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Seifeddin Farag : Les investissements sont la clé du développement de la Côte-Nord

Ola Hamdi , Mercredi, 17 juillet 2024

L’ingénieur Seifeddin Farag, économiste urbain, explique les avantages et les défis du développement de la région de la Côte-Nord, sur la Méditerranée.

Seifeddin Farag

Al-Ahram Hebdo : Le projet de développement de la Côte-Nord, à l’ouest d’Alexandrie, fait partie du plan stratégique du développement urbain « Egypte 2052 ». Quelle est l’importance de cette région ?

Seifeddin Farag : L’idée de développer la Côte-Nord ne date pas d’hier ; elle remonte aux années 1980 avec l’ingénieur Hassaballah Al-Kafrawi, ministre du Logement à l’époque, qui s’est intéressé à cette région et a fondé Maraqiya en 1984, le premier des villages de villégiature, dans le but d’attirer une certaine classe de la société qui voyageait en Turquie, en Espagne et au Maroc. Après Maraqiya, c’est Marabella qui a été construite, puis Marina, dans les années 1980 et 1990. C’est la Banque de logement et de développement qui finançait ces projets. Récemment, la zone s’étendant de la route d’Alexandrie à Marsa Matrouh (ouest) fait partie intégrante du plan global du développement de la Côte-Nord. Son importance découle de la présence de ressources économiques et humaines exploitables. C’est pourquoi l’Etat a créé la ville d’Al-Alamein et a mis en place des services publics, ainsi qu’un nouveau réseau routier et des ponts qui desservent désormais la région allant d’Alexandrie à Marsa Matrouh. Le plan stratégique repose sur des fondements essentiels. Premièrement, l’infrastructure, pierre angulaire de tout développement urbain, se traduisant par une attention particulière portée aux routes, à l’assainissement, à l’électricité et à l’eau potable. Tout cela a été réalisé de 2014 jusqu’à aujourd’hui. Cette région vierge est ainsi devenue un centre attractif pour l’investissement immobilier local et international, que ce soit dans les villages de Hacienda, de Marassi ou dans d’autres villages touristiques de luxe. Deuxièmement, les services de santé, d’éducation, de sécurité, ainsi que les services sociaux et culturels, tous nécessaires à la durabilité de cette région, sont désormais disponibles. Tout cela favorise l’exploitation stratégique de cette région tout au long de l’année.

— Comment évaluez-vous la faisabilité de l’objectif de transformer la Côte-Nord en une région dynamique toute l’année ?

— Rendre la Côte-Nord une région dynamique tout au long de l’année, et pas seulement pendant l’été, est la clé du développement de cette région. L’idée a été évoquée à l’époque de l’ingénieur Ahmad Al-Maghrabi, ministre du Logement sous le gouvernement d’Ahmad Nazif. Le pays a alors commencé à étudier et à rechercher des moyens pour exploiter ce potentiel tout au long de l’année, rendant ainsi la région attractive pour les touristes arabes et étrangers et créant une base économique stable tout au long de l’année. Après la Révolution du 25 Janvier 2011, l’idée a été mise de côté, mais a été relancée après 2014, lorsque l’ingénieur Ibrahim Mehleb a pris la direction du ministère du Logement. De nouvelles études ont alors été entreprises dans l’optique d’un développement durable de cette région tout au long de l’année. Les investissements représentent le plus grand défi, mais sont également la clé pour atteindre cet objectif et générer des devises étrangères, ce qui est crucial pour l’économie nationale et constitue une valeur ajoutée en créant des offres d’emploi durant toute l’année.

— Quels sont les atouts et les défis pour que cette région devienne une zone d’attraction de la population ?

— Pour que cette région puisse absorber une partie de la croissance démographique, trois éléments fondamentaux sont nécessaires : premièrement, le logement. J’insiste ici sur la nécessité d’avoir des logements pour toutes les classes de la société, des classes modestes aux classes riches en passant par les classes moyennes. Deuxièmement, les services publics et troisièmement, les opportunités d’emploi. Ce triangle est essentiel pour une expansion horizontale ciblée, que l’Etat s’efforce actuellement de mettre en oeuvre. Par exemple, la région de Marsa Matrouh possède des terres propices à l’agriculture, des lieux favorables à l’installation de fermes piscicoles, ainsi que des ressources provenant de diverses mines, ce qui facilite l’établissement de nombreuses usines diversifiées. Cela ajoute une valeur à l’économie nationale et crée des offres d’emploi, contribuant ainsi à réduire le taux de chômage et à améliorer la qualité de vie des citoyens. En plus, la planification régionale repose sur l’idée de jumelage et d’intégration entre les villes d’Alexandrie, d’Al-Alamein, de la Côte-Nord et de Marsa Matrouh afin de devenir un axe stratégique. Cela permet de créer une diversité d’opportunités d’emploi dans la revitalisation des terres, l’industrie et les services.

— Comment évaluez-vous le terme d’« exportation immobilière » qui gagne du terrain, notamment dans la région côtière, que certains experts considèrent comme une ressource d’investissement ?

— L’exportation de biens immobiliers n’est pas un objectif en soi, mais plutôt une stratégie adoptée par des pays comme l’Espagne, la Turquie et les Emirats arabes unis. Ainsi, l’Egypte, possédant un grand nombre d’unités résidentielles, doit être attractive tant pour les Arabes que pour les étrangers. Un investisseur qui construit un village touristique génère des offres d’emploi pour les citoyens égyptiens et ajoute de la valeur à l’économie nationale. Il existe plusieurs exemples où l’idée d’exporter des biens immobiliers est bien implantée, comme à Dubaï. Tout acquéreur d’une unité résidentielle obtient une résidence permanente. Les pièges à éviter concernent les multinationales, mais nous disposons d’organismes de contrôle hautement qualifiés qui établissent des vérifications approfondies sur les propriétaires de ces multinationales avant qu’une acquisition foncière ne soit réalisée.

— Quels sont donc les défis ?

— Les défis résident dans la concurrence avec les pays voisins en matière de développement côtier, tels que la Turquie, l’Espagne, la Grèce, la Tunisie et le Maroc, ainsi que les Emirats arabes unis. Par exemple, la compétition est féroce avec la Turquie et la Grèce qui offrent des facilités très attractives. Nous devons aborder cette question de manière à ne pas compromettre la sécurité nationale.

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