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Des dessins qui racontent l’Egypte

Névine Lameï , Jeudi, 04 juillet 2024

Illustrated Tales of the Egyptian Sixties est un ouvrage qui rassemble des oeuvres du plasticien et dessinateur de presse Gamal Kamel. Un retour en images à l’Egypte des années 1950 et 1960.

Des dessins qui racontent l’Egypte

Récemment publié par l’Ecole d’arts visuels et de gestion créative de l’Université ESLSCA, en Egypte, le livre Illustrated Tales of the Egyptian Sixties (contes illustrés des années 1960 en Egypte) rassemble une énorme collection de sketchs et de dessins en noir et blanc, notamment au fusain et à l’encre sur papier, créés par le grand artiste plasticien et dessinateur de presse le défunt Gamal Kamel (1926-1986). Datant de la fin des années 1950 jusqu’à la fin des années 1960, les oeuvres choisies pour ce livre-mémorial sont celles produites par Gamal Kamel pendant son travail de dessinateur de presse au magazine Rose Al- Youssef. Ces oeuvres ayant marqué pour des années les pages de Rose Al-Youssef et ses couvertures hebdomadaires portaient le titre Lohat Al-Osboue (tableaux de la semaine).

Monté d’une belle couverture agréable à l’oeil, le livre de Gamal Kamel au grand format renferme 175 pages. Le titre, Illustrated Tales of the Egyptian Sixties, est gravé en lettres d’or sur sa couverture optant pour la couleur bleu marine, une couleur formelle et élégante. Ce qui va de pair avec la personne de Gamal Kamel, une figure éminente de l’art égyptien du XXe siècle.

« Gamal Kamel se distingue par son talent artistique exceptionnel et son approche polyvalente usant progressivement de divers médiums, techniques et idées ». C’est ainsi qu’ESLSCA décrit Gamal Kamel dès la première page du livre qui capte son lecteur et mise sur sa curiosité.

Né à Assiout, en Haute- Egypte, Gamal Kamel, doué pour le dessin, a passé son enfance et sa jeunesse à Béni- Soueif. Il se déplace ensuite au Caire et étudie à la faculté des beaux-arts dont il est ensuite couronné d’un diplôme en 1948. Kamel est le disciple des grands Ahmad Sabry et Youssef Kamel. Son travail de dessinateur de presse a été lancé à Dar Al-Hilal, puis à Rosa Al-Youssef en 1950.

« ESLSCA est animée par la conviction que la narration à travers l’art est de la plus haute importance. Ce livre que vous tenez entre vos mains témoigne de cette conviction, celle de montrer comment l’histoire d’un pays peut être puissamment transmise à travers le langage artistique ». Tel est l’objectif de l’université en publiant cet ouvrage.

Il s’agit d’un héritage culturel de celui qui a su scruter son temps. « Au XXe siècle, notamment à la fin des années 1950 jusqu’à la fin des années 1960, la société égyptienne a connu de nombreuses fluctuations qui ont eu des répercussions sur tous les aspects de la vie. Ces changements de sens opposés se reflétaient clairement sur l’art et la culture entre autres domaines. Les Tableaux de la semaine de Gamal Kamel, suivant la méthode des observations instantanées, lui ont permis d’évaluer comme de suivre la nature de la société égyptienne de son temps et son évolution », ajoute l’équipe éditoriale d’ESLSCA.

Sur les traces de Rembrandt

Féru du peintre et graveur néerlandais Rembrandt, Gamal Kamel aborde dans ses « Tableaux de la semaine » un jeu de contraste entre le lisse et le rigoureux, la lumière et l’obscurité. Et ce, à la même manière de son idole Rembrandt, avec un large éventail de styles et de sujets divisés dans leur classement en sept thèmes. A savoir événements historiques, festivités, femme, tranche de vie, professions, us et coutumes et vie conjugale. Citons à titre d’exemple parmi les sketchs et dessins publiés : Une Palestine qui saigne, L’Egypte se lèvera toujours, Le haut barrage, Analphabétisme, Marchands de rumeurs, Union socialiste, Séparatisme, Union pour la paix, Trafic routier, Sérénité du jeûne, Coût de la vie, Cham Al-Nessim, Feux du mouled, Le Kaak, Réduction finale, Hawaa ou la femme, Vacances d’été, Femme de foyer, Un match de foot, Le patron et l’employé, Marchand de légumes, Boîtes de nuit, Chaos, La rue, Elégance vestimentaire, L’élite, Danseuse de ventre : Carioca, L’effendi, Ramsès III … Gamal Kamel favorise le concept d’un art typiquement égyptien. Un art en étroit rapport avec le caractère et l’esprit national.

Miroirs vifs de la société égyptienne de la fin des années 1950 et des années 1960, Lohat Al- Osboue accentuent des portraits, des scènes de genre, d’autres allégoriques et historiques des événements politiques, sociaux, artistiques ... Les dessins de Kamel sont intenses et vivants. Pour ce dessinateur, peu importe de refléter la beauté ou la richesse. Il s’intéresse plutôt à montrer la compassion et l’humanité. Et ce, non sans un doux humour et un sarcasme brillamment ressortis dans l’expression de ses personnages, parfois indigents ou usés et affaiblis par l’âge.

La dernière page du livre fait référence à un témoignage écrit un jour par l’égyptologue égyptien Kamal Al-Malakh à son ami le dessinateur et peintre : « Gamal Kamel jouit du pouvoir de l’observation, celui d’un témoin de son temps. La beauté exceptionnelle de son art réside dans la simplicité de ses lignes et de sa philosophie, nées de contrastes et de paradoxes ».

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