La résolution souligne l’importance de mettre fin aux combats, de reprendre les négociations entre les deux belligérants, de protéger les civils conformément aux accords de Djeddah et de Manama, de s’abstenir de toute violation à l’encontre des civils, des infrastructures et des hôpitaux et de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire.
La résolution porte sur la guerre dans tout le Soudan, en accordant une attention particulière à la ville d’El-Fasher en raison des conditions catastrophiques dans lesquelles vivent ses habitants, ainsi que les déplacés venus d’autres villes de l’ouest ou du centre du Darfour, cherchant sécurité et assistance en vain. Les habitants et les déplacés endurent une tragédie à tous les niveaux. Les affrontements continuent entre l’armée soudanaise et les militants des FSR, causant des centaines de morts, tandis que le dernier hôpital de la ville a cessé de fonctionner après la destruction de ses bâtiments. La ville revêt une importance stratégique pour les deux camps en raison de sa position au nord, qui constitue un axe majeur pour l’aide humanitaire. C’est également le dernier bastion de l’armée dans la région du Darfour, après que les FSR ont pris le contrôle des quatre autres, aspirant à s’emparer de ce dernier bastion pour exercer leur contrôle sur toute la région et déclarer l’indépendance du Darfour, échappant à l’influence du gouvernement central dirigé par le Conseil de souveraineté.
L’indépendance de la région est l’un des principaux objectifs des FSR, bien que celui-ci n’ait pas été explicitement déclaré. La région possède une vaste superficie et une variété de ressources naturelles, principalement l’or, dont les mines sont contrôlées par la famille Daglo, dirigée par Hemedti, chef du mouvement rebelle. De nombreuses tribus alliées aux FSR voient dans l’indépendance une issue à la guerre et une correction des injustices historiques. Les dirigeants du mouvement n’ont pas publiquement déclaré cet objectif pour ne pas compromettre leur prétention de lutter contre les islamistes, restes du régime de Béchir. Cela confirmerait leur rébellion contre l’Etat soudanais et son intégrité territoriale. Il y a une semaine, les FSR ont annoncé la formation d’un gouvernement local civil dans l’Etat du Darfour du Sud, similaire aux administrations civiles des Etats de Khartoum, de Guézira et de plusieurs villes du Darfour, qu’elles contrôlent, justifiant ces mesures au nom d’une gouvernance fédérale permettant aux habitants de gérer leurs affaires quotidiennes, tandis que les FSR assurent la sécurité et la stabilité.
La contradiction apparaît ici sous sa forme la plus tragique, car toutes les régions où passent les FSR vivent des tragédies humaines et des violations flagrantes des droits de l’homme, allant jusqu’au génocide de certaines composantes tribales, telles que les Masalit et les Zariqat, hostiles à la famille Daglo qu’elles tiennent pour responsable de la situation catastrophique de tout le Soudan. Des rapports des Nations-Unies, d’Amnesty International, de diverses organisations humanitaires et du Bureau du procureur de la Cour pénale internationale font état des atrocités commises par les FSR, telles que les vols, les pillages des biens, les viols et les violations visant à humilier et stigmatiser les composantes tribales. Ces rapports relatent des histoires choquantes qui révèlent le niveau d’immoralité des membres des FSR. Dans une vidéo publiée sur un site Internet puis retirée, un commandant des FSR en uniforme militaire déclare clairement que le viol des femmes est fait systématiquement dans le but de se venger. Cela suscite une profonde réprobation envers les FSR qui prétendent pourtant se soucier de la vie des gens et mener la guerre en leur nom.
Ce qui se passe à El-Fasher, y compris l’impossibilité d’acheminer l’aide humanitaire, incarne une image inquiétante d’une guerre absurde dans tous ses aspects. Une guerre qui a déjà coûté la vie à plus de 200 000 personnes et déplacé plus de 17 millions de Soudanais vers des régions qui ne sont guère plus sûres que celles qu’ils ont quittées, sans oublier les huit millions de Soudanais qui ont fui vers des pays voisins. « Les bombardements sont omniprésents, les enlèvements et les meurtres aléatoires sont devenus monnaie courante, et personne ne semble se soucier des êtres humains », déclare une femme qui a été victime de graves violations perpétrées par des membres des FSR.
En même temps, les tentatives des forces civiles représentées par la « Coordination des forces civiles » et les partis historiques soudanais pour mettre fin à la guerre paraissent dénuées d’influence, semblant n’être que des opérations de relations publiques. Le recours des deux belligérants à des forces extérieures pour obtenir plus d’armes et de munitions, espérant une victoire décisive sur l’autre partie, ainsi que le manque d’espoir en une solution globale et la faiblesse du rôle des organisations internationales, y compris le Conseil de sécurité dont les résolutions ont perdu toute efficacité, tant au Soudan qu’ailleurs, montrent que le Soudan est sur une voie dangereuse et que les souffrances de son peuple, à l’intérieur comme à l’extérieur, n’ont pas de remède.
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