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Le jeu dangereux de Netanyahu

Mercredi, 15 mai 2024

Bien que l’Egypte ait catégoriquement refusé l’invasion de la ville de Rafah, que les Etats-Unis aient rejeté ce que le président Joe Biden a appelé une opération majeure ou globale à Rafah et que ces deux positions aient bénéficié d’un large soutien international, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, est entré dans le « champ de mines » en menant une opération « limitée » à Rafah pour encercler la ville et resserrer le blocus sur la bande de Gaza.

L’opération israélienne limitée a inclus le contrôle du côté palestinien du point de passage de Rafah et l’entrée de véhicules militaires israéliens dans l’axe de Salah al-Din (Philadelphie).

En s’assurant du contrôle du côté palestinien du passage de Rafah, Israël impose un contrôle total sur l’entrée de l’aide humanitaire à la bande de Gaza qui se trouve au bord de la famine. Quant à la présence, même symbolique, des forces israéliennes dans l’axe de Salah al-Din, elle constitue une provocation claire pour l’Egypte. Israël joue ainsi avec le feu, car la présence dans cet axe routier est régulée par un accord signé par l’Egypte et Israël après le retrait israélien de la bande de Gaza en 2005 puis amendé en 2021.

L’entrée de Netanyahu dans le champ de mines de Rafah, alors que se déroulent les négociations entre Israël et le Hamas et que le Hamas a donné son feu vert à une proposition égyptienne de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers, indique clairement que Netanyahu insiste sur le fait de faire sauter les négociations, ou du moins d’apparaître devant l’extrême droite de son gouvernement comme travaillant jusqu’à la dernière minute pour mener une attaque contre Rafah malgré les risques élevés. Il veut prouver qu’il n’a pas cédé sous les pressions, même si celles-ci proviennent des Etats-Unis.

La position de Netanyahu s’explique aussi par la confusion causée par l’approbation de dernière minute par le Hamas de la proposition égyptienne au moment où Netanyahu s’efforçait de lui tendre un piège basé sur le fait qu’il refusait la proposition égyptienne. Netanyahu voulait utiliser ce refus, en plus de l’attaque du Hamas contre le point de passage de Karm Abou Salem, pour mener une guerre médiatique et politique contre le Hamas, le tenant responsable de l’échec des négociations. Le fait qui allégerait les pressions sur lui et lui permettrait de mettre en oeuvre son opération globale contre Rafah.

Cependant, la réponse du Hamas l’a obligé à se contenter d’une opération limitée pour satisfaire les Etats-Unis et l’extrême droite, qui insiste sur l’invasion de Rafah, quelles que soient les pressions et les conséquences. L’extrême droite va ainsi entraîner tout le monde, et non pas seulement Israël, en enfer, surtout si la patience de l’Egypte s’épuise et qu’elle se trouve obligée de changer sa politique envers Israël, même si cela peut impacter le traité de paix israélo-égyptien.

Depuis le début de l’agression israélienne contre la bande de Gaza, le traité est mis à l’épreuve d’une manière sans précédent depuis sa signature en 1979. Cependant, Netanyahu insiste sur le fait de pousser le traité au bord du gouffre, affirmant que l’invasion de Rafah ne représente pas une violation du traité, alors que l’Egypte considère celui-ci comme la pierre angulaire de la sécurité et de la stabilité au Moyen-Orient, sur la base de son principe inébranlable de résoudre tous les différends par des moyens pacifiques dans le cadre du respect des traités bilatéraux et internationaux.

Maintenant, Israël, à la lumière d’une inaction internationale évidente, insiste sur la mise à l’épreuve du traité de paix, comme l’a rapporté l’Associated Press le 11 février, affirmant que l’Egypte pourrait suspendre le traité de paix si les forces israéliennes envahissaient Rafah. Quant à la position officielle de l’Egypte, rien n’indique qu’elle envisage de suspendre ou d’annuler le traité de paix. Le ministre des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, a confirmé, le 12 février, que « l’Egypte est fidèle à l’accord de paix avec Israël qu’elle a préservé pendant 45 ans ». Il s’agit d’un engagement ferme de la politique égyptienne, qui respecte ses obligations, qui reconnaît l’importance du traité de paix israélo-égyptien et qui oeuvre toujours à le mettre sur la bonne voie et à lui épargner les dangers du « jeu de la corde raide » pratiqué par Netanyahu. L’Egypte travaille jour et nuit pour parvenir à un accord permettant de faire revenir le calme à Gaza et l’échange de prisonniers, pour barrer la route à Netanyahu et avorter ses tentatives d’ouvrir les portes de l’enfer et du chaos dans tout le Moyen-Orient.

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