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De Gaza au Sud-Liban, le branle-bas continue

Maha Salem , Jeudi, 04 juillet 2024

La situation reste à haut risque tant à Gaza qu’à la frontière entre Israël et le Liban. L’hypothèse d’une trêve à Gaza s’éloigne, celle d’une guerre avec le Hezbollah approche.

De Gaza au Sud-Liban, le branle-bas continue
L’espoir d’une trêve s’amenuise à Gaza, les craintes d’un embrasement augmentent au Sud-Liban. (Photo : AFP)

Rien ne laisse présager une fin prochaine de la guerre à Gaza. Alors qu’elle est entrée dans son 9e mois, elle se poursuit sans relâche, avec des bombardements israéliens continus « partout dans la bande de Gaza », comme l’a déclaré dimanche 30 juin le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, devant son cabinet de guerre. « C’est un combat difficile que nous menons au sol, parfois au corps-à-corps, et aussi sous terre », a-t-il dit. Bien qu’il ait annoncé la semaine dernière la fin des opérations intenses dans la bande de Gaza, il a décidé de poursuivre la guerre jusqu’à « la défaite totale du Hamas et la libération de tous les otages ».

Pendant ce temps, le plan présenté fin mai par le président américain, Joe Biden, prévoyant un cessez-le-feu et un échange de détenus est resté lettre morte face aux exigences inconciliables des deux camps. Depuis, les négociations sont bloquées. Selon le site américain Axios, l’Administration américaine a présenté une « nouvelle version » comportant des amendements de « certaines clauses (...) dans le but de combler le fossé qui les sépare et de parvenir à un accord ». Mais un haut responsable du Hamas basé à Beyrouth, Oussama Hamdane, a indiqué samedi 29 juin que les discussions n’avaient mené à aucune avancée et qu’une dernière proposition reçue par son mouvement le 24 juin n’apportait « rien de nouveau ».

« Pour Netanyahu, c’est une question de vie ou de mort. La poursuite de la guerre est la seule garantie pour qu’il garde son poste et qu’il ne soit pas jugé et incarcéré », explique Dr Saïd Okasha, spécialiste des affaires israéliennes au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, tout en ajoutant que Netanyahu veut élargir la guerre au front nord pour cette même raison. « Tant que les menaces d’un conflit élargi secouent Israël, le cabinet de la guerre demeurera en charge, d’autant que les manifestations appelant au départ de Netanyahu s’intensifient », dit-il.

Echanges de tirs et de menaces

Tout porte donc à croire que les échanges de tirs entre le Hezbollah et Israël passeront à un conflit ouvert avec le Liban. Le ministre israélien de la Défense n’a pas hésité à menacer de ramener le Liban « à l’âge de pierre », tout en affirmant que son pays ne voulait pas la guerre mais qu’il « se préparait à tout scénario ». Quant au Hezbollah, il a lui aussi haussé le ton. Et sur le terrain, le mouvement a annoncé cette semaine avoir lancé deux attaques sur des positions militaires israéliennes près de la frontière, alors qu’Israël continue de cibler des combattants et des responsables du mouvement libanais. Ce qui inquiète les Etats-Unis, l’éternel allié d’Israël, mais aussi la France et l’ONU, qui ont mis en garde contre les risques d’une « guerre régionale ».

Cependant, selon Okasha, « Israël ne peut pas lancer une offensive au Liban actuellement, en tout cas, pas avant le Sommet de l’OTAN qui aura lieu à la mi-juillet. Netanyahu tentera à cette occasion d’obtenir l’accord des Américains pour son offensive ». Et de conclure : « La guerre avec le Hezbollah risque d’entraîner toute la région dans un conflit élargi, car les milices chiites en Iraq et en Syrie rejoindront le mouvement libanais. L’Iran soutiendra ces milices, qui sont déjà ses alliés. Les Houthis augmenteront leurs attaques en mer Rouge. Israël pourrait même cibler certaines positions iraniennes et l’Iran pourrait répondre. Tout cela comporte des risques majeurs d’embrasement ».

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