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Les champs dorés de Ménoufiya

Nada Al-Hagrassy , Mardi, 14 mai 2024

La saison de la récolte du blé a débuté tôt dans le gouvernorat de Ménoufiya. Celuici a pris une série de mesures pour augmenter le rendement des terrains. Reportage

Les champs dorés de Ménoufiya
(Photo : Ahmad Agamy)

Al-Amh Al-Leila Leilet Eido, ya Rab Tebarek we Tezido, ya Rab Tebarek ya Rab we Tezido (aujourd’hui c’est la fête du blé. Ô Seigneur bénissez-le et augmentez son rendement. Ô Seigneur). La voix du célèbre chanteur Mohamad Abdel-Wahab émane d’un vieux poste transistor affirmant que la saison de la moisson du blé est arrivée. En quittant la capitale étouffante pour se rendre au nord vers le gouvernorat de Ménoufiya, on va à la rencontre d’un mélange de modernité et de tradition. La modernité est manifeste dans les complexes d’usines dont le plus important est celui d’El-Araby, numéro 1 des appareils électroménagers en Egypte, ainsi que les usines de mobilier et leurs dépôts. Juste en face de ces édifices se trouve la campagne dans laquelle on distingue trois couleurs : La terre noire encore vierge, la terre cultivée en vert et les champs de blé en jaune. Dans les champs jaunes, des tas de blé sont entassés un peu partout en attendant que les grains soient séparés des tiges. A première vue, on constate que le jaune et le noir sont les deux couleurs dominantes à la campagne à Ménoufiya. Ici, 95 000 feddans sont cultivés en blé (1 feddan = 4 200 m2). Une superficie plus grande que celles des autres gouvernorats. Avant d’arriver à Qoweisna, l’un des fiefs de la culture du blé à Ménoufiya, on passe par le village exemplaire de Kafr Wahab, développé grâce aux efforts personnels de ses habitants et qui a été inclus sur la liste de l’UNESCO comme le village exemplaire de la campagne égyptienne. Le village est propre, ses terres sont cultivées et il possède un taux d’analphabétisme zéro. On arrive ensuite à l’agglomération de Chamendil. Là, on voit des étendues de jaune, vert et noir. Les champs sont plus ou moins déserts parce que la saison de la moisson du blé débute à la mi-avril. Quelques paysans travaillent à la récolte à la main ne possédant pas de batteuse de blé. « Je n’ai pu louer de batteuse que tout récemment, parce qu’il y a peu de batteuses de blé au village et elles étaient déjà prises par d’autres cultivateurs », raconte l’agriculteur Fathi Abdel-Hamid Saber, propriétaire d’un demi-feddan de terre cultivée en blé, qui ne cache pas sa joie immense car le rendement du blé cette année est nettement mieux que l’année passée. Sa famille, deux filles et deux garçons, aide l’ouvrier qui travaille avec la batteuse à mettre les tiges de blé dans la machine, collecte les grains et remplit de gros sacs en plastique. Les récoltes seront d’abord examinées par un ingénieur agronome du ministère de l’Agriculture pour déterminer sa qualité avant d’être transportées vers les silos dans l’attente d’être achetées par le gouvernement.

Les semences, un facteur-clé

La famille de Fathi n’est pas la seule à se réjouir de la récolte du blé cette année, le village entier est content. Cette joie est due à une multitude de facteurs, comme la qualité des semences cultivées. « Les semences qu’on a distribuées aux cultivateurs cette saison sont le fruit d’une souche hybride de haute qualité développée dans les laboratoires du centre des recherches agricoles dépendant du ministère de l’Agriculture », explique l’ingénieur agronome Mohamad Barakat Al-Terkawi, sous-secrétaire du ministère de l’Agriculture chargé du gouvernorat de Ménoufiya. Et d’ajouter : « Il est important de souligner que chaque région du gouvernorat destinée à la culture du blé exige des semences complètement différentes des autres à cause de plusieurs facteurs, dont le climat et la nature du sol cultivé. Ainsi, les semences cultivées dans le désert diffèrent totalement de celles destinées au Delta ».

La qualité supérieure des souches de blé n’est pas la seule raison derrière la qualité supérieure de la récolte cette année. Il y a aussi les consignes fournies par le ministère de l’Agriculture aux agriculteurs. « Il s’agit de faire savoir aux paysans la quantité exacte des engrais qu’il faut utiliser et la quantité d’eau nécessaire pour l’irrigation », explique Al-Terkawi. Tous les détails relatifs à une récolte optimale sont également diffusés via les applications numériques destinées aux agriculteurs. « En plus, un ingénieur agronome patrouille les champs afin de résoudre les problèmes et apprend aux agriculteurs les dernières méthodes et techniques liées à la culture du blé », dit le superviseur Achraf Moustapha Bassala.

Louer une moissonneuse-batteuse

C’est juste après la prière de l’aube que les cultivateurs commencent la récolte. Certains utilisent la moissonneuse-batteuse, d’autres optent pour la méthode manuelle traditionnelle à l’aide d’une manchette. En effet, « tout le monde n’a pas les moyens financiers de louer une moissonneuse-batteuse. Parce que sa location coûte près de 300 L.E. l’heure. Ce qui exige qu’elle moissonne une grande quantité pour pouvoir amortir le prix de la location. Pour quelqu’un qui cultive une petite superficie de terre, la location de cette machine sera élevée », explique Bassala. Non loin du champ de Fathi Abdel-Hamid se trouve celui de Adel Abdel-Fattah Bayoumi. Il s’agit d’un morceau de terre plus grand que celui de Fathi, et pour cela, il a pu louer une moissonneuse-batteuse pour terminer vite la récolte de son champ traversé par un canal d’eau pour l’irrigation. « Je suis tellement heureux de la moisson cette année parce que le gouvernement nous offre un prix élevé pour nous encourager à cultiver le blé, qui est d’une qualité supérieure par rapport à celui importé », dit Bayoumi. Il regrette toutefois le retard de la moisson parce que la moissonneuse-batteuse n’a été disponible que tout récemment.

Le blé, une récolte recyclable

Les agriculteurs sont également contents parce que le blé est une récolte recyclable. « Les tiges peuvent servir de foin pour le bétail », souligne Bayoumi. Dans son champ, deux buffles s’agitent. Une image typique de la campagne égyptienne qui garde toujours son cachet authentique en dépit de la modernité et des équipements utilisés. Le gouvernement égyptien déploie d’énormes efforts pour augmenter la superficie cultivée en blé, considéré comme une denrée stratégique. L’Egypte compte 325 000 feddans cultivés en blé, dont 95 000 au gouvernorat de Ménoufiya. « Le succès réalisé cette saison doit nous inciter à suivre à la lettre les consignes fournies par le ministère de l’Agriculture », souligne l’ingénieur agricole Mohamad Al-Terkawi. Il s’agit notamment de cultiver une autre récolte dans les terres cultivées en blé et vice-versa. « Ce système de rotation des cultures fortifie la terre et améliore le rendement des cultures », conclut Al-Terkawi.

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