A quand l'épilogue ? Près de deux mois après les législatives, aucune fumée blanche ne se dégageait mardi matin de l'Elysée, où les consultations devant mener au choix d'un Premier ministre consensuel s'éternisent, suscitant la consternation des Français.
Sept ans après l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron "flotte en France comme un air de IVe République" (1946-1958), ère constitutionnelle marquée par une grande instabilité en France, critique le quotidien conservateur Le Figaro mardi.
Dans l'entourage du président, on continue d'espérer une nomination mardi, mais sans aucune garantie, alors que la France est gouvernée depuis 48 jours par un exécutif démissionnaire, du jamais vu depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale.
"Il serait temps d'avoir enfin un Premier ministre", raille dans un édito le journal Libération (gauche), pour qui "cette impasse institutionnelle et politique et l'impuissance manifeste du président risquent à tout moment de prendre la forme inconnue d'une révolte nationale".
Après avoir balayé l'option Lucie Castets, la candidate proposée par l'alliance de gauche, le Nouveau Front populaire (NFP), Emmanuel Macron a dans un premier temps vu s'éloigner la perspective de rallier les Républicains (droite) dans une coalition.
Lundi, le président français s'est toutefois entretenu avec deux Premiers ministrables issus de ces deux bords, un ancien chef de gouvernement de gauche en rupture de ban avec le Parti socialiste, Bernard Cazeneuve, et un ex-ministre de droite, plutôt critique de son camp, Xavier Bertrand.
Le chef de l'Etat continue de "tester" ces deux hypothèses, autrement dit vérifier si un gouvernement dirigé par l'un ou l'autre pourrait éviter une censure parlementaire immédiate, a confié mardi son entourage à l'AFP.
Un troisième nom, inconnu du grand public, avait également émergé lundi comme possible Premier ministre : celui de Thierry Beaudet, le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), un profil issu de la société civile, avec une sensibilité plutôt orientée à gauche.
Certaines sources assuraient même en soirée que l'affaire était entendue.
Mardi matin, des sources au sein des Républicains confirmaient toutefois des discussions avec le chef de l'Etat autour d'une nomination de Xavier Bertrand, auxquels les cadres de ce parti ne s'opposeraient vraisemblablement pas, quand ils avaient précédemment indiqué exclure faire partie d'une coalition de gouvernement.
- "Chicaneries politiques" -
Près de deux mois après la dissolution de l'Assemblée, consécutive à une déroute de son camp aux élections européennes, Emmanuel Macron fait face à "trois blocs, dont deux lui sont hostiles", résume le journal Le Parisien. La gauche est arrivée en tête devant le camp présidentiel lors des législatives de juin-juillet, avec l'extrême droite en troisième position.
Si les Français "n'étaient pas fâchés pendant l'été de se rassembler autour des Jeux olympiques plutôt que de se diviser sur des chicaneries politiques (...), ils pourraient vite perdre leur indulgence" vis-à-vis du chef de l'Etat "s'ils ont le sentiment" qu'il ne parvient pas à sortir de "l'impasse dans laquelle il s'est engouffré tout seul, avec la dissolution", poursuit ce quotidien généraliste.
Le temps presse pour former un gouvernement de plein exercice, le budget 2025 devant être déposé au Parlement le 1er octobre au plus tard.
Or les mauvaises nouvelles s'accumulent sur le plan économique. Plus dynamiques que prévu, les dépenses des collectivités pourraient aggraver le déficit public de la France de 16 milliards d'euros en 2024, s'est inquiété lundi le ministère de l'Economie, dans un courrier adressé à des parlementaires et consulté par l'AFP.
Les prévisions de recettes fiscales, déjà abaissées de "près de 30 milliards d'euros" au printemps, pourraient par ailleurs ne pas être atteintes "compte tenu de l'évolution de la composition de la croissance, moins favorable aux recettes fiscales", pointe ce document.
Fin juillet, l'Union européenne avait formellement lancé vendredi les procédures pour déficits publics excessifs ciblant sept Etats membres, dont la France, une première depuis la suspension de ses règles budgétaires en 2020 avec la crise du coronavirus.
La France, dont la dette atteint 110% du PIB, a été la plupart du temps en procédure de déficit excessif depuis la création de l'euro au tournant des années 2000. Elle en était toutefois sortie en 2017.
Aujourd'hui, le déficit public français est estimé à 5,5% du PIB, quand le Pacte de stabilité de l'UE limite celui-ci à 3% et la dette à 60% du PIB d'un Etat-membre.
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