Le juge Nawaf Salam, troisième à partir de la droite, ouvre les audiences à la Cour internationale de justice, à La Haye, Pays-Bas. Photo : AP
La Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction de l'ONU, a annoncé jeudi qu'elle se prononcera vendredi sur une requête de l'Afrique du Sud d'ordonner à Israël un cessez-le-feu à Gaza.
Pretoria souhaite que la cour ordonne à Israël de cesser "immédiatement" toutes les opérations militaires à Gaza, y compris à Rafah (sud), où Israël a lancé le 7 mai des opérations au sol en dépit de l'opposition de la communauté internationale.
"Une séance publique aura lieu à 15H00 (13H00 GMT) au Palais de la Paix, à La Haye", où siège la juridiction, a annoncé la CIJ dans un communiqué.
Les ordonnances de la juridiction, qui tranche les différends entre États, sont juridiquement contraignantes mais elle n'a aucun moyen de les faire respecter.
Une décision en faveur de Pretoria constituerait toutefois un nouveau revers judiciaire pour Israël après que le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan a demandé lundi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense, en même temps que contre trois dirigeants du Hamas, pour des crimes présumés commis dans la bande de Gaza et en Israël.
Depuis qu'Israël a pris le 7 mai le contrôle du côté palestinien du poste-frontière de Rafah avec l'Egypte, l'acheminement de l'aide humanitaire est quasiment à l'arrêt, notamment le carburant, indispensable aux hôpitaux et à la logistique humanitaire.
Avant son incursion au sol, l'armée israélienne avait ordonné des évacuations massives de Rafah où elle affirme vouloir détruire les derniers bataillons du Hamas, son réseau de tunnels, et sauver les otages.
Selon l'ONU, ces opérations ont provoqué le déplacement de 800.000 personnes, tandis qu'un million de Palestiniens à Gaza font face à des "niveaux de faim catastrophiques".
"Génocide"
L'Afrique du Sud demande des mesures urgentes en attendant la résolution sur le fond de l'affaire, l'accusation selon laquelle Israël viole la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948.
La CIJ, saisie fin décembre par l'Afrique du Sud, a ordonné en janvier à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza.
Mais elle n'est pas allée jusqu'à ordonner un cessez-le-feu. Or pour Pretoria, l'évolution de la situation sur le terrain - notamment à Rafah - nécessite une nouvelle ordonnance de la CIJ.
Pretoria, qui sollicite pour la quatrième fois la CIJ dans cette affaire, a déclaré lors d'audiences la semaine dernière que "le génocide" commis par Israël avait atteint un "niveau horrible", évoquant notamment des fosses communes, des actes de torture et un blocage de l'aide humanitaire.
L'opération israélienne à Rafah "est la dernière étape de la destruction de Gaza et de son peuple palestinien", avait déclaré Vaughan Lowe, un avocat de l'Afrique du Sud.
Israël avait le lendemain rétorqué devant les juges que l'affaire de "génocide" est "complètement déconnectée" de la réalité.
Gilad Noam, procureur général adjoint, avait argué qu'il n'y avait pas eu d'assaut "à grande échelle" à Rafah, mais "des opérations spécifiques et localisées, précédées d'efforts d'évacuation et de soutien aux activités humanitaires".
La vaste offensive lancée en riposte par Israël a ravagé la bande de Gaza, depuis le 7 octobre où au moins 35.709 personnes ont été tuées, majoritairement des civils.
* Article modifié par Ahraminfo
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