Israël a annoncé vendredi autoriser la livraison "temporaire" d'aide dans la bande de Gaza, assiégée et menacée de famine, via le port d'Ashdod et le point de passage d'Erez, au lendemain d'une mise en garde inédite de son grand partenaire américain.
Cette annonce survient au moment où la pression internationale s'accentue sur le gouvernement israélien, le président des Etats-Unis Joe Biden ayant évoqué jeudi pour la première fois la possibilité de conditionner l'aide américaine à Israël à des mesures "tangibles" face à la catastrophe humanitaire à Gaza.
Le cabinet de sécurité israélien a approuvé des "mesures immédiates pour augmenter l'aide humanitaire à la population civile dans la bande de Gaza", a déclaré le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans un communiqué.
"Cette aide accrue permettra d'éviter une crise humanitaire et est nécessaire pour assurer la poursuite des combats et atteindre les objectifs de la guerre", a-t-il ajouté.
Selon ce communiqué, Israël va autoriser l'acheminement "temporaire" de l'aide humanitaire par le port israélien d'Ashdod, à environ 40 km au nord de la bande de Gaza, et par le point de passage d'Erez, entre le territoire palestinien et le sud d'Israël.
Les autorités israéliennes vont aussi permettre "l'augmentation de l'aide jordanienne par Kerem Shalom", poste-frontière du sud d'Israël.
En plein drame humanitaire à Gaza, la mort lundi dans des frappes israéliennes de sept travailleurs de l'ONG World Central Kitchen (WCK) a accru le mécontentement international.
L'armée israélienne a reconnu une "grave erreur".
Dans un entretien à la BBC, John Flickinger, le père d'un des humanitaires tués - le Canado-Américain Jacob Flickinger - a affirmé que son fils et ses collègues "suivaient toutes les règles et les procédures, qui sont très strictes, qu'Israël leur transmettait". Sur la chaîne ABC, la compagne de Jacob Flickinger, Sandy Leclerc, s'est dite "dévastée" et a demandé des "réponses".
"Rapidement et complètement"
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a rappelé jeudi que "100% de la population a besoin d'aide humanitaire" à Gaza. "Et ceux qui se mobilisent de façon héroïque pour fournir cette assistance le font au péril de leur vie", a-t-il déclaré en marge d'une cérémonie de l'Otan à Bruxelles.
"L'horrible attaque de cette semaine contre World Central Kitchen n'était pas la première de ce genre. Elle doit être la dernière", a-t-il insisté.
L'ONG a annoncé suspendre ses opérations à Gaza, accroissant les craintes pour les 2,4 millions d'habitants.
Open Arms, l'organisation espagnole qui avait affrété avec WCK le premier bateau d'aide humanitaire arrivé à Gaza en mars, a dit jeudi suspendre "la mission dans le couloir humanitaire vers la bande de Gaza avec World Central Kitchen", à la suite des frappes.
Premier soutien militaire d'Israël, les Etats-Unis ont exigé jeudi de leur proche partenaire une "augmentation spectaculaire" de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, espérant voir des mesures concrètes prises "dans les heures et jours qui viennent".
Après l'annonce du gouvernement israélien, la Maison Blanche l'a appelé à tenir ses promesses en les mettant "rapidement et complètement" en oeuvre.
Joe Biden, critiqué par une partie de son électorat pour son soutien inconditionnel à Israël, a aussi pressé jeudi Benjamin Netanyahu de conclure "sans délai" un accord pour un cessez-le-feu, alors que les négociations sur la fin des violences ainsi que la libération des otages piétinent, près de six mois après le début du conflit.
"31 enfants morts de faim"
Israël mène des opérations militaires dans le territoire palestinien, qui ont causé la mort de plus de 33.000 personnes, en majorité des civils, dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre, selon le ministère palestinien de la Santé à Gaza.
Les bombardements et l'offensive terrestre des forces israéliennes ainsi que le siège total du territoire palestinien a provoqué un désastre humanitaire.
Alors que "31 enfants de Gaza sont morts de faim et de déshydratation" selon le Croissant rouge palestinien, le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir vendredi une réunion sur le risque de famine et la situation des travailleurs humanitaires à Gaza.
Jeudi, Médecins sans frontières (MSF), Oxfam, Médecins du Monde et Save the children International ont alerté sur leur quasi impossibilité de travailler à Gaza. Depuis le début de la guerre, près de 200 humanitaires ont été tués, selon Christopher Lockyear, secrétaire général de MSF.
La communauté internationale, y compris les soutiens traditionnels d'Israël, ne cesse de l'exhorter à protéger les civils et travailleurs humanitaires à Gaza, sur fond d'inquiétudes d'une opération terrestre voulue par Benjamin Netanyahu à Rafah (sud), où s'entassent près de 1,5 million de Palestiniens déplacés par les combats, selon l'ONU.
Pour apporter leur aide, plusieurs pays effectuent notamment des parachutages, mais cette méthode, risquée pour la population, ne peut de surcroît se substituer aux routes terrestres, insiste l'ONU.
Selon une étude jeudi d'Oxfam, la population du nord de la bande de Gaza survit avec "moins de 12% des besoins caloriques quotidiens moyens".
*Article modifié par Ahraminfo
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