«
La moyenne du seuil de pauvreté en Egypte est de 3 920 L.E. par an, à savoir 326,7 L.E. par mois. Et la moyenne des dépenses totales annuelles de la famille égyptienne est de 26 161 L.E., à savoir 2 180 L.E. par mois. La plus grande part du budget annuel de la famille va vers la nourriture avec un taux de 37,6 %, alors que les dépenses pour la culture et les loisirs ne dépassent pas les 2 %. La moyenne des dépenses de la famille pour l’enseignement atteint les 2 500
L.E. avec un taux de 9,6 % ». Ce sont les derniers chiffres du CAPMAS (l’Organisme
central de la mobilisation et des statistiques) concernant le budget de la famille égyptienne pour l’année 2012-2013. Des chiffres qui ont suscité des commentaires de presse comme l’article de Magued Osmane publié dans le quotidien Al-Shorouk qui écrit : « Les familles égyptiennes investissent beaucoup d’argent dans l’éducation de leurs enfants, car c’est un moyen d’ascension sociale. Les chiffres montrent que les dépenses des familles concernant les cours particuliers dépassent les 7 milliards de L.E. au moment où le niveau de l’enseignement est en chute libre ». Tous ces chiffres concernant les dépenses des familles sur l’éducation de leurs enfants révèlent également que le concept de la gratuité de l’enseignement tant
chantée est désuet.
Natalité en hausse et flambée des denrées « En plus de cela, l’Egypte doit s’apprêter à affronter d’autres défis, à savoir la hausse de la natalité infantile qui va peser de tout son poids sur les structures de l’enseignement déjà bien faibles. Et pour éclaircir les choses, le taux de natalité était entre 1995 et 2005 de un million six cent mille et un million huit cent mille à un moment où les structures de l’enseignement peinaient à offrir une éducation adéquate, voire à offrir le minimum requis. Or, l’augmentation du taux de natalité qu’a connue l’Egypte dernièrement va ébranler ce qui reste du système éducatif. Durant la période 2006-2012, ce taux a dépassé la barre des 2 millions et demi pour la première fois. 2012 enregistre deux millions six cent mille de naissances. Ce qui veut dire qu’en six ans seulement, le nombre des naissances a augmenté de 40 %. Il faudra ainsi à l’Etat 45 milliards de L.E. juste pour maintenir les moyennes d’occupation actuelles des classes dans les écoles (dans le gouvernorat de Guiza, on compte 50 élèves par classe) », indique l’organisme.
Au-delà de la Constitution et des débats politiques, le gouvernement est face à des défis colossaux et peut-être à des remous sociaux qui, pour l’heure actuelle, sont maîtrisés et mis en sourdine via l’invocation par le pouvoir de priorités, à savoir la lutte antiterroriste et anti-Frères musulmans. Toujours selon les chiffres du CAPMAS parus le mois de novembre dernier et rapportés par le site d’information Aswat masriya (voix égyptiennes) dépendant de la BBC, l’inflation des prix des denrées alimentaires a augmenté de 11,5 % sur l’année en octobre dernier comparés au même mois de l’année 2012, et de 1,2 % sur le mois comparé au mois de septembre 2013. Le Fonds monétaire international avait prévu en mai dernier la hausse de l’inflation en Egypte à 10 % durant 2013, ce qui est le plus haut niveau depuis 2010. Le taux d’inflation avait baissé à 7,5 % en 2012 contre 10,1 % en 2011 enregistrant son plus bas taux en cinq ans.
Le mode occidental et le mannequin étranger
Dans le quotidien Al-Shorouk, l’analyste Amr Hamzawi revient sur le sujet des droits de l’homme en précisant que les ONG travaillant dans le secteur sont soumises à de fortes pressions et sont de plus en plus taxées de trahison et de connivence avec l’étranger. « Le courant social et politique de la tendance anti-démocrate conduit à défigurer les organisations des droits de l’homme et à orchestrer des campagnes médiatiques contre elles. Elles sont accusées de prendre le parti des Frères musulmans, de ternir l’image de l’Egypte et de servir des agendas étrangers, même si ces mêmes organisations publient des rapports demandant d’enquêter sur les agressions contre des institutions coptes ou sur les actes terroristes dans le Sinaï … Voire, des voix appartenant au courant libéral ou de gauche les accusent de ne pas respecter les traditions du pays et montrent les défenseurs des droits de l’homme comme des éléments qui veulent promouvoir le mode de vie occidental, et rien ne suffit à ébranler les hypothèses de ces voix, même pas le fait que ce sont ces mêmes accusations utilisées par le régime d’avant 2011 et par celui des Frères musulmans ».
Sur un autre plan, le comité des 50 chargé de la rédaction de la Constitution s’est fait épingler par les réseaux sociaux qui, ces derniers temps, sont plus rapides que la presse à relever les bourdes du pouvoir en place. Ces réseaux ont vite critiqué l’affiche de promotion de la Constitution où ont été utilisées des photos de personnes supposées représenter le peuple égyptien avec la phrase : La Constitution des Egyptiens. Les internautes ont découvert que la photo de la femme aux traits européens utilisée dans l’affiche est un mannequin utilisé par plusieurs entreprises étrangères pour la promotion de leurs produits. « Il suffit de faire une recherche sur Google pour s’apercevoir que la femme est un mannequin utilisé dans les publicités d’une très grande société d’assurance américaine. La société de produits agroalimentaires Al-Hassan wal Hussein, appartenant à un homme d’affaires issu de la confrérie des Frères musulmans, a également eu recours à cette photo répandue sur le Net pour sa promotion », écrit le quotidien Al-Watan. Les internautes ont aussi relevé une grosse faute d’orthographe dans la phrase en arabe : « La Constitution des Egyptiens » où le mot « masréyine » a été écrit « massirine ». Et c’est là le problème des décideurs qui n’arrivent encore pas à concevoir que les Egyptiens ont changé, qu’il faut prendre en considération les nouvelles générations qui forment la majorité de la population et qu’on ne peut plus leur faire avaler des couleuvres aussi facilement !
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