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La Palestine, victime collatérale du Printemps arabe

Maha Salem, Mardi, 24 décembre 2013

Le Printemps arabe ayant frappé une partie des pays de la région a eu des répercussions sur la cause palestinienne, désormais considérée comme le grand perdant des diverses révoltes populaires.

Palestine
Le Printemps arabe a négativement influencé la cause palestinienne. (Photo :AP)

Avant 2011, la question palestinienne occupait presque quotidiennement les titres de la presse mondiale. Des semaines passent sans qu’on entende parler de cette « Palestine ». Une négligence justifiée par l’éclatement des révolutions dans plusieurs pays arabes. « L’absence dans les médias arabes de la cause palestinienne est très grave, car cette dernière perd ainsi l’une de ses principales armes d’éveil des consciences mondiales », explique Mohamad Gomaa, politologue et spécialiste du dossier palestinien au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire.

Les dégâts vont, en réalité, au-delà de cette constatation, puisqu’avec les révolutions, les pays arabes se sont scindés en deux camps. Le premier est celui des pays plongés dans leurs affaires internes, notamment l’Egypte et la Syrie. « Ces pays qui affrontent des problèmes et des obstacles graves, comment peuvent-ils s’occuper des problèmes d’un autre pays alors qu’ils n’ont pas réglé les leurs ? », estime Gomaa. L’Egypte a toujours été le parrain de la question palestinienne et poussait souvent vers la paix et la réconciliation, mais la situation a changé sous le règne des Frères musulmans, qui recherchaient avant tout les intérêts du Hamas, en abandonnant le processus de paix. Ils se sont ainsi plutôt concentrés sur l’apaisement des tensions entre le Hamas et Israël. Du coup, la Jordanie a été en février dernier l’hôte d’un cycle de négociations entre la Palestine et Israël. Cette Jordanie, qui avait expulsé en 1999 les dirigeants du Hamas, est allée jusqu’à reprendre ses relations avec ce mouvement qui dirige la bande de Gaza. De son côté, l’émir du Qatar s’est rendu dans la bande de Gaza en offrant une aide au Hamas, a accueilli Ismaïl Haniyeh pour des négociations ... un rôle souvent joué par la Syrie. Avec ces changements, la Ligue arabe n’a pu tenir que 4 réunions dans le cadre du « Comité de l’initiative arabe pour la cause palestinienne ». Créé depuis plus de 5 ans, ce comité avait pour objectif de se réunir tous les deux mois pour suivre cette question et présenter des perspectives de règlement.

D’autres se sont au contraire employés à chasser le fantôme de ce Printemps arabe de chez eux. Les pays du Golfe se sont éloignés du Hamas. L’Arabie saoudite, le Koweït et les Emirats arabes unis, redoutant la croissance du mouvement des Frères musulmans à leurs frontières, ont suspendu leur aide et leur soutien au Hamas, mais non pas à la Palestine, celle de Mahmoud Abbas.

Face à cette situation, la Turquie et l’Iran en ont profité pour réaliser leurs propres intérêts. La Turquie, d’une part, en essayant de créer une certaine domination dans la région, et l’Iran, de l’autre, qui a décidé de se servir de la question palestinienne comme outil de pression sur les Etats-Unis.

Israël ne ressort pas les mains vides de ce chamboulement politique. Si les Israéliens ont au départ vécu de longs mois d’inquiétude craignant les islamistes, ils avaient vite réalisé que tout allait dans leurs intérêts. Les pays arabes sont tombés dans le chaos, l’occasion pour l’Etat hébreu de renforcer sa puissance. On peut le dire : les Israéliens ont été en mesure d’obtenir de nouvelles avancées dans leurs intérêts.

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