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Le prédicateur dans le collimateur

Chaimaa Abdel-Hamid, Mardi, 11 février 2014

Youssef Al-Qaradawi, est une nouvelle source de discorde entre l’Egypte et le Qatar.

L’Egypte a appelé le Qatar à lui remettre le prédicateur octogénaire Youssef Al-Qaradawi, l’accusant d’implication avec les Frères musulmans, dans ledit procès des évasions de prisons en 2011, lors du vide sécuritaire de la fin janvier. Mais aussi pour le procès intenté par le chef du parti Al-Ahrar Al-Masry, Tariq Darwich, l’accu­sant de « haute trahison », s’ap­puyant sur les appels récurrents d’Al-Qaradawi à manifester contre la destitution de l’ex-président, Mohamad Morsi, et « son incita­tion à la violence et ses appels aux forces étrangères pour intervenir en Egypte ».

Al-Qaradawi s’est distingué ces derniers mois par une campagne contre la Syrie et ses alliés, à tra­vers des fatwas controversées, appelant notamment les Syriens à demander aux pays étrangers d’in­tervenir militairement en Syrie pour soi-disant « stopper le bain de sang », ou encore en lançant que face à « ceux qui agissent avec le pouvoir, il nous est obligatoire de tous les tuer : militaires, civils, oulémas, ignorants (...) ceux qui sont du côté de ce pouvoir injuste ».

Le prédicateur a fait ses études secondaires à l’institut azharite de la ville de Tanta. 9 années plus tard, il se rendit au Caire où il intégra le cycle universitaire d’Al-Azhar, dans la faculté des fondements de la religion. En 1953, major de sa promotion, il décroche son diplôme. Mais plus tard dans les années 1960, il est déchu de la nationalité égyptienne par le prési­dent Gamal Abdel-Nasser, en rai­son de ses liens avec l’organisation des Frères musulmans. Il quitte l’Egypte et vit au Qatar où il obtient la nationalité en 1962. Avec la créa­tion de la chaîne Al-Jazeera, il anime une émission Al-Charia wal hayat (la charia et la vie).

Son influence s’exerce à la fois par le biais des médias et de vidéos diffusées sur Internet. C’est à tra­vers la chaîne qatari qu’il lance des dizaines de fatwas incendiaires. Ainsi, dans ses dernières fatwas, il a déclaré que le « djihad » en Egypte contre les militaires et les policiers égyptiens pour soutenir les Frères et les faire revenir aux commandes de la présidence est un « devoir pour tout musulman ». Il appelle les jeunes de l’ensemble des pays musulmans, dont la Tunisie, la Libye, l’Afghanistan et le Pakistan à « se joindre au djihad en Egypte ». De plus, lors d’une de ses prêches de vendredi, depuis Doha, il appelle les soldats de l’ar­mée égyptienne à l’insoumission pour réclamer le retour au pouvoir de Morsi. Aussi, sans citer son nom mais dans une référence claire au ministre de la Défense, Abdel-Fattah Al-Sissi, le prédicateur affirme que « l’islam appelle à l’unité et l’union, il n’autorise pas la protestation contre le dirigeant légal (en référence à Morsi) (…) si le manifestant contre un dirigeant ne renonce pas à sa révolte (en référence à Al-Sissi), il doit être tué. On doit obéir le dirigeant légal ».

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