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Angham et les sept phases de l’amour

Névine Lameï, Mercredi, 28 août 2024

La chanteuse Angham vient de lancer un nouvel opus, Tigui Nessib ? (est-il temps de nous séparer ?), qui fait un tabac sur les réseaux sociaux et les plateformes musicales.

Angham et les sept phases de l’amour

S’agit-il de sept phases qui surviennent tout au long d’une relation amoureuse vouée à l’échec, ou de sept règles d’or pour vivre heureux en couple ? Plus ou moins l’un et l’autre. La chanteuse égyptienne Angham a lancé un nouvel album, Tigui Nessib ? (est-il temps de nous séparer ?), cinq ans après la sortie de son dernier album. Ce 23e album s’inscrit dans une lignée romantique, hautement dramatisée, qui a caractérisé l’artiste ayant commencé sa carrière à un âge très jeune. Il a enflammé les réseaux sociaux, car ses douze pistes sont très bien sélectionnées. Angham y incarne une fois de plus la « douce guerrière » qui n’a pas honte de partager ses états d’âme, avec tonus, souplesse et beaucoup de dérision. Sa voix oscille souvent entre finesse et révolte.

L’album constitue ainsi une suite d’émouvantes ballades romantiques, relatant des déboires amoureux ou plutôt les sept étapes de la vie amoureuse, faites de hauts et de bas. La chanteuse parcourt des moments de joie, d’extase, de défi, de désaccord, etc. Il y a donc de plaire à tous les goûts. D’abord, c’est la magie, les fortes émotions des débuts, ensuite le choc, la séparation et la guérison, ainsi que les leçons tirées de cet échec.

La chanson phare de l’album Enta Min ? (qui es-tu ?), écrite par Hala El-Zayat, composée par Mahmoud Khayami et arrangée par Tarek Madkour, décrit le coup de foudre entre amoureux, accompagné surtout par la clarinette. Vient ensuite la deuxième phase de l’histoire d’amour lorsque les rêves s’évaporent, dans Makanch Waqtou (il n’était pas encore temps). La voix d’Angham devient plus mélancolique, en évoquant le bonheur éphémère, la désillusion. Ses rêves se sont vite transformés en une réalité amère. Ici, la guitare fait exploser le drame.

La troisième phase est celle de la prise de décision. Il faut trancher et se retirer définitivement de la vie de l’être aimé, ayant soupçonné l’ombre d’une autre femme. Puis, le drame atteint son paroxysme dans Khallik Maaha (reste avec elle), paroles d’Akram Hosni et mise en musique d’Ehab Abdel-Wahed, incarnant les sentiments de la femme trahie, évoquant « les douces nuits » passées à deux et menaçant de laisser son chéri « dans la zone de confort » qu’il a choisie, sur une magnifique note de violon.

La chanson Tigui Nessib ? (est-il temps de nous séparer ?), qui prête son titre à tout l’album, repose sur le maqam kurde, Angham entame la quatrième phase de l’histoire d’amour, proposant la séparation à son partenaire. Le désir plane sur la chanson Al-Qoloub Asrar (les secrets des coeurs), avec l’espoir de se montrer encore une fois séduisante. Mais le moment de l’auto-accusation ne tarde pas à survenir dans la chanson Kan Barïe (il était innocent), marquant la sixième phase décrite par Angham et laquelle mène à la libération et le mûrissement, dans Eskot (n’est-ce pas ?). C’est donc la septième phase. Les paroles de Nour Abdullah sont interprétées avec beaucoup d’humour ; la musique de Mustafa Al-Assal s’accorde bien avec cet état d’esprit, donnant à l’accordéon une place de choix dans la composition.

Alter ego des femmes

Les raisons du succès de cet album sont nombreuses. Outre la musique, la voix, les paroles et les arrangements viennent les différents looks d’Angham qu’on découvre dans les vidéoclips mis en ligne. Cette dernière affirme être une femme et une artiste, sûre d’elle-même, qui a acquis une grande maturité avec le temps et les expériences. Elle fait des choix plus radicaux et a un côté plus stylé, tout en étant capable d’exprimer plein d’autres femmes. « Angham a rassemblé tous les hommes toxiques dans un seul album. Elle a déverrouillé la porte d’une chambre sombre, et s’est mise au coin pour chanter en tout confort », commente l’une d’entre elles sur la toile. Un autre auditeur a révélé qu’il était tenté par l’idée d’arrêter la musique pour n’entendre que la voix ensorcelante d’Angham, libre et indépendante. Car les hommes aussi peuvent apprendre comment reconquérir une femme déçue, en l’écoutant attentivement, essayant de comprendre davantage la logique feminine.

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