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Les oiseaux d’Afrique en danger

Nada Al-Hagrassy , Jeudi, 25 avril 2024

Faisant partie intégrante de la faune africaine, les oiseaux courent le danger d’extinction à cause de multiples raisons à la fois climatiques et humaines.

Les oiseaux d’Afrique en danger

L’Afrique abrite près d’un cinquième des espèces d’oiseaux du monde, comptant à la fois des espèces nicheuses et migratrices. Une étude récente publiée début 2024 par des chercheurs du Peregrine Fund et de l’Université de St Andrews révèle que les rapaces d’Afrique sont confrontés à une crise d’extinction alarmante. Selon une autre analyse réalisée en 2022 par la World Ecological Society of Birds, environ 10 % des quelque 2 000 espèces d’oiseaux originaires d’Afrique, dont une dizaine d’espèces migratrices, sont menacées d’extinction. Depuis 2007, la situation est devenue particulièrement alarmante. Parmi les espèces menacées en Afrique du Nord, on trouve l’aigle moine, l’aigle royal d’Espagne et l’épervier d’Europe. La liste s’allonge pour inclure le calao, symbole emblématique des forêts tropicales, dont la population a connu un déclin estimé à 85 %, ainsi que l’oiseau secrétaire.

Causes multiples

Entre les activités humaines et le réchauffement climatique, les rois du ciel de l’Afrique ne savent plus où trouver refuge. La croissance urbaine et démographique du continent détruit l’habitat naturel et affecte leur source de nourriture. Dans plusieurs régions d’Afrique, les cultivateurs ont lancé des campagnes d’empoisonnement, au cours des années 1980, contre les grands animaux carnivores tels que les lions et les hyènes pour sauver leurs bétails. Ce comportement demeure courant dans plusieurs régions en Afrique australe et subsaharienne. Les carcasses des animaux empoisonnés deviennent le repas des vautours et des oiseaux charognards qui gisent inanimés à côté de leurs festins empoisonnés. Ce comportement a effectivement causé la mort de quelque 150 vautours à dos blancs en Afrique du Sud et au Botswana en 2022. Autre cause : les usages des oiseaux sauvages dans la pharmacopée traditionnelle, ainsi que les pratiques mystiques qui sont multiples et variées selon les cultures traditionnelles, notamment dans la région de l’est du Burkina Faso. Quant aux oiseaux migrateurs, la situation n’est guère meilleure, car ils sont sujets à l’électrocution et aux chasses pour le sport ou le commerce. Le réchauffement climatique ajoute ses répercussions et détruit l’habitat naturel des oiseaux, notamment migrateurs, en détruisant leur lieu de reproduction.

Gardiens des écosystèmes

L’extinction des oiseaux affecte l’écosystème plus que celle des autres espèces de la faune africaine. Et ceci à cause de leur importance multidimensionnelle tant environnementale qu’économique et mythologique. Tout d’abord, sur le plan environnemental, l’importance des oiseaux, notamment des charognards, est indéniable. En se nourrissant des carcasses, ils limitent la propagation des bactéries et des maladies contagieuses. Leur déclin permet l’augmentation du nombre des rats et autres mammifères et insectes nuisibles qui propagent les maladies contagieuses.

Sur le plan économique, les réserves d’ornithologie constituent un revenu essentiel de l’écotourisme. C’est un marché estimé à près de 120 millions de personnes. Ce qui a poussé des pays comme l’Egypte, l’Ouganda et la Zambie à créer leurs propres sites d’ornithologie. Enfin, les oiseaux sont omniprésents dans la mythologie africaine. Chez les Sénoufo, un groupe ethnique indigène de l’Afrique de l’Ouest, notamment de la Côte d’Ivoire, le calao (segèn dans la langue indigène) est son fétiche protecteur parce qu’il est considéré comme l’une des cinq premières créatures apparues sur terre.

Enfin, il existe une forme de collaboration entre l’homme et les oiseaux qui se trouve aujourd’hui menacée par l’extinction de ces derniers. Il s’agit d’une tradition millénaire qui demeure jusqu’à nos jours au Mozambique et en Tanzanie. « Le grand indicateur », un petit oiseau brun, aide les chasseurs humains à trouver le miel sauvage. L’oiseau guide le chasseur aux nids des abeilles et reçoit la cire d’abeille, sa nourriture essentielle, en guise de remerciement. Les oiseaux aident aussi à la dispersion des semences.

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