L'attentat manqué contre le ministre de l'Intérieur Mohamad Ibrahim en septembre 2013. (Photo : AP)
Les forces politiques ont condamné les attentats terroristes perpétrés à la veille du 3e anniversaire de la révolution du 25 janvier, mais restent partagées sur les moyens pour l’Egypte de rétablir la stabilité. Pour certains, le gouvernement doit réagir avec la plus grande fermeté contre la «
confrérie terroriste des Frères musulmans » et ses acolytes, accusés d’être derrière les attaques de vendredi, alors que pour d’autres le rétablissement de la stabilité passe nécessairement par une solution politique et un compromis avec les Frères. «
Ces attentats sont un acte lâche, nous ne reculerons pas, nous vaincrons ces traîtres et ces assassins », lance sur son compte
Facebook le mouvement
Tamarrod qui était à la pointe de la contestation qui a conduit à la chute du président islamiste, Mohamad Morsi.
Vendredi, à la veille de la commémoration de la révolution du 25 janvier, Le Caire avait été secoué par un quadruple attentat. Le plus sanglant a été celui de la préfecture de police du Caire qui a été la cible peu après l’aube d’un attentat à la voiture piégée. Trois autres engins de faible puissance exploseront dans la journée. Au total, il y a 6 morts et de nombreux blessés. Parallèlement, à Suez, une voiture piégée a explosé au milieu de la journée près d’une caserne de la police, faisant 9 blessés. Et un hélicoptère de l’armée s’est écrasé au Nord-Sinaï, tuant ses 5 occupants. Le groupe djihadiste Ansar Beit Al-Maqdes a revendiqué sur son compte Twitter l’attaque contre la préfecture de police au Caire. Comment faire face au terrorisme ? Si certains se prononcent pour la solution sécuritaire, d’autres au contraire privilégient la solution politique. Pour Maha Abdel-Nasser, secrétaire générale du parti Egyptien social-démocrate, de tendance libérale, elle ne fait aucun doute que les Frères musulmans et leurs partisans djihadistes sont derrière cette vague de terrorisme. « La seule solution pour dissuader les terroristes est d’accélérer le jugement de leurs dirigeants qui se trouvent actuellement derrière les barreaux », explique-t-elle. Et d’ajouter : « Ces attentats visent à gâcher les célébrations du 25 janvier et à compromettre la feuille de route. Mais l’Egypte ne doit pas se laisser détourner. Il faut organiser au plus vite l’élection présidentielle et achever la mise en oeuvre de la feuille de route ». Même son de cloche, chez Chadi Al-Ghazali Harb du parti libéral Al-Dostour, qui souligne, lui, les failles de la sécurité. « La police a fait preuve d’incompétence et d’inexpérience face à des défis qui nécessitent plus de compétence et de recours à des technologies de pointe en matière de sécurité », déplore-t-il.
Réexaminer les cas des détenus
Après les attaques de vendredi, le président par intérim, Adly Mansour, s’est adressé à la nation. Il a notamment parlé d’une modification de la feuille de route dans le sens que l’élection présidentielle sera organisée avant les élections parlementaires. Mansour a appelé le procureur général à réexaminer les cas des détenus et des personnes en cours d’interrogatoire, notamment les étudiants des universités pour les relaxer si aucune charge n’est retenue contre eux (voir encadré). Une démarche qui vise sans doute à calmer le climat de tension qui sévit en Egypte. Pour le coordinateur du mouvement du 6 Avril, Amr Ali, la police se préoccupe de disperser les manifestations alors qu’elle est incapable d’assurer sa propre sécurité. Selon lui, le retour de la stabilité passe par trois choses sans lesquelles il sera difficile d’aller de l’avant dans la feuille de route. « Le gouvernement doit s’engager dans une démarche de règlements incluant les Frères musulmans pour mettre fin à la polarisation au sein de la société. Il doit en outre trouver des solutions aux problèmes économiques et sociaux des Egyptiens pour éviter que leurs souffrances soient instrumentalisées. Il doit enfin se défaire de la politique et se mettre à égale distance des différents partis en conflit », affirme Ali. Une approche favorisée également par le parti salafiste Al-Nour qui prône une solution politique et dénonce l’inefficacité du gouvernement. « Le gouvernement opère de manière purement traditionnelle. La solution sécuritaire est insuffisante pour faire face au terrorisme car la crise est politique en premier lieu. Le gouvernement ou une autre partie doit présenter une initiative politique à laquelle tout le monde doit adhérer et faire des concessions », suggère le secrétaire général adjoint du parti salafiste Al-Nour, Chaabane Abdel-Alim.
Lien court: