L’Union des écrivains d’Egypte a tenu une assemblée générale extraordinaire au cours de laquelle elle avait mis dans son agenda une seule clause, celle de retirer la confiance au président de la République, Mohamad Morsi. Les intellectuels avaient entamé leur sit-in au sein du ministère de la Culture sous le slogan « Non au ministre qui a été imposé par le fascisme religieux qui gouverne ». Nous étions tous des écrivains parmi des centaines d’autres ayant participé à ce sit-in historique. J’avais senti que la bataille que nous menions n’était pas contre l’autre, cette personne nommée ministre de la Culture par le gouvernement des Frères qui, en l’occurrence, pouvait être destitué sous la pression populaire. Cela m’a amené à consulter les membres de l’Union des écrivains et nous avions décidé de poursuivre la bataille pour faire face au président même, issu des Frères musulmans.
La justesse de notre position a été confirmée lorsque j'ai été surpris de voir que l’assemblée générale, qui est la plus haute autorité dans toute formation syndicale, a atteint le quorum auquel nous avions appelé quelques jours auparavant. Les membres du syndicat savaient très bien que le fait d’atteindre le quorum par l'assemblée générale dès le premier tour n’est pas une chose habituelle.
Tous les grands symboles littéraires avaient signé présent : Gaber Asfour, Gamal Al-Ghitany, Bahaa Taher, Emad Abou-Ghazi, Fathiya Al-Assal, Ibrahim Abou-Senna, Nawal Al-Saadawy, Ibrahim Abdel-Méguid, Abdel-Wahab Al-Aswani, Salwa Bakr, Youssef Al-Qaïd, Fouad Qandil, entre autres. Nous avions proposé à l’assistance un projet de communiqué au nom des écrivains d’Egypte pour retirer la confiance au président de la confrérie, arrêter sa Constitution et appeler à une nouvelle Constitution et une nouvelle présidentielle. Des appels qui ont été plus tard acceptés dans le cadre de ce qui a été appelé la « feuille de route ». Ce communiqué avait été approuvé à une majorité écrasante. Rapidement, les agences de presse mondiales ont transmis la nouvelle selon laquelle les écrivains d’Egypte, qui représentent la conscience du peuple, ont retiré la confiance au président. Les communiqués de soutien se sont multipliés et le premier était celui émanant du mouvement « Tamarod ». Son comité central avait écrit : « Au nom des millions d’Egyptiens qui ont signé les actes de Tamarod, nous exprimons toute notre estime aux écrivains d’Egypte pour leur position nationaliste et leur soutien à ces décisions légitimes ». Quelques jours après, le syndicat général des Professions sociales a emboité le pas à l’Union des écrivains. Quelques jours plus tard, le peuple a suivi la voie de l’union et a retiré la confiance au régime des Frères dans son ensemble.
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