Ces idées ont été prononcées par le président français, Emmanuel Macron, (47 ans) et sont présentées dans son livre intitulé Révolution, paru en 2016. Beaucoup considèrent ce livre comme le manifeste qu’il a présenté aux Français lorsqu’il a décidé de se lancer dans la présidentielle de novembre 2016. Macron a porté ce manifeste avec les idées qui y sont développées et s’est impliqué dans le mouvement de protestation citoyenne populaire, qui connaissait une montée et était mené par des mouvements en dehors des organisations politiques, partisanes et syndicales traditionnelles. Parmi ces mouvements figuraient la grève aérienne, le « mardi noir » des chemins de fer, les gilets jaunes. Le mouvement macronien a adopté le slogan « Ensemble pour la République ».

Moins d’un an après la création du mouvement, Macron a remporté la présidentielle en mai 2017. Ce fut une secousse politique majeure, qualifiée ainsi par The Economist, d’autant plus qu’il avait obtenu plus de 65 % des voix des électeurs. Ces derniers ont vu dans son leadership un jeune espoir, surtout après les manifestations accompagnées de secousses sociales en 2005 et 2009.

Les Français espéraient que ce jeune président pourrait renouveler la France en établissant un partenariat avec les citoyens. D’autant plus que Macron insistait sur le fait que « notre projet commun qui nous réunit est la République qui se tisse autour de l’Etat ». Dans ce contexte, un livre sur les mouvements sociaux en France et en Europe, avec le cas français en particulier, a évoqué que Macron est parvenu à la présidence pour faire dépasser à la France l’ère de la Ve République, fondée par le général Charles de Gaulle (1890-1970), conformément à la Constitution d’octobre 1958. A ce propos, Macron a écrit dans son livre Révolution : « Nous devons faire accéder la France aujourd’hui au XXIe siècle. Tel est le défi que nous relevons. Nous sommes en retard. Une autre fois, nous avons attendu jusqu’en 2015 pour accéder au nouveau siècle, et ce fut un accouchement difficile. Et nous refusons toujours de le reconnaître ».

Il est pertinent de souligner dans ce contexte que Macron était engagé à reconstituer la citoyenneté et à restructurer les institutions pour parvenir « au grand changement qu’il souhaitait pour la France », pour reprendre ses mots. Ainsi, il a, à tout moment, répété que « ce grand changement que nous vivons représente un défi civilisationnel ». Pour cela, il ne fallait pas se contenter de reformuler un modèle préétabli, mais de redécouvrir la France. Macron a proposé deux approches aux citoyens français pour parvenir à ce grand changement : la première consistant en certains traitements radicaux et la seconde partant d’un changement des priorités dans la reformulation du modèle pour atteindre les rééquilibres fondamentaux requis.

Macron a cristallisé, sous l’intitulé « La France que nous voulons », un ensemble de conceptions et d’idées visant à concilier réussite et progrès tant sur les plans interne qu’externe. A cet égard, il a déclaré : « Si nous voulons réussir, nous devons établir la justice pour les plus faibles et préserver la place et le prestige de notre pays sur la scène internationale ». Macron a alors défini les moyens du grand changement : le partenariat basé sur la citoyenneté, les réformes du système éducatif et de l’industrie française par la recherche et l’innovation.

En résumé, Macron a sensibilisé les citoyens et s’est efforcé de créer une nouvelle force politique symbolisée par son célèbre slogan « Vers l’avant ». Il était parfaitement conscient qu’une division s’était opérée entre les conservateurs d’une part et les réformateurs progressistes de l’autre. Ainsi, il a forgé un nouveau courant dans la vie politique française appelé « macronisme ». Certains y ont vu un indicateur de passage au-delà de la Ve République.

Le paradoxe est que les années de présidence de Macron (2017-2024) ont été marquées par une persistance des troubles sociétaux. Sous Macron, les protestations contre des politiques et des législations injustes ont exacerbé les difficultés de vie de millions de citoyens en France. Les élections législatives de 2022 ont récemment révélé l’incapacité du macronisme à réaliser sa vision. Cela soulève de nombreuses questions non seulement sur l’avenir du macronisme, mais aussi sur la Ve République elle-même.