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Etudiants égyptiens en France: sur les traces de Rifaa Al-Tahtawi et de Taha Hussein

Pissan Hussien , Vendredi, 23 août 2024

De plus en plus de jeunes Egyptiens font le choix de la France pour poursuivre leurs études universitaires. Une expérience enrichissante tant au niveau du cursus académique et de la culture que sur le plan personnel. Témoignages.

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Avec 2 930 Egyptiens, dont 54 % sont des femmes, la France se classe à la onzième place parmi les destinations préférées pour les étudiants égyptiens.

 

« Paris est un lieu où il n’y a de plaisir que pour ceux qui cherchent à s’instruire ». C’est comment le philosophe français Montesquieu associe Paris à un centre de connaissance et de culture. Ainsi, Paris, la Ville Lumière, accueille chaque année des milliers d’étudiants étrangers venant des quatre coins du monde. Parmi eux, une communauté particulière se distingue par sa langue et son héritage culturel : les étudiants égyptiens francophones. Avec 2 930 Egyptiens, dont 54 % sont des femmes, la France se classe à la onzième place parmi les destinations préférées pour les étudiants égyptiens. Ces jeunes, passionnés par leurs ambitions d’études, traversent des milliers de kilomètres pour poursuivre leurs rêves académiques dans les prestigieuses universités françaises. Mais au-delà des études, c’est un véritable parcours d’intégration sociale et culturelle qui les attend.

La vie des Egyptiens à Paris est un mélange fascinant de traditions culturelles et d’adaptations modernes. Dans cette métropole dynamique, les Egyptiens trouvent un espace pour s’épanouir tout en restant connectés à leurs racines. Les quartiers parisiens deviennent des foyers où les saveurs de la cuisine égyptienne, les discussions animées en arabe et les festivals culturels locaux créent une ambiance unique, mêlant l’héritage du Nil au rythme effervescent de la capitale française. Cette immersion dans la vie parisienne permet aux Egyptiens de découvrir et d’apprendre, tout en contribuant à la diversité et à la richesse culturelle de Paris.

En ce qui concerne l’intégration, cela a été un défi pour Malak Mansour, étudiante en management de luxe dans l’école de mode EIDEM à Paris. « Même si je viens d’une école homologuée en Egypte, l’écart entre le français appris au lycée et le français parlé dans les rues parisiennes est énorme ! », affirme Malak. Elle souligne également qu’il y a peu de similarités entre les deux cultures, ce qui rend ce voyage encore plus « stimulant et passionnant, les Parisiens ayant une réputation de ne pas être aussi chaleureux que les Egyptiens ». Malak partage son temps entre les cours et les événements de mode liés à son université. Pour se détendre, elle apprécie particulièrement le 5e arrondissement, notamment la rue Mouffetard et le Quartier Latin, des lieux à la fois économiques et fascinants. Malak mentionne que « prendre une crêpe dans le Quartier Latin et se promener le long de la Seine et de Notre-Dame » est son plaisir quotidien. Et quand elle est prise de nostalgie, elle va manger un shawarma au « Cèdre », situé rue Mouffetard.

En ce qui concerne le côté culturel, on ne peut pas du tout négliger l’amour que Laila Mansour porte pour la culture française. Laila est étudiante en science et ingénierie, spécialisée en science de la matière à Sorbonne, l’une des universités les plus brillantes en France. Laila assure qu’elle habite pratiquement au musée du Louvre, elle ne peut plus compter le nombre de fois où elle y est allée !, ironise-t-elle. « Mais cela reste toujours aussi intrigant pour moi, comme si c’était la première fois ». Ainsi, la vie de Laila gravite autour de la culture française et de son admiration, comme son activité préférée qui est d’accomplir ses tâches en se rendant à pied à sa destination plutôt que de prendre les transports en commun, admirant l’architecture et l’histoire cachée derrière les rues de la ville des lumières. « Vous me cherchez ? Vous allez me trouver dans une exposition ou un musée quelque part à Paris ! ».

En ce qui concerne les majeures littéraires dont Paris brille toujours, une autre étudiante en sciences politiques à l’Université Paris 8 confie : « Je suis immergée dans un environnement intellectuellement stimulant et culturellement diversifié. La ville offre non seulement un accès privilégié à des institutions académiques renommées et à des chercheurs de premier plan, mais elle est aussi un creuset de débats politiques et sociaux dynamiques. Paris met tout en oeuvre pour ses étudiants : nous n’avons aucune excuse de ne pas réussir ». Et d’ajouter : « Prenons l’exemple des périodes d’examens : toutes les bibliothèques en France sont gratuites pour les étudiants et offrent une ambiance agréable. Paris est véritablement une ville où je peux non seulement approfondir mes connaissances académiques, mais aussi me plonger dans la vie sociale et politique qui façonne notre monde moderne ».

Les raisons d’un choix

En effet, « l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient représentent la première zone d’origine des étudiants étrangers inscrits en France (29 %) », d’après le rapport de l’institution « Campus France », intitulé « La mobilité étudiante dans le monde : Chiffres-clés » et publié en juin 2023. Ce rapport souligne l’importance de la France comme destination privilégiée pour les étudiants de ces régions, attirés par la qualité de l’enseignement supérieur, les opportunités culturelles et professionnelles, ainsi que les nombreuses collaborations académiques et scientifiques entre la France et leurs pays d’origine.

Ainsi, dans la répartition par discipline à l’université en France, quatre domaines se distinguent particulièrement auprès des étudiants égyptiens pour l’année 2022-2023. Le droit et la science politique attirent une proportion significative de ces étudiants, représentant 23 % de leurs inscriptions. Viennent ensuite les études d’économie et les études scientifiques, chacune comptant pour environ 19 % des étudiants égyptiens en France. Enfin, les lettres, langues et sciences sociales en rassemblent 13 %. Ces chiffres montrent une diversification des intérêts académiques des étudiants égyptiens, soulignant leur volonté de s’engager dans des domaines variés qui sont cruciaux pour le développement de leurs compétences professionnelles et intellectuelles. Cette diversité de choix reflète également l’attrait des institutions françaises pour leur offre éducative riche et variée, capable de répondre aux aspirations académiques des étudiants venus d’Egypte.

C’est en ce sens que Paris fut la « cité la plus visitée au monde, agglomération française la plus peuplée, première ville étudiante de France et deuxième au niveau international … Paris est incontestablement une métropole attractive et dans laquelle il fait bon étudier. Avec une forte concentration d’universités, de grandes écoles de commerce, d’ingénieurs, d’art et d’autres établissements prestigieux, la capitale accueille environ 697 000 étudiants du supérieur. 17 % viennent de province et 14 % de l’étranger », d’après l’article intitulé « Etudier à Paris et Ile-de-France » de Studyrama.

De gros potentiels

Ainsi, la réponse à la question « Pourquoi Paris ? » pour nos témoins tourne autour du terme « créativité » : Paris représente l’endroit où ils peuvent stimuler leur potentiel académique et social afin de découvrir leur plein épanouissement à travers la créativité. Paris est notre porte d’entrée vers une liberté de vie et une optimisation des études. Ceci traduit le respect d’une des devises de la République française : liberté, égalité et fraternité !

En conclusion, la présence et l’influence de la francophonie en Egypte sont fortement marquées par les collaborations fructueuses entre les universités égyptiennes et parisiennes. L’Université de Paris I, par exemple, travaille en partenariat avec l’Université de Aïn-Chams dans le domaine de la gestion et avec l’Université du Caire pour les filières de droit. L’implantation récente de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne au Caire, offrant des programmes en droit, science politique et économie, en collaboration avec l’Université du Caire et son programme égyptien, renforce ces liens francophones et enrichit le paysage éducatif de la région. De même, des initiatives telles que la collaboration entre Paris Dauphine et l’Université du Caire en droit, ainsi que celle entre l’Université de Nantes et l’Université du Caire en journalisme illustrent l’engagement continu dans le partage de connaissances et la promotion de la langue française en Egypte. En outre, Sorbonne Université, où étudie notre témoin Laila, collabore avec l’Université française d’Egypte dans le domaine de l’ingénierie, contribuant ainsi à l’internationalisation et à la diversité culturelle au sein du système éducatif égyptien. Ces partenariats universitaires francophones en Egypte non seulement enrichissent les horizons académiques, mais aussi tissent des liens durables qui célèbrent la diversité culturelle et renforcent les fondations d’une collaboration internationale dynamique. On parle maintenant d’une Egypte à la parisienne.

 

 Une histoire qui remonte au XIXe siècle

 

 Les premières bourses académiques provenant de l’Egypte vers Paris datent du XIXe siècle, avec le cheikh Rifaa Al-Tahtawi sous l’ère de Mohamad Ali pacha et l’Egypte moderne. Cheikh Rifaa Al-Tahtawi a joué un rôle crucial dans l’histoire de l’intégration francophone en Egypte. Son séjour en France au début du XIXe siècle et son travail ultérieur ont jeté les bases d’une interaction culturelle et intellectuelle significative entre l’Egypte et le monde francophone. Là-bas, Al-Tahtawi a été exposé à une vaste gamme de disciplines et a été impressionné par les aspects intellectuels et culturels de la société française. Cette entreprise massive a non seulement introduit les Egyptiens aux idées et aux savoirs occidentaux, mais a aussi aidé à moderniser le système éducatif égyptien. Ainsi, l’intégration des idées francophones à travers le travail de traduction d’Al-Tahtawi a permis une ouverture intellectuelle sans précédent en Egypte. Dans le contexte de l’intégration francophone égyptienne, Le combat d’Al-Tahtawi commence en plaidoyant pour l’éducation des femmes, puis par l’établissement d’écoles pour les filles, ainsi qu’une correction de la perception du rôle des femmes dans la société, en étant influencé par les idées francophones occidentaux. Ses idées ont inspiré des générations futures de réformateurs et d’activistes qui ont continué à plaider pour l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes.

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