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Pourquoi les étudiants du Bangladesh manifestent-ils?

AFP , Mercredi, 17 juillet 2024

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Des manifestants anti-quota tiennent des pancartes lors d’une manifestation sur le campus de l’Université de Dhaka à Dhaka. Photo : AFP

Le Bangladesh a fermé l'ensemble des établissements scolaires du pays après la mort de six personnes au cours de manifestations visant l'abandon du système des quotas pour les postes de fonctionnaires les plus prestigieux. 

L'AFP explique pourquoi les étudiants du pays protestent et comment des semaines de manifestations ont dégénéré en affrontements violents:

- Quelles sont les règles du Bangladesh en matière de quotas d'emploi ? 

Le Bangladesh compte plus d'1,9 million de postes de fonctionnaires, selon un rapport publié en 2022 par le ministère de l'Administration.

Plus de la moitié des personnes recrutées pour ces postes ne sont pas sélectionnées en fonction de leur mérite, mais en vertu de règles de discrimination positive donnant la priorité aux femmes, aux personnes handicapées et aux habitants des régions les moins développées.

L'aspect le plus controversé de ce système de quotas est le fait que 30% des postes de fonctionnaires soient réservés aux enfants de ceux qui se sont battus pour obtenir l'indépendance du Bangladesh en 1971.

Ces règles avaient été introduites l'année suivante par le Premier ministre Sheikh Mujibur Rahman, qui avait mené vers l'indépendance le Bangladesh (auparavant partie du Pakistan). Il est le père de l'actuelle Première ministre Sheikh Hasina.

En 2018, des manifestations d'étudiants avaient conduit l'administration de Mme Hasina à réduire le système de quotas. Mais en juin dernier, la Haute Cour est revenue sur cette décision et a ordonné au gouvernement de réintroduire la catégorie des enfants des combattants pour l'indépendance.

Pourquoi les étudiants s'opposent-ils aux règles de quotas ? 

Le Bangladesh était l'un des pays les plus pauvres du monde lorsqu'il est devenu indépendant en 1971 avant de subir une terrible famine en 1974. Son économie a connu une croissance spectaculaire au cours des décennies suivantes, en grande partie grâce à une industrie textile florissante qui fournit les plus grandes marques internationales de la "fast fashion".

Mais le pays peine toujours à offrir suffisamment d'emplois à ses quelque 170 millions d'habitants alors que sa population ne cesse de croître.

Selon les statistiques du gouvernement datant de 2022, plus de 40% des Bangladais âgés de 15 à 24 ans étaient sans emploi, n'étudiaient pas et ne suivaient pas de formation, soit 18 millions de personnes.

Selon les économistes, la crise de l'emploi est particulièrement aiguë pour les millions de diplômés universitaires.

Les postes de fonctionnaires offrent une chance d'obtenir un emploi stable à vie, mais les étudiants affirment que le système de quotas est utilisé de manière abusive pour permettre à des partisans du parti au pouvoir, la Ligue Awami, d'occuper des postes de fonctionnaires. Ils souhaitent que le système ne s'applique plus qu'aux minorités ethniques et aux personnes handicapées, les 94% de postes restants étant attribués uniquement au mérite.

 Comment les manifestations se sont-elles déroulées ? 

Les manifestations ont débuté le 1er juillet par le blocage des principaux axes routiers et ferroviaires par des étudiants de grandes villes.

Elles se sont poursuivies presque tous les jours depuis, les lycéens se joignant également aux rassemblements, bien que la plus haute juridiction du Bangladesh ait suspendu le système des quotas le 10 juillet pour un mois et ait exhorté les manifestants à retourner en classe.

Dès le lendemain, la police a tenté de disperser les rassemblements, en tirant des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes, mais n'est pas parvenue à stopper les manifestations à Dacca.

Lundi, de violents affrontements ont éclaté entre les manifestants opposés au système des quotas et les étudiants appartenant à la Ligue Awami, faisant plus de 400 blessés dans deux universités de Dacca.

La répression policière et les affrontements entre groupes d'étudiants rivaux ont fait six morts mardi - dans des circonstances qui restent à établir - à Dacca, Chittagong (principal port du Bangladesh) et dans la ville septentrionale de Rangpur.

Comment le gouvernement a-t-il réagi ? 

La Première ministre Sheikh Hasina a condamné les manifestations et affirme que les étudiants "perdent leur temps", le système ayant déjà été suspendu.

Mardi, le ministère de l'Education a ordonné à toutes les écoles, universités et séminaires islamiques du pays de fermer leurs portes jusqu'à nouvel ordre, et déployé la force paramilitaire pour maintenir l'ordre dans plusieurs villes.

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