Entre les statues royales et celles appartenant à de hauts fonctionnaires d’un côté, les sarcophages et les papyrus de l’autre, les pièces de l’Egypte Ancienne qui enrichissent les grands musées du monde sont nombreuses. Ces oeuvres d’une inestimable valeur archéologique, historique et sûrement esthétique sont le thème d’un livre intitulé Les chefs-d’oeuvre égyptiens dans les musées mondiaux, publié par l’Organisme général des palais de la culture dans le cadre de la série Histoire de l’Egypte. Rédigé par l’écrivain et expert en patrimoine Dr Mohamed Ghoneim, l’ouvrage de 400 pages met la lumière sur plus d’une quarantaine de pièces archéologiques répandues dans les musées européens et ceux des Etats-Unis. « Une grande partie des monuments égyptiens est sortie d’Egypte légalement ou illégalement. La plupart de ces antiquités sont sorties pendant la gérance des Français du département des antiquités depuis sa création en 1858 jusqu’à 1952 », retrace l’écrivain dans la préface de son ouvrage.
Alors que le livre accorde une grande importance aux monuments renommés sortis illégalement du pays comme la pierre de Rosette placée aujourd’hui au British Museum, ou la tête de Néfertiti, devenue l’icône du Musée de Berlin, il prête également un intérêt particulier aux pièces peu connues du grand public. Ainsi, l’ouvrage révèle que le Musée de Berlin abrite une deuxième tête de la reine Néfertiti en calcaire. Cette tête a été mise à jour par l’égyptologue anglais John Pendlebury en 1933.
Le parcours des pièces
Quelques pièces mentionnées dans l’ouvrage témoignent du succès des Anciens Egyptiens dans différents domaines. C’est l’exemple du papyrus comprenant la première carte géologique au monde qui montre la route qui mène vers la plus ancienne mine d’or, nommée Al-Fawakhir. Conservée au Musée égyptien de Turin en Italie, cette carte remonte au règne de Séthi Ier (1304-1318 av. J.-C.), roi de la XIXe dynastie et père du grand conquérant Ramsès II. Ce papyrus, qui a pris le nom de Turin 1, fait 53,3 cm x 45,7 cm de dimensions. Le Musée de Turin conserve également un deuxième papyrus, lié à cette carte géologique qui indique des routes secondaires à la sortie de la même mine d’or. Ce deuxième papyrus est connu comme étant le papyrus de Turin 2. Le livre retrace alors l’itinéraire de la sortie des deux papyrus de Turin des territoires égyptiens jusqu’à leur arrivée au musée italien. Ce papyrus faisait partie de la collection du consul de France en Egypte, l’Italien Bernardino Drovetti, pendant le premier quart du XIXe siècle. A cette époque, Drovetti « a profité de sa position de consul pour se rapprocher du wali d’Egypte Mohamad Ali pacha qui lui a permis de faire des fouilles en Egypte (...) Il a découvert une rare collection de papiers et l’a présentée aux Français qui ont refusé de l’acheter. Le roi de Sardaigne a acheté cette collection à 400 000 lires italiennes et l’a offerte au Musée de Turin », lit-on dans le livre.
Le Musée égyptien de Turin n’est pas le seul à conserver des papyrus. Le lecteur lit alors des extraits du papyrus médical Ebers conservé à la bibliothèque de l’Université de Leipzig qui a été trouvé par un Egyptien dans les bandelettes d’une momie à Assassif, à Louqsor. Cet Egyptien a vendu le papyrus à un Américain appelé Adon Smith en 1862 qui, à son tour, l’a vendu en 1869 à l’égyptologue Georges Ebers. Outre les papyrus géologiques et médicaux, le livre offre également à ses lecteurs des résumés d’autres papyrus. Citons, à titre d’exemple, le papyrus Rhind qui a trait aux mathématiques et qui est conservé au British Museum, et celui littéraire conservé au musée de l’Ermitage à Saint Petersburg en Russie.
Offre diplomatique
Le livre explique au lecteur les circonstances de la présence de certains monuments dans les musées internationaux. La campagne de sauvegarde des monuments de la Nubie lancée par l’UNESCO en mars 1960 a témoigné de la contribution de plus de 50 Etats et 5 000 archéologues pendant une durée de 5 ans. « Ces pays ont fourni une aide financière, technique et scientifique, ainsi que des équipements et des experts. Les Etats-Unis ont offert, à titre d’exemple, 50 millions de dollars. L’UNESCO et le gouvernement égyptien, représenté par le ministère de la Culture, voulant remercier ces pays pour leur contribution à cette sauvegarde, ont accepté de leur offrir des parties des temples égyptiens », lit-on dans le livre. Le livre indique quatre de ces temples. Il s’agit du temple de Debod qui a été reconstitué au Parc Montana dans la ville de Madrid en Espagne, le temple Taffeh dont l’anastylose a été réalisée au Royal Museum of Antiquities en Hollande, le temple Ellesyia au Musée égyptien de Turin en Italie et le musée Dandour reconstitué au Metropolitan Museum à New York.
Quant aux monuments royaux, dans les musées étrangers, ils sont nombreux. Citons par exemple la demi-statue du roi Ramsès II au British Museum et sa statue assise sur son trône au Musée de Turin. Citons aussi la statue du roi Thoutmosis III de la XVIIIe dynastie et la tête du roi Séthi II de la XIXe dynastie au Metropolitan Museum, la tête emblématique de la reine Tiyi au Musée de Berlin et bien d’autres.
Le livre montre indirectement comment la civilisation égyptienne a contribué, à travers ces pièces, à la richesse des musées internationaux.
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