Le drapeau palestinien hissé à l’ONU, où environ trois quarts des pays reconnaissent la Palestine en tant qu’Etat.
Israël ne peut pas être plus rassuré. Deux jours à peine après le veto américain qui a empêché la reconnaissance de l’Etat palestinien, le Congrès a adopté, samedi 20 avril, un gros paquet d’aide destiné à Israël. Ce sont 13 milliards de dollars d’assistance militaire qui s’envoleront pour Tel-Aviv. 13 milliards qui contribueront à l’intensification de la guerre que mène Israël à Gaza, mais aussi de ses exactions en Cisjordanie (voir article ci-contre). « Merci à l’Amérique, merci à nos amis ! », a aussitôt réagi sur X le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu. Et il a de quoi se réjouir. Malgré les récentes informations faisant état de différends entre Tel-Aviv et Washington, les Etats-Unis se tiennent plus que jamais aux côtés de leur protégé. Ils ont opposé leur veto au projet de résolution sur l’adhésion pleine et entière de la Palestine à l’ONU, lors du vote jeudi 18 avril au Conseil de sécurité de l’ONU (à l’heure actuelle, la Palestine est un « Etat observateur permanent » auprès de l’ONU). Et pour se justifier, l’ambassadeur américain adjoint aux Nations-Unies, Robert Wood, a déclaré : « Ce vote ne reflète pas une opposition à un Etat palestinien, mais est une reconnaissance qu’il ne peut naître que de négociations directes entre les parties ».
Pas de surprise donc. Washington a utilisé des dizaines de fois son droit de veto pour protéger Israël, son indéfectible ami, son allié de toujours, son allié pour toujours. Mais cette fois-ci, il revêt une symbolique particulière. En pleine guerre à Gaza, il envoie un signal clair que le soutien américain à Israël est et restera inconditionnel. Quoi qu’il arrive. Il montre une fois de plus le double langage américain, qui, d’un côté, appelle à la solution à deux Etats, de l’autre, laisse Israël tout faire pour empêcher que cela ne se produise.
Côté israélien, l’arrogance et la fureur de Tel-Aviv sont telles qu’il a fustigé le simple fait que le Conseil de sécurité examine le texte et qu’il a convoqué les ambassadeurs des pays ayant voté oui. En parallèle, sur le terrain, l’Etat hébreu continue d’agir de sorte à torpiller l’hypothèse même de la création d’un Etat palestinien. Ces dernières semaines, Israël a annoncé la saisie de la plus grande parcelle de terre en Cisjordanie occupée depuis les accords de paix d’Oslo en vue d’y bâtir de nouvelles colonies. Des révélations du quotidien britannique The Guardian affirment aussi, preuves à l’appui, que la colonisation a repris de plus belle à Jérusalem-Est depuis le 7 octobre. Au mépris du droit international. Ce même droit qui peine à donner aux Palestiniens leur Etat indépendant.
Mais les Palestiniens ne comptent pas baisser les bras. Ce rejet « ne brisera pas notre volonté, ne stoppera pas notre détermination (…). L’Etat de Palestine est inévitable, il est réel », a lancé, en pleurs, l’ambassadeur palestinien à l’ONU, Riyad Mansour.
La bataille n’est donc pas finie. Et pourtant, force est de constater qu’il s’agit d’une bataille avant tout symbolique. D’ores et déjà, environ les trois quarts des pays membres de l’ONU, dont des pays membres de l’Union européenne ou encore du G20, reconnaissent la Palestine comme un Etat. Cela a certes permis aux Palestiniens de se faire entendre dans les instances internationales, mais pas de créer un Etat en bonne et due forme.
Lien court: