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Le H1N1 menace à nouveau

Ola Hamdi, Lundi, 10 février 2014

Après 5 années de répit, le virus mortel H1N1 revient en force en Egypte. Le ministère de la Santé est en état d'alerte.

H1N1

Il est de retour, avec déjà plusieurs victimes. Le virus H1N1 a frappé à Tanta dans le Delta, avec un homme, Mahmoud Farhat, hospitalisé le 30 janvier dernier et décédé cette semaine à l’unité des soins inten­sifs. Cela faisait 5 ans que le H1N1 avait disparu d’Egypte. A Béni-Soueif, c’est un enfant de 5 ans qui est mort. D’autres cas de H1N1 ont été diagnostiqués dans les gouvernorats de Charqiya, de Ménoufiya, de Louqsor et de Qalioubiya. Au total 38 personnes sont mortes et plus de 300 sont atteintes du virus en quelques jours, selon les chiffres du minis­tère de la Santé publiés dimanche. Pourtant, le ministère avait d’abord nié l’existence du virus. L’état d’alerte a été déclaré dans les hôpitaux publics où des salles ont été consacrées aux patients afin de les isoler. Le ministère de la Santé a prévenu que les enfants et les jeunes adultes sont particulièrement vulné­rables. Par ailleurs, deux médecins ont été infectés par la maladie, toujours selon le ministère de la Santé. Ce der­nier a mis en place une ligne directe, le 105, pour tout ren­seignement sur la maladie.

Toutefois, Amr Al-Choura, membre du conseil de l’ordre des Médecins, met en doute les chiffres du ministère de la Santé sur le nombre des per­sonnes décédées ou infectées. « Les chiffres déclarés sont faux. Le ministère ne dit pas la vérité », dénonce Al-Choura. Et d’ajouter : « J’ai appelé la médecine préventive le 22 jan­vier qui a confirmé que 8 000 per­sonnes étaient soupçonnées de por­ter le virus. Puis soudainement, le 4 février, le ministère a reconnu 200 cas seulement dans les hôpitaux et la mort de 24 personnes », explique Al-Choura. Et d’ajouter : « Le syn­dicat a demandé à former une com­mission d’enquête en janvier après l’apparition des premiers signes qui montraient la présence du virus, mais le ministère a ignoré notre demande ».

Le H1N1 est apparu pour la pre­mière fois en Egypte en 2009. En guise de prévention, les autorités avaient ordonné l’abattage de quelque 300 000 porcs alimentés des déchets organiques de la capi­tale. Cette fois, le virus revêt une forme visiblement plus virulente. A-t-il évolué ou a fait l’objet d’une mutation ? A priori non. « Le grand nombre de décès est dû à la négli­gence dans le traitement de la maladie », explique Salah Ibrahim, médecin spécialiste des maladies pulmonaires. Et d’ajouter : « Depuis octobre, des signes confir­maient la présence du H1N1 en Egypte mais le ministère de la Santé disait que non ! ». Selon lui, le virus ne se reproduit pas. Il est maltraité et le nombre de morts augmente, car en plus il n’existe pas de vaccination. « En 2009, par exemple, il n’y avait pas d’infection parmi les médecins ou le personnel médical car tout le monde avait été responsabilisé et le ministère n’a pas caché le problème », affirme Salah Ibrahim. « Le traitement pré­coce est le meilleur moyen de résis­ter à la maladie. Or, beaucoup de cas ont été diagnostiqués très tardi­vement », explique pour sa part Fathi Charaf, médecin.

Panique chez les Egyptiens

H1N1

La réapparition du virus a provo­qué une certaine panique chez les Egyptiens. La ruée sur le Tamiflu (ndlr : seul médicament disponible pour traiter la maladie) est engagée. Une boîte de ce médicament se vendait à 480 L.E. cette semaine au Caire. La panique a poussé d’autres habitants à prendre le vaccin de la grippe saisonnière, bien qu’il soit inefficace sur le H1N1. Les symp­tômes de cette grippe sont simi­laires à ceux de la grippe saison­nière classique, c’est-à-dire une brutale montée de fièvre, de la toux, des douleurs musculaires et une fatigue extrême. Le H1N1 pro­voque aussi diarrhées et vomisse­ments.

La panique s’est même emparée des ambulanciers. « Nous sommes en contact avec un grand nombre de patients et cela est un danger pour notre santé », dit un membre du personnel paramédical qui s’apprête à organiser un sit-in si le ministère ne vaccine pas le per­sonnel contre le virus H1N1.

Face au spectre d’une épidémie, le gouvernement est appelé à agir vite. Seules la transparence et l’ap­plication des mesures de prévention peuvent faire face au virus.

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