Choguel Kokalla Maïga a été nommé Premier ministre malien nommé par les militaires au pouvoir. Photo : AFP
Le mouvement du Premier ministre civil malien Choguel Kokalla Maïga, nommé par la junte, a critiqué ouvertement les colonels au pouvoir pour la première fois vendredi.
Le M5-RFP s'oppose fermement dans un communiqué à un éventuel maintien des colonels au pouvoir plusieurs années supplémentaires, à leur promotion au rang de général et à l'ouverture d'un dialogue avec les jihadistes. Ces propositions sont des recommandations issues de récentes consultations nationales organisées par la junte qui a signalé son intention de les mettre en oeuvre.
Le M5-RFP (Mouvement du 5 juin - Rassemblement des forces patriotiques) parle de recommandations "tendancieuses" qui "ont heurté l'opinion".
L'AFP n'a pas été en mesure de confirmer que Choguel Kokalla Maïga endossait ce communiqué. Le M5-RFP est un mouvement divisé en factions antagonistes. Boubacar Traoré, qui a signé le communiqué, a assuré à l'AFP que le texte émanait bien de la faction fidèle à Choguel Kokalla Maïga.
Ce dernier ne s'est pas exprimé publiquement.
Les spéculations ont cours depuis des mois sur son remplacement.
M. Maïga passe pour isolé, avec une capacité d'action limitée. Le pouvoir est concentré entre les mains des colonels qui l'ont pris par la force en 2020 et l'ont consolidé par un second putsch en 2021. M. Maïga, doté d'une longue expérience politique, a été nommé à la tête du gouvernement à la suite de ce deuxième coup d'Etat.
Le communiqué de vendredi parle de "pacte" que civils et militaires auraient alors passé. Il évoque sa "rupture" avec le remplacement en 2023 de presque tous les ministres du M5-RFP, "sans consultation" avec M. Maïga.
"Plusieurs questions majeures de la gestion gouvernementale ont été traitées sans y associer le chef du gouvernement", ajoute le texte. Il cite la gestion des graves pénuries d'électricité qui plombent l'activité du pays et le report des élections prévues en février.
Les militaires s'étaient engagés sous la pression de la Communauté des Etats ouest-africains à rendre le pouvoir aux civils après ces élections. Ils ont manqué à cette parole et aucune nouvelle échéance n'est aujourd'hui à l'horizon.
Le communiqué dénonce "des arrestations et détentions extrajudiciaires, notamment de membres du M5-RFP".
La junte a suspendu les activités des partis politiques et dissous plusieurs mouvements critiques à son égard. Opposants, journalistes et défenseurs des droits humains ont été largement réduits au silence.
Le Mali est plongé depuis 2012 dans une crise sécuritaire et politique profonde nourrie par le jihadisme, les violences des groupes armés et les revendications indépendantistes au nord.
Le M5-RFP avait mené en 2020 la mobilisation contre le président civil Ibrahim Boubacar Keïta, avant qu'il soit renversé par un coup d'Etat la même année. Le mouvement s'est depuis fracturé.
M. Maïga est devenu l'une des principales voix du régime. Il est l'un des chantres de la souveraineté nationale, un mantra du régime qui a rompu le partenariat avec la France, ancienne puissance coloniale, et s'est tourné vers la Russie.
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