Les attaques des rebelles yéménites en mer Rouge ne représentent pas une menace pour les stations balnéaires de l'Arabie saoudite, a affirmé à l'AFP le ministre saoudien du Tourisme lors d'un sommet économique à Ryad, dimanche 28 avril.
"Ce qui se passe est à l'extrémité de la mer Rouge, tout au sud", a déclaré Ahmed Al Khateeb, en parlant des attaques de drones et de missiles menées par les Houthis au large du Yémen voisin contre les navires liés à Israël, aux Etats-Unis ou à la Grande-Bretagne. Les Houthis affirment soutenir ainsi les Palestiniens dans la guerre qui oppose Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.
"Tous nos projets en mer Rouge ou dans la zone NEOM se trouvent au milieu et au nord de la mer Rouge, loin du conflit, et ce n'est absolument pas une cible pour les Houthis", a-t-il assuré, en marge d'une réunion spéciale du Forum économique mondial, qui a abordé notamment l'impact de l'instabilité régionale.
NEOM est un projet géant de mégapole futuriste de l'Arabie saoudite, d'un montant d'environ 500 milliards de dollars, lancé en 2017, qui doit abriter notamment une station de ski et un bâtiment de 170 km de long, construit à partir du golfe d'Aqaba à travers le désert, selon ses promoteurs.
Le tourisme est l'un des moteurs du programme de réformes économiques visant à préparer le premier exportateur mondial de pétrole brut à l'après-pétrole.
Le pays a commencé ces derniers mois à accueillir des clients dans deux stations balnéaires construites dans le cadre du projet Red Sea Global, tandis que l'île de luxe Sindalah, qui fait partie du NEOM, devrait être achevée d'ici la fin de l'année.
Les autorités espèrent également attirer les touristes dans les régions montagneuses du sud de l'Arabie, frontalières du Yémen, où certains diplomates ont été priés par leur gouvernement de ne pas se rendre en raison des risques d'attaques des Houthis.
"Le sud est un produit très important pour nous", a affirmé M. Khateeb, en soulignant que la province d'Asir - qui abrite des projets tels que le complexe de luxe Soudah - est "très sûre et très stable".
Les rebelles yéménites, qui se sont emparés de la capitale Sanaa en 2014, ont commencé à cibler les navires en mer Rouge et dans le Golfe d'Aden en novembre, en réponse à la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.
L'Arabie saoudite a mobilisé en 2015 une coalition militaire pour appuyer le gouvernement yéménite face aux Houthis, mais elle a engagé l'année dernière des pourparlers avec les rebelles pour tenter de mettre fin au conflit.
"Pas de changement" pour l'alcool
Malgré les tensions régionales, le nombre de touristes dans le royaume a augmenté de 10% au premier trimestre, en rythme annuel, a poursuivi M. Khateeb.
Le royaume, qui abrite deux des lieux les plus saints de l'islam, a dit avoir enregistré plus de 100 millions de visiteurs l'année dernière, dont 27 millions venant de l'étranger, et vise à atteindre le seuil de 150 millions d'ici 2030.
Longtemps fermée à une grande partie du monde, l'Arabie saoudite a commencé à octroyer des visas touristiques en 2019, quelques mois avant que la pandémie de coronavirus ne décime l'industrie au niveau mondial.
Depuis, la monarchie du Golfe cherche à changer son image de pays ultra-conservateur en accueillant de grands événements musicaux et sportifs, et en développant les attractions touristiques.
En janvier, elle a ouvert son premier magasin d'alcool, réservé aux diplomates non musulmans. La consommation de boissons alcoolisées est interdite pour tous les autres habitants du royaume, et devrait le rester, selon le ministre du Tourisme.
"Il n'y a pas de changement de politique", a affirmé Ahmed Al Khateeb, en estimant que cela n'empêche pas la croissance du secteur. "Nous pensons que nous continuerons à nous développer avec la même politique".
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