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A chacun sa « succes story »

Dina Kabil , Mercredi, 26 juin 2024

Entre le modèle de la réussite offert par la société, celui des stars du business, du sport ou des arts, et celui des personnes ordinaires qui ne veulent rien de plus que réussir leur plan de vie, les définitions de la réussite restent très variables.

A chacun sa « succes story »

« Obtenir un succès, en particulier réaliser ses ambitions ». Voici la définition du mot « réussir » dans le dictionnaire. Mais ce n’est pas aussi simple que cela, parce que dès notre enfance, on est tout le temps hanté par de multiples défis : réussir son examen, réussir dans une compétition, réussir sa vie professionnelle et ainsi de suite. On est encerclé par une série de superlatifs pour être le meilleur dans le domaine choisi, ou pour aboutir à un modèle de réussite préétablie. Au fond réussir, c’est quoi ?

La réussite, c’est dans la tête. Au-delà de la réussite sociale centrée sur l’argent et le prestige auquel on accède, « c’est un état d’esprit qui provient de soi-même, c’est un parcours personnel », comme l’explique Moushira Anter, life coach, expliquant que chaque individu possède sa propre définition de la réussite en fonction de l’objectif qu’il se pose ; cela dit, il considère qu’il réussira s’il arrive à réaliser le plan qu’il s’est fixé. « Cela n’est pas nécessairement matériel. Personnellement, je ne considère pas l’argent comme critère de réussite. Si l’un de mes clients le vise comme objectif, j’essaie de discuter avec lui sur le pourquoi de l’argent pour accomplir quel rêve, parce que l’argent en tant que tel n’est pas un objectif », dit-elle.

Contre l’idée du modèle posé par la société, Moushira Anter insiste que la réussite, tout comme le bonheur, est un processus subjectif et personnel. « Nous avons tendance dans nos sociétés arabes à suivre la collectivité et attaquer les voix solitaires qui se veulent originales ». Selon Anter, la réussite ne peut pas être évaluée selon le modèle posé par la société, parce que tout simplement, la société n’est pas une entité fixe constante, mais elle passe par des phases de conscience différentes.

Un concept en évolution

C’est pourquoi l’idée du « modèle de réussite » a dramatiquement changé d’une époque à l’autre. Dans une Egypte socialiste des années 1950 et 60, c’était le haut fonctionnaire qui a étudié en Europe et qui se vante de son prestige et de son rang dans la société. Avec l’ouverture économique des années 1970, c’est le début du tournant vers la société de consommation : la personne à succès est évaluée en fonction de sa possession d’argent, quelle que soit son éducation. Aujourd’hui, avec l’élan de modernisation, le fossé s’aggrave entre les générations : l’ancienne génération qui tourne en rond, ne se posant pas de question sur le bonheur et le plaisir. « Le travail c’est le travail, et depuis quand on se plaît à bosser ?! ».

Tandis qu’à son extrême opposé, les nouvelles générations d’entrepreneuriat et de startups ne sacralisent pas le travail de la même manière. La jeunesse veut réaliser son succès professionnel, mais en même temps avoir du plaisir dans le travail. « C’est peut-être ce qui explique, parmi la jeune génération, le phénomène de se déplacer d’un boulot à l’autre tous les deux ans. On veut trouver du plaisir dans ce qu’on fait, ce n’est pas une mission mécanique à accomplir », explique Moushira, qui a donné nombre d’ateliers à de jeunes entrepreneurs.

En contrepartie, il existe des personnes qui ont réussi dans leur vie, mais sont trop ancrées dans la négativité, gisant sous une montagne de frustrations, à tel point qu’elles ne se rendent pas compte que leur vie est parsemée de succès.

Moushira Anter affirme que « nous, les êtres humains, sommes responsables de notre devenir. Loin d’être victime, c’est à nous que nous devons notre état d’âme ». La life coach appartient à cette lignée de pensée qui croit tout simplement qu’en adoptant une attitude plus positive, je convoque la positivité et réussis à paver le chemin vers le succès ; tandis que si l’on est noyé dans la frustration, on convoque mécaniquement l’ambiance négative qui trouble sa pensée et entrave toute réalisation de soi.

Se connaître pour fixer ses priorités

Que faire ? Moushira Anter insiste sur le fait qu’il n’existe pas de recette qui convient à tout le monde. Mais puisque la réussite individuelle est déterminée par la personne, il importe donc de se parler soi-même. Le premier pas est de capter la négativité dans son discours, d’essayer de plonger au fond de soi, écouter sa voix intérieure, pour ensuite énumérer les gratitudes dans la vie. On remplace ainsi le discours négatif par celui positif qui prendra plus d’espace dans sa tête. Chacune des réussites mérite d’être valorisée parce qu’il n’existe pas de petits succès. Chaque succès correspond à un parcours jalonné d’embûches, et il est tout à fait normal de chuter.

L’échec, un pas vers la réussite

Quel est le contraire de réussir ? Non, ce n’est pas échouer. Au lieu de se laisser abattre, l’important serait de comprendre les raisons de son échec et à le considérer comme une expérience enrichissante. La life coach Moushira Anter va jusqu’à refuser catégoriquement le mot échec. « Cela ne veut rien dire parce que les expériences de la vie ne peuvent pas réussir dès la première fois, ce sont des tentatives interminables pour réussir ». Et d’ajouter : « Edison, qui a inventé la lampe électrique, a expérimenté plus de 100 fois avant que la dernière tentative ne réussisse ». Son raisonnement est simple, il consiste à être moins brusque devant soi-même. Cela dit, avant de se juger et de s’autoévaluer, il fallait regarder l’apprentissage, ce que l’on attire de chaque expérience, inconsciemment même. Nombreux sont les slogans que l’on rencontre dans la vie sans véritablement s’en rendre compte : « Chaque succès correspond à un parcours jalonné d’embûches et il est tout à fait normal de chuter ». « Savoir échouer, finalement, c’est peut-être bien la clé de la réussite ». « Pour savoir quelles erreurs éviter, il n’existe de meilleure méthode que de les commettre … ».

La devise secrète de Moushira Anter à laquelle elle revient incessamment : il est question du parcours même et non de la destination. Ainsi, « réussite » sera synonyme d’expérience et d’apprentissage dans la vie.

 

 10 clés pour réussir

1. Faire un plan.

2. Se préparer à l’imprévu.

3. Se concentrer sur ses objectifs.

4. Encourager les bonnes habitudes.

5. Apprendre de vos erreurs.

6. Essayer une autre approche.

7. Prendre des risques intelligents.

8. Apprendre auprès de professionnels.

9. Maîtriser l’art de dire non.

10. Investir dans les relations.

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