Des enfants se tiennent derrière des barbelés le long d’une pente près d’un camp abritant des Palestiniens déplacés à Rafah dans le sud de la bande de Gaza. Photo : AFP
Une offensive terrestre de l'armée israélienne sur la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, "pourrait conduire à un bain de sang", a mis en garde le chef de l'Organisation mondiale de la santé vendredi sur le réseau social X.
"L'OMS est profondément préoccupée par le fait qu'une opération militaire à grande échelle à Rafah, Gaza, pourrait conduire à un bain de sang et affaiblir davantage un système de santé déjà à genoux", écrit Tedros Adhanom Ghebreyesus, à propos de la ville où sont massés 1,2 million de Palestiniens déplacés du nord de la bande bombardée depuis plus de 200 jours.
Pour l'heure, l'armée israélienne continue de bombarder la ville, où le Premier ministre Benjamin Netanyahu veut lancer une offensive terrestre pour "anéantir" selon lui les dernières brigades du Hamas.
Les Européens, l'ONU et les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont tous demandé avec force à M. Netanyahu de renoncer à une offensive terrestre sur la ville.
Outre le coût en vies humaines, une offensive serait "un coup dur pour les opérations humanitaires dans l'ensemble de la bande de Gaza" car Rafah "est au coeur des opérations humanitaires", a averti vendredi le porte-parole du Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, à Genève.
Elle affaiblirait en outre "un système de santé déjà cassé", dont seuls fonctionnent encore 12 des 36 hôpitaux de Gaza, a ajouté l'OMS, dans un communiqué.
"L'OMS et des partenaires travaillent dans l'urgence à rétablir et ressusciter les services de santé (...) mais le système de santé cassé ne pourrait pas faire face à une augmentation des blessés et des morts qu'une incursion à Rafah provoquerait", selon le communiqué daté de vendredi.
"Ce plan d'urgence n'est qu'un pansement", a déclaré à Genève Rik Peeperkorn, le représentant de l'OMS dans les territoires palestiniens. "Le système de santé en difficulté ne sera pas en mesure de résister à l'ampleur potentielle de la dévastation que l'incursion causerait", a-t-il ajouté.
A Rafah, les trois hôpitaux, encore partiellement opérationnels, "deviendront dangereux pour les patients, le personnel, les ambulanciers et les travailleurs humanitaires lorsque les hostilités s'intensifieront dans leur voisinage et, par conséquent, deviendront rapidement non fonctionnels", avertit l'OMS.
Egalement "vulnérable", l'hôpital européen de Gaza, à l'est de Khan Younès, "pourrait devenir isolé et inaccessible" pendant une éventuelle offensive à Rafah, ne laissant dans le sud de la bande de Gaza "plus que six hôpitaux de campagne".
"Pour alléger le fardeau des hôpitaux" en cas d'opération israélienne dans le sud, l'OMS dit travailler à établir de nouveaux centres de santé dans le centre et le nord de la bande de Gaza, ainsi qu'un nouvel hôpital de campagne à Rafah. Elle dit avoir également transféré un "volume important" de fournitures médicales stockées à Rafah dans un nouvel entrepôt plus au nord, car elles "pourraient devenir inaccessibles pendant l'incursion".
Mais "malgré les plans d'urgence et les efforts, l'OMS avertit que l'on s'attend à une mortalité et à une morbidité supplémentaires substantielles lorsque l'incursion militaire aura lieu", en appelant "au respect du caractère sacré des soins" et à "éliminer les obstacles à l'acheminement de l'aide humanitaire d'urgence à Gaza et à travers Gaza".
Le 7 octobre, une attaque imprécédente de commandos palestiniens infiltrés dans le sud d'Israël, depuis la bande siégée pendant 17 ans de Gaza. En représailles, l'armée israélienne a lancé une offensive meurtrière -aérienne puis terrestre- dans la bande de Gaza qui a laissé plus de 34.622 palestiniens tués, majoritairement des enfants et des femmes.
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