Al-Ahram Hebdo : Pensez-vous que le référendum se tiendra dans des conditions optimales ?
Mohamed Zare : Il faut attendre que les deux journées soient complètement terminées pour pouvoir juger. Mais si le processus de vote se déroule conformément à la loi, les choses devront bien se passer.
— On parle de craintes concernant la transparence de ce processus …
— Les craintes sont nombreuses. Le déroulement du référendum est différent des élections. Lors de la présidentielle ou des législatives, les candidats ont des représentants dans chaque bureau de vote, pour surveiller le processus dans l’intérêt de leurs candidats, ce qui garantit plus ou moins une transparence lors du vote et du dépouillement. Mais lors d’un référendum, ces garanties sont beaucoup plus faibles. On compte surtout sur les juges et sur la surveillance lors du dépouillement.
— Qu’est-ce qui pose le plus problème ?
— Les craintes sont liées de manière directe à l’amendement de la loi sur les droits politiques qui permet désormais aux électeurs de voter dans n’importe quelle circonscription. Ceci pourrait provoquer d’éventuelles fraudes. C’est une vraie catastrophe. Avec une loi pareille, l’électeur, qu’il soit pour ou contre la Constitution, pourra facilement voter plus d’une fois dans différents bureaux. Nous avons appelé, à ce que le vote se fasse électroniquement, afin que l’opération soit immédiatement enregistrée sur tous les réseaux au même moment, ce qui empêcherait le vote d’un électeur plus d’une fois. Mais avec la méthode actuelle, on ne peut découvrir de telle fraude que s’il y a une plainte directe, ou par hasard.
— Quelles sont les autres garanties absentes ?
— Ce sont plutôt des points négatifs liés au manque d’organisation. Les observateurs de la société civile n’ont pas reçu les autorisations pour la surveillance du référendum à temps. Ceci a un impact direct sur la distribution des observateurs dans les gouvernorats, ce qui provoque un désordre et une perturbation.
— Le dépouillement ne suscite-t-il pas votre inquiétude ?
— Non, car le dépouillement se fera dans les bureaux de vote secondaires. On a toujours été exposé aux plus grandes opérations de fraude lors du déplacement des urnes des bureaux secondaires vers les bureaux principaux. Les urnes étaient échangées en route. Le dépouillement sur place est une garantie de transparence. Il est vrai qu’il y a eu une volonté d’empêcher les observateurs et les médias de participer au décompte. Mais suite à des négociations, il leur est permis d’y participer.
— Mais certaines ONG, dont celles des Frères, ont été empêchées de surveiller le scrutin ...
— Je suis tout à fait contre cela. La décision du ministère de la Solidarité sociale concernant l’interdiction imposée à certaines ONG dépendant de la confrérie de surveiller le référendum est une ingérence dans les activités et les droits de toutes les ONG. Au contraire, je crois que leur présence aurait été le plus grand indice de transparence.
Je suis aussi contre la classification d’organisations « avec ou contre » les Frères ou l’Etat. Toutes les organisations doivent être neutres dans leur travail de supervision. Et si, lors du processus électoral, celles-ci interviennent ou pratiquent une activité politique, la Haute Commission des élections aura tous les droits de les suspendre à travers la justice et non pas à travers une décision administrative.
— En quoi ce référendum diffère-t-il des précédents ?
— La différence est plutôt politique que juridique. Je parle de la tension politique et sociale qui domine la rue. Depuis le 25 janvier 2011, nous n’avons absolument rien réalisé : ni liberté, ni justice. Nous sommes toujours à la recherche de ces droits. Les Egyptiens ont un besoin de voir se reconstruire les institutions de l’Etat. Ainsi, bien qu’ayant certaines réserves sur des articles de la Constitution, je fais partie de ce camp qui votera « Oui », pour faire au moins un pas en avant.
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