La tension est maximale entre Israël et le Hezbollah, considéré comme l’allié le plus puissant de l’Iran dans la région. (Photo : AP)
Israël a tenu sa promesse de riposter à la riposte. Sans faire le moindre commentaire, comme toujours. Cette fois-ci, ce sont les Etats-Unis qui l’ont annoncé : vendredi 19 avril à l’aube, trois explosions ont retenti près d’une base militaire dans la province d’Ispahan, au coeur de l’Iran, ont dit les médias américains, citant des responsables américains. En Iran, l’agence officielle Irna a annoncé qu’« aucun dégât majeur » n’avait été rapporté après les explosions. Selon le New York Times, qui cite des responsables iraniens, l’attaque a été menée par de petits drones, probablement lancés depuis le territoire iranien. Une attaque d’ampleur limitée donc, tout comme celle menée par l’Iran contre Israël dans la nuit du 13 au 14 avril. Toujours selon le New York Times, Israël est revenu sur sa volonté première de mener une plus grande attaque et ce, suite à des pressions américaines et britanniques.
Le cycle de représailles s’est-il donc achevé ? La poussée de fièvre est-elle finie ? Si l’attaque contre Ispahan n’est pas suivie d’autres, les tensions immédiates s’atténueront, répondent les analystes, d’autant plus que la communauté internationale s’est empressée, dans la foulée des deux attaques, de lancer des appels au calme.
Or, d’un côté, au sein du cabinet de guerre israélien et parmi les ultranationalistes de la coalition du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, on opte encore pour des représailles féroces de la part d’Israël. A l’instar du ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, partisan de la ligne dure dans la confrontation avec l’Iran, qui, sur X, a publié un message aussi lapidaire qu’ironique : « Dardaleh ! », qui signifie « nul » ou « minable ». Et de l’autre, Téhéran a prévenu qu’il ne laissera pas passer une nouvelle attaque de la sorte. Dans une interview accordée à NBC News au lendemain de l’attaque contre Ispahan, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a indiqué qu’en cas de nouvelle « action décisive » de l’Etat hébreu, l’Iran est prêt à répondre de façon « immédiate et maximale », tout en tempérant en assurant que Téhéran n’aura pas « de nouvelle réaction » si Israël « ne s’aventure pas de nouveau contre ses intérêts ».
Cela dit, l’option choisie tant par Téhéran que par Tel-Aviv serait, à l’heure actuelle, de calmer le jeu. Ni l’Iran, ni Israël n’ont voulu engendrer de trop grosses pertes à l’ennemi. En ce sens, les deux attaques sont symétriques.
Les proxys en ligne de mire
Il n’est pas question pour autant que l’inimitié entre Israël et l’Iran disparaisse. La frappe israélienne du 1er avril contre le consulat iranien à Damas, puis la riposte iranienne du 13 avril, puis la riposte à la riposte sont considérées comme des précédents. Un tabou a été brisé. Une limite a été franchie. Chacune des deux parties a voulu montrer qu’elle était capable et prête à frapper à l’intérieur du territoire de l’autre. Et maintenant que cette preuve a été donnée, les « règles du jeu » régissant le long conflit entre l’Iran et Israël, un conflit indirect et clandestin, reprendront, mais avec, en toile de fond, la menace qu’un conflit direct peut avoir lieu.
Tous les regards se tournent donc désormais vers les alliés de l’Iran : l’Iraq, la Syrie, le Hezbollah, les Houthis. La diplomatie iraqienne a exprimé sa « forte inquiétude » concernant l’attaque à Ispahan et « mis en garde contre les risques de l’escalade militaire qui menace la sécurité et la stabilité dans la région ». Les suites n’ont pas tardé. Au moins cinq roquettes ont été lancées dimanche 21 avril depuis la ville iraqienne de Zummar en direction d’une base militaire américaine située dans le nord-est de la Syrie, selon deux sources de sécurité iraqiennes citées par l’agence Reuters. Une attaque survenue au lendemain d’une énorme explosion sur une base militaire en Iraq, une base militaire abritant des troupes de l’armée et d’anciens paramilitaires pro-Iran du Hachd Al-Chaabi. En plein bras de fer avec l’Iran, Israël serait-il responsable ? L’Etat hébreu n’a fait aucun commentaire. Mais les liens ont rapidement été faits …
Sur un autre front, celui du Sud-Liban, la tension est aussi à son comble. Les échanges ont repris cette semaine entre Israël et le Hezbollah, considéré comme l’allié le plus puissant de l’Iran dans la région, avec des tirs de part et d’autre qui ont gagné en intensité ces derniers jours. De quoi laisser croire que plutôt que d’attaquer directement l’Iran, Israël pourrait s’en prendre au Hezbollah, comme le laissent entendre des commentateurs israéliens. Les deux parties se prépareraient à un conflit de plus grande envergure. Selon le journal libanais L’Orient-Le Jour, le Hezbollah « intensifie la bataille sur le front sud ». Pour le journal libanais, le Hezbollah a envoyé le message qu’il est prêt à passer à la vitesse supérieure et qu’il « participera » à la riposte iranienne, si riposte il y a.
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