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Palestine : au bord de la faillite

Amira Samir, Mardi, 24 décembre 2013

La crise financière dont a souffert l’Autorité palestinienne en 2012 s'est poursuivie en 2013. La baisse drastique des aides, notamment des donateurs arabes, a eu des conséquences lourdes sur l’économie.

L’Autorité palestinienne est entrée dans une zone critique. Ses caisses sont vides. Engagée dans une course contre la montre, elle a annoncé son incapacité à verser les salaires de ses 154 000 fonctionnaires. Elle ne pourra pas non plus rembourser les dettes qu’elle doit à des entreprises privées et ne peut emprunter ni auprès des banques, ni du secteur privé, en raison de ses arriérés de paiement impayés.

Cette crise a vite eu des répercussions politiques exacerbant les contestations en Cisjordanie pour dénoncer l’inanité de tout processus de paix avec Israël. « Les manifes­tations ont alimenté les craintes d’une nouvelle guerre, voire de la disparition de l’Au­torité palestinienne. C’est la pire crise budgétaire vécue par l’Autorité palestinienne depuis sa fondation en 1994 », estime Ahmed Majdalani, ministre palestinien du Travail.

Pour certains spécialistes, la raison principale serait la baisse drastique de l’aide des pays donateurs, notamment les pays du Golfe. « Le gouvernement de Ramallah dépend étroitement de l’aide internationale, dont les contributions couvrent plus de la moitié du budget annuel. Les donateurs des pays du Golfe ont réduit quasiment de moitié le montant de leur aide aux Palestiniens, pour ne pas déplaire aux Etats-Unis, qui ont gelé leurs aides après la demande d’adhésion des Palestiniens à l’Onu », souligne Naël Moussa, professeur d’économie à l’Université nationale Al-Najah.

En mars 2013, les Etats-Unis ont décidé de débloquer leur aide aux Palestiniens, d’un montant de 500 millions de dollars environ. Décision prise, après la visite du président américain Barack Obama en Israël et dans les territoires palestiniens, pour relancer les négociations de paix entre les deux camps. Toutefois, le dégel des aides américaines ne suffit pas à renflouer une Autorité palestinienne dans un état critique. En effet, l’Autorité palestinienne compte surtout sur un réveil régional, en particulier des donateurs des pays du Golfe.

Mais le déblocage des aides internationales ne mettra pas fin à la crise. Pour combler son déficit, l’Autorité palestinienne trouve quelques pistes : Il faut d’abord renforcer la transparence et faire la chasse à la corruption, longtemps endémique dans les insti­tutions palestiniennes. Entre retards et demi-versements, les salaires des fonction­naires sont un véritable casse-tête pour l’Autorité palestinienne, qui doit payer une facture annuelle de 1,7 milliard de dollars, soit le poste de dépenses le plus budgéti­vore (58 %).

Environ 70 % des revenus de Ramallah proviennent des recettes fiscales collectées par Israël pour le compte de l’Autorité palestinienne. Ramallah semble aujourd’hui dans l’impasse, parce qu’Israël n’hésite pas à suspendre ses versements pour des rai­sons politiques. Pour les importations, l’Autorité palestinienne reste soumise à l’ap­probation d’Israël qui contrôle les frontières. Les revenus issus des droits de douane, récoltés par Israël, représentent les 2/3 du budget palestinien. Par ailleurs, les Palestiniens n’ont pas le contrôle de leur champ d’émission d’ondes électromagné­tiques, et n’ont donc pas la possibilité d’investir dans la technologie 3G, un secteur économique très prometteur.

Entre attendre les aides arabes ou se soumettre aux restrictions israéliennes, la crise économique palestinienne ne fait que s’aggraver.

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