des Affaires étrangères. Et d’ajouter : « Notre politique étrangère se caractérise à la fois par la continuité et le changement. Tout en tenant à certains principes durables, nous devons nous adapter à l’évolution du paysage mondial et régional. Un principe-clé souligné par notre président est le concept d’équilibre stratégique, c’est-à-dire que l’Egypte n’est alignée sur aucun bloc ou idéologie spécifique. Notre politique étrangère est guidée par nos intérêts nationaux ».
Relations internationales : Des partenariats basés sur le respect mutuel
Les relations de l’Egypte avec tous les pays sont fondées sur le respect mutuel et la coopération. Cette approche équilibrée lui permet de naviguer dans les complexités de l’arène mondiale tout en protégeant les intérêts nationaux. « Nous avons des relations très fortes avec les Etats-Unis, mais cela n’empêche que nous ayons aussi des relations stratégiques avec la Russie et la Chine. Même chose avec l’Inde, le Brésil et l’Union européenne », a affirmé Abdelatty.
Le rôle économique du ministère des Affaires étrangères
Les ambassades et les missions diplomatiques égyptiennes à l’étranger représentent la première ligne de défense des intérêts nationaux de l’Egypte. Dans ce contexte, le ministère des Affaires étrangères a un rôle important en matière de développement économique et d’investissements. « Nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère du Commerce et de l’Investissement afin de faciliter l’investissement et éliminer les obstacles bureaucratiques », a affirmé le chef de la diplomatie.
Faciliter des services consulaires
Un citoyen ne peut pas attendre des mois pour obtenir un passeport et payer des frais exorbitants, a estimé le ministre des Affaires étrangères. « Nous voulons développer les services consulaires afin de les fournir de manière plus rapide et plus efficace. J’ai eu plusieurs réunions avec les ministres de l’Intérieur et des Télécommunications pour développer les services consulaires fournis aux citoyens à l’étranger », a-t-il dit.
Développer le secteur privé
Le secteur privé joue un rôle très important. « En Afrique, nous avons de grandes entreprises qui ont une vaste expérience. Les entreprises moyennes veulent aussi les rejoindre mais elles craignent de risquer leur argent en cas d’instabilité. Un mécanisme sera mis en place par décret présidentiel pour soutenir ces entreprises. Il fournira des garanties d’investissement aux petites et moyennes entreprises qui souhaitent se diriger vers l’Afrique. L’Etat garantira les investissements de ces entreprises », a conclu Badr Abdelatty l
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