Une riposte iranienne est à craindre 11 jours après une attaque israélienne contre le consulat de Téhéran à Damas en Syrie. Les risques d'un débordement du conflit ont ainsi redoublé avec les menaces de l'Iran contre Israël dont l’attaque, le 1er avril, a fait 16 morts parmi lesquels deux généraux des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran.
Les menaces d'attaque iranienne contre Israël sont « crédibles » et « réelles », a dit vendredi 12 avril un porte-parole de la Maison Blanche, qui n'a pas voulu donner plus de détails sur le moment ou les cibles.
Le président américain Joe Biden a annoncé jeudi soir que l’Iran « menace de lancer une attaque importante contre Israël ».
Le secrétaire d'Etat, américain Antony Blinken, s'est entretenu par téléphone avec ses homologues chinois, turc et saoudien, les appelant à faire pression sur l'Iran pour l’empêcher toute attaque visant Israël, a indiqué jeudi le département d'Etat.
Cette menace est prise très au sérieux notamment par les Israéliens qui craignent l’instauration d’un couvre-feu en cas d’attaque de l’Iran. Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré vendredi qu'Israël et les Etats-Unis se tiennent « côte à côte » pour faire face à l'Iran.
« Nous sommes prêts à nous défendre au sol et dans les airs, en étroite collaboration avec nos partenaires, et nous saurons réagir », a encore assuré Gallant dans un communiqué après un entretien avec le général américain Michael Erik Kurilla, en déplacement en Israël.
De son côté, le Guide suprême de la République islamique d’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, avait assuré, mercredi, dans un discours retransmis en direct à l’occasion de l’Aïd-el-Fitr, que « le régime maléfique avait fait une erreur, qu’il devait être puni et sera puni ».
Il n'est cependant pas encore connu l'ampleur ni le lieu d'une telle escalade potentielle.
Une confrontation indirecte ?
Les craintes se multiplient d'une réponse imminente de l'Iran. « En toute vraisemblance, l’Iran n’attaquerait pas directement Israël. Il utilisera probablement la guerre par procuration pour éviter toute confrontation directe avec les Etats-Unis » argue Ali Atef, chercheur au Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques.
Selon Atef, la crainte d'une escalade des tensions régionales empêcherait l'Iran d’opter pour une action d’ampleur. « Téhéran ne veut pas de guerre frontale avec les Etats-Unis, et ne peut se permettre une escalade », ajoute-t-il.
C’est pourquoi, le scénario le plus attendu est une frappe réalisée par les alliés de l’Iran dans la région, notamment le Hezbollah, les milices chiites en Irak et en Syrie, où les Houthis au Yémen.
Il est plus probable que l'attaque de l'Iran aura lieu hors des frontières israéliennes, toujours selon Atef.
Le chef de Hezbollah, Hassan Nasrallah a jugé vendredi 5 avril « inéluctable » une riposte iranienne, mais le parti chiite ne sera probablement pas impliqué dans cette escalade, de crainte d'aggraver la stabilité politique fragile au Liban.
En fait, aucun des acteurs impliqués n'a intérêt à provoquer une escalade, explique à l'AFP David Khalfa, analyste pour la Fondation Jean Jaurès à Paris. Pourtant, il estime que cela ne protège pas d'une crise à grande échelle. « Les erreurs de calcul sont tout à fait possibles. La dissuasion comporte un aspect éminemment psychologique », relève-t-il.
Des mesures de précaution
Moscou et Berlin ont appelé à la retenue et la compagnie aérienne allemande Lufthansa a suspendu ses vols depuis et vers Téhéran jusqu'à samedi. L'AFP a souligné des réactions de précaution par plusieurs pays.
Les Etats-Unis ont ainsi restreint les mouvements en Israël de leur personnel diplomatique. Et la France a pour sa part recommandée à ses ressortissants de « s'abstenir impérativement de se rendre dans les jours qui viennent en Iran, au Liban, en Israël et dans les territoires palestiniens ».
En outre, l'Inde a déconseillé à ses ressortissants de se rendre en Iran et en Israël jusqu'à nouvel ordre en raison de la « situation qui prévaut dans la région », a déclaré le ministère indien des Affaires étrangères.
La frappe à Damas
La frappe sur le consulat iranien à Damas a fait 16 morts parmi lesquels sept membres du corps des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de Téhéran par laquelle le régime pilote son rayonnement régional, selon une ONG.
L'Iran et la Syrie ont imputé l'attaque à Israël, qui n'a pas confirmé son implication mais est considéré comme responsable, y compris par ses propres alliés.
La plus haute figure abattue ce jour-là est le général Mohammad Reza Zahedi, commandant d'une unité d'élite des Gardiens.
Les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza durent depuis plus de six mois et ont fait plus de 33.600 morts, en majorité des femmes et des enfants et plus de 1.5 déplacés.
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