Lorsque le Hamas a accepté la proposition égyptienne et qu’Israël a prétendu que le négociateur égyptien a changé ce qu’Israël avait accepté, l’Administration américaine n’a pas dit un mot bien qu’elle ait été au courant du mensonge israélien et elle s’est contentée de dire qu’il était possible de combler le fossé entre les deux parties. L’Administration américaine a accepté d’oeuvrer en tant qu’agent d’Israël. Le 31 mai dernier, le président américain a fait une proposition qu’il a dit être israélienne bien qu’Israël ne l’ait jamais officiellement adoptée. Puis, l’Administration américaine s’est précipitée de présenter la proposition au Conseil de sécurité qui l’a approuvée, prétendant encore une fois son acceptation par Israël. Or, durant la séance du Conseil de sécurité, la porte-parole israélienne a répété les déclarations de Netanyahu selon lesquelles la guerre ne s’arrêtera pas avant la fin du Hamas et la libération des otages. Le délégué israélien auprès des Nations-Unies s’est contenté de dire qu’Israël acceptait les grandes lignes de la proposition américaine. L’Administration américaine a continué à parler de la « colombe israélienne » qui a fait la proposition et qui a accepté la décision du Conseil de sécurité, alors que le Hamas « intransigeant » a émis une condition : des garanties sur l’arrêt permanent des attaques et le retrait israélien complet de Gaza.
Négocier pour gagner du temps est un jeu dans lequel Israël excelle depuis les négociations de Camp David en 1978 qui stipulaient une autonomie pour les Palestiniens, une autonomie qui n’a jamais été conclue jusqu’à aujourd’hui. Puis, il y a eu les accords d’Oslo en 1993 qui ont fixé un cadre de cinq ans pour un règlement final. Plus de 30 ans se sont écoulés sans que la question soit réglée et on est revenu à la case départ.
Netanyahu a donc reconnu ne pas avoir l’intention de stopper la guerre à Gaza, et le fait de son acceptation de l’accord n’était qu’une tactique pour récupérer encore plus d’otages, puis poursuivre la guerre pour mettre fin à la résistance. Il a ainsi donné un prétexte au Hamas pour qu’il tienne à sa position. En effet, pourquoi le Hamas se mettrait-il d’accord avec lui puisqu’il assure qu’il n’y aurait ni cessez-le-feu, ni retrait total, ni Autorité palestinienne qui gouvernerait à Gaza, ni Etat pour les Palestiniens ?
Netanyahu a répété plusieurs fois que la phase « intense » des combats était « sur le point de se terminer » et qu’il avait un plan pour une administration civile en coopération avec des civils palestiniens, bien qu’il ait précédemment échoué à le faire et que les Gazaouis aient refusé son plan.
Même s’il trouve un Palestinien qui accepte de mettre sa main dans celle d’un criminel de guerre, il ne pourra jamais exercer un pouvoir réel étant une force d’occupation, et l’histoire le prouve.
Netanyahu s’est tourné vers le nord et a déclaré qu’il ne laisserait pas la situation inchangée et que des préparatifs étaient en cours, mais qu’il ne pouvait pas alors parler de détails. Il a également déclaré qu’il ne connaissait pas les objectifs du Hezbollah et qu’il était prêt au pire des éventualités, ajoutant que l’éloignement du Hezbollah et son élimination réelle n’auraient pas lieu à travers des accords, mais qu’il fallait stopper les attaques du Hezbollah sur le nord et ramener les habitants de cette région chez eux.
La confiance avec laquelle Netanyahu parle est remarquable, alors que neuf mois de guerre se sont écoulés à Gaza sans qu’il réussisse à réaliser l’un de ses deux objectifs stratégiques : mettre fin au Hamas et récupérer les otages. Quand Netanyahu dit que la phase « intense » des combats est « sur le point de se terminer » à Gaza, on se rappelle ses déclarations sur la « purification » du nord, du centre et du sud et qu’il ne reste que peu de résistance à Rafah. La vérité est que la résistance se trouve partout et reste capable d’asséner à Israël des frappes douloureuses. Ceci nous rappelle aussi les communiqués qui, depuis des mois, se réjouissent d’avoir déterminé la place de Yahya Sinwar, chef de l’aile militaire du Hamas, en disant qu’il allait « être arrêté en l’espace de quelques jours ».
Chez Netanyahu, il y a une confusion entre la réalité et l’illusion. Même s’il réussit dans ses plans, l’Histoire nous dit que cette réussite sera provisoire et sera suivie de beaucoup de résistance.
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