Le musée national de Bagdad était l'un des plus touchés par les conflits politiques en Iraq. Photo : AFP
« Catastrophes et conflits à travers le prisme de la Charte de Venise » est le thème de la Journée internationale des monuments et des sites 2024, célébrée chaque année le 18 avril. De nombreuses activités sont organisées partout dans le monde. Dans le cadre de ces activités, le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) a annoncé la tenue pendant toute l’année d’activités mettant en lumière le thème adopté cette année portant sur le « patrimoine résilient aux catastrophes et aux conflits ». Ainsi, des cours de sensibilisation aux dangers menaçant le patrimoine et aux moyens de le maintenir en bon état au-delà des conflits seront mis en place.
En plus, l’ICOMOS célèbrera, lors de cette journée, le 60e anniversaire de la Charte de Venise adoptée en 1964. « L’application des articles de cette charte est très importante étant donné le nombre croissant de catastrophes naturelles, ainsi que les conflits conduisant à la destruction de sites culturels et au déplacement massif de populations », déclare Hussein Abdel-Bassir, directeur des musées archéologiques de la Bibliotheca Alexandrina, ajoutant que l’article 3 de cette charte stipule la conservation et la restauration continues des monuments visant à les sauvegarder en tant que témoins de l’Histoire. « Le monde autour de nous vit des moments difficiles. Notre région arabe est au coeur de crises et de nombreuses villes sont touchées. L’année 2023 a connu de nombreuses catastrophes : du séisme au Maroc aux inondations en Libye, à la guerre au Soudan, au Yémen et en Syrie, jusqu’aux bombardements en Palestine. En général, c’est le patrimoine qui en souffre », souligne Ahmed Badran, professeur d’archéologie à l’Université du Caire.
Au cours des derniers mois, Israël a non seulement tué des milliers de Palestiniens à Gaza, mais a de même détruit délibérément le riche patrimoine culturel de la ville, que ce soit des mosquées, des églises, des musées ou des sites archéologiques. Selon le gouvernement palestinien, plus de 200 zones et régions historiques ont disparu. « C’est catastrophique. Il est à noter que le patrimoine palestinien est une extension du patrimoine égyptien, puisqu’il faisait partie de celui de l’Egypte durant les périodes mamelouke et ottomane », explique Badran.
De même, malgré le black-out médiatique concernant la situation politique au Soudan, les sites archéologiques sont eux aussi dévastés. « Le Musée national du Soudan a été complètement dévasté. Il y a quelques années en Iraq, plus de 86 000 pièces ont été pillées et d’autres sites ont été détruits ou incendiés. La situation en Syrie n’est pas très différente de ce qui s’est passé en Iraq », déplore Abdel-Bassir. Selon lui, le thème de cette année met en lumière les défis auxquels sont confrontées les zones historiques à travers le monde. « Le monde entier subit des catastrophes naturelles, des changements climatiques et des conflits ayant tous des effets négatifs sur le patrimoine. Ainsi, sa préservation est cruciale pour maintenir l’histoire de l’humanité et son identité culturelle », ajoute-t-il.
En tant que membre du comité national des crises du patrimoine alexandrin, Abdel-Bassir souligne que les efforts déployés à Alexandrie, en tant que ville côtière dont les plages sont menacées d’érosion, ont réduit les risques, en particulier pour la Citadelle de Qaïtbay. « Nous cherchons également de nouveaux moyens innovants pour préserver nos trésors terrestres ou subaquatiques. L’augmentation de la chaleur et de la température de l’eau affecte les pierres de ces monuments », conclut-il.
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