Il est de retour, avec déjà plusieurs victimes. Le virus H1N1 a frappé à Tanta dans le Delta, avec un homme, Mahmoud Farhat, hospitalisé le 30 janvier dernier et décédé cette semaine à l’unité des soins intensifs. Cela faisait 5 ans que le H1N1 avait disparu d’Egypte. A Béni-Soueif, c’est un enfant de 5 ans qui est mort. D’autres cas de H1N1 ont été diagnostiqués dans les gouvernorats de Charqiya, de Ménoufiya, de Louqsor et de Qalioubiya. Au total 38 personnes sont mortes et plus de 300 sont atteintes du virus en quelques jours, selon les chiffres du ministère de la Santé publiés dimanche. Pourtant, le ministère avait d’abord nié l’existence du virus. L’état d’alerte a été déclaré dans les hôpitaux publics où des salles ont été consacrées aux patients afin de les isoler. Le ministère de la Santé a prévenu que les enfants et les jeunes adultes sont particulièrement vulnérables. Par ailleurs, deux médecins ont été infectés par la maladie, toujours selon le ministère de la Santé. Ce dernier a mis en place une ligne directe, le 105, pour tout renseignement sur la maladie.
Toutefois, Amr Al-Choura, membre du conseil de l’ordre des Médecins, met en doute les chiffres du ministère de la Santé sur le nombre des personnes décédées ou infectées. « Les chiffres déclarés sont faux. Le ministère ne dit pas la vérité », dénonce Al-Choura. Et d’ajouter : « J’ai appelé la médecine préventive le 22 janvier qui a confirmé que 8 000 personnes étaient soupçonnées de porter le virus. Puis soudainement, le 4 février, le ministère a reconnu 200 cas seulement dans les hôpitaux et la mort de 24 personnes », explique Al-Choura. Et d’ajouter : « Le syndicat a demandé à former une commission d’enquête en janvier après l’apparition des premiers signes qui montraient la présence du virus, mais le ministère a ignoré notre demande ».
Le H1N1 est apparu pour la première fois en Egypte en 2009. En guise de prévention, les autorités avaient ordonné l’abattage de quelque 300 000 porcs alimentés des déchets organiques de la capitale. Cette fois, le virus revêt une forme visiblement plus virulente. A-t-il évolué ou a fait l’objet d’une mutation ? A priori non. « Le grand nombre de décès est dû à la négligence dans le traitement de la maladie », explique Salah Ibrahim, médecin spécialiste des maladies pulmonaires. Et d’ajouter : « Depuis octobre, des signes confirmaient la présence du H1N1 en Egypte mais le ministère de la Santé disait que non ! ». Selon lui, le virus ne se reproduit pas. Il est maltraité et le nombre de morts augmente, car en plus il n’existe pas de vaccination. « En 2009, par exemple, il n’y avait pas d’infection parmi les médecins ou le personnel médical car tout le monde avait été responsabilisé et le ministère n’a pas caché le problème », affirme Salah Ibrahim. « Le traitement précoce est le meilleur moyen de résister à la maladie. Or, beaucoup de cas ont été diagnostiqués très tardivement », explique pour sa part Fathi Charaf, médecin.
Panique chez les Egyptiens
La réapparition du virus a provoqué une certaine panique chez les Egyptiens. La ruée sur le Tamiflu (ndlr : seul médicament disponible pour traiter la maladie) est engagée. Une boîte de ce médicament se vendait à 480 L.E. cette semaine au Caire. La panique a poussé d’autres habitants à prendre le vaccin de la grippe saisonnière, bien qu’il soit inefficace sur le H1N1. Les symptômes de cette grippe sont similaires à ceux de la grippe saisonnière classique, c’est-à-dire une brutale montée de fièvre, de la toux, des douleurs musculaires et une fatigue extrême. Le H1N1 provoque aussi diarrhées et vomissements.
La panique s’est même emparée des ambulanciers. « Nous sommes en contact avec un grand nombre de patients et cela est un danger pour notre santé », dit un membre du personnel paramédical qui s’apprête à organiser un sit-in si le ministère ne vaccine pas le personnel contre le virus H1N1.
Face au spectre d’une épidémie, le gouvernement est appelé à agir vite. Seules la transparence et l’application des mesures de prévention peuvent faire face au virus.
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