L'Iran a prévenu mardi Israël et les Etats-Unis qu'il allait riposter au raid ayant tué la veille 11 personnes dont sept Gardiens de la révolution à Damas, une opération inédite qui accroit les tensions au Moyen-Orient en pleine guerre à Gaza.
"Ce crime lâche ne restera pas sans réponse", a affirmé le président iranien Ebrahim Raïssi.
Il n'a pas donné de précision sur la nature de cette riposte, mais des "décisions nécessaires" ont été prises dans la nuit au cours d'une réunion d'urgence du Conseil suprême de sécurité nationale iranien en sa présence.
Téhéran a imputé le raid au "régime sioniste" mais Israël n'a pas confirmé sa responsabilité.
Pour leur part, les Etats-Unis ont indiqué à l'Iran qu'ils "n'étaient pas impliqués" dans le raid qui a détruit le bâtiment abritant le consulat et la résidence de l'ambassadeur iranien en Syrie, selon un responsable américain cité par le site Axios.
Le Conseil de sécurité des Nations unies tiendra mardi à 15 heures, heure de New York (19H00 GMT), une session publique à la demande de la Russie sur cette attaque, a annoncé le représentant russe à l'ONU Dmitri Polianski, cité par l'agence étatique Tass.
La Chine a également condamné le raid, en estimant que "la sécurité des institutions diplomatiques" ne pouvait "être violée".
L'Iran a appelé le Conseil de sécurité à "condamner cette attaque terroriste perpétrée par le régime israélien dans les termes les plus fermes possibles".
"Message aux Américains"
Le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian a par ailleurs annoncé avoir envoyé "un message important" aux Etats-Unis, par l'intermédiaire du chargé d'affaires de l'ambassade suisse en Iran, qui représente les intérêts américains en l'absence de relations diplomatiques entre les deux pays.
Ce message, dont la teneur n'a pas été divulguée, a été envoyé aux Etats-Unis qui, "en tant que partisans du régime sioniste", "doivent être tenus pour responsables", selon le ministre.
Les frappes, menées par "six missiles tirés par des chasseurs F-35" selon Téhéran, sont les premières à viser un bâtiment diplomatique iranien en Syrie, pays en guerre civile depuis 2011 où l'Iran et ses alliés soutiennent le pouvoir du président Bachar al-Assad.
L'Irak a souligné mardi que cette action pouvait apporter "plus de chaos et d'instabilité" au Moyen-Orient, alors que grandissent les craintes de voir la guerre entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza prendre une tournure régionale.
Jusqu'à présent, l'Iran a multiplié les déclarations de soutien au Hamas et accusé Israël de mener un "génocide", mais a démenti toute intervention directe dans le conflit.
Deux commandants tués
A Damas, un journaliste de l'AFP a constaté que la section consulaire de l'ambassade iranienne avait été entièrement détruite. Les vitres des immeubles jusqu'à 500 mètres alentour ont été brisées et un grand nombre de voitures endommagées.
"Tous ceux qui se trouvaient à l'intérieur ont été tués ou blessés", a indiqué le ministère syrien de la Défense.
Le Corps des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique de la République islamique d'Iran, a annoncé que sept de ses membres, dont deux commandants de la Force Qods, Mohammad Reza Zahedi et Mohammad Hadi Haji Rahimi, avaient été tués.
La Force Qods est l'unité d'élite des Gardiens qui intervient en dehors des frontières iraniennes.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources dans le pays, a fait état de 11 morts au total: "huit Iraniens, deux Syriens et un Libanais, tous des combattants, aucun civil".
De nombreux responsables militaires iraniens ont été visés dans le passé par des frappes en Syrie, comme le général Razi Moussavi, un important commandant de la Force Qods, tué en janvier dans un tir de missile au sud de Damas.
Israël a mené des centaines de frappes en Syrie voisine contre des positions du pouvoir syrien, des groupes pro-iraniens, comme le Hezbollah libanais, et des cibles militaires iraniennes depuis le début de la guerre dans ce pays en 2011.
Les frappes se sont intensifiées depuis le début le 7 octobre de la guerre entre Israël et le Hamas, un allié du Hezbollah et de l'Iran. Le raid de lundi était le cinquième à viser la Syrie en huit jours.
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