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Youssef Al-Qaid : la bureaucratie est derrière le retard du musée Mahfouz

Rasha Hanafy, Mardi, 10 décembre 2013

Naguib Mahfouz aurait eu 102 ans cette semaine. Le romancier Youssef Al-Qaid se plaint qu’au­cun progrès n’ait été réali­sé dans le projet du musée dédié à l’écrivain.

Youssef Al-Qaid

Al-ahram hebdo : L’Egypte célèbre aujourd’hui les 102 ans de la naissance de Naguib Mahfouz. L’événement est-il toujours aussi important ?

Youssef Al-Qaid : Le Conseil suprême de la culture tient en ce moment un colloque inti­tulé Les petits-fils de Naguib Mahfouz. Il s’agit d’examiner l’influence du lauréat du prix Nobel de littérature sur les jeunes roman­ciers. Normalement, on commémore son décès, mais depuis le centenaire de sa nais­sance en 2011, nous avons décidé de commé­morer sa naissance aussi.

— Il y a quelques années, il y existait un projet pour créer un musée Naguib Mahfouz. Où en est ce projet ?

— Naguib Mahfouz a quitté notre monde le 30 août 2006. A l’époque, un comité a été formé sous la houlette du ministre de la Culture à l’époque, Farouq Hosni, et présidé par l’un des harafiche (le groupe des intellec­tuels et des artistes qui se réunissaient autour de Mahfouz), à savoir Tawfiq Saleh. Ce comité était chargé de sélectionner l’endroit pour fonder un musée au nom du grand romancier et de faire les procédures néces­saires à cette fin. Wékalet Mohamad Bey Aboul-Dahab a été choisi : c’est l’endroit où vivait Mahfouz quand il est né avant que sa famille ne se déplace à Abbassiya. C’est un centre commercial nommé ainsi depuis l’époque des Mamelouks et qui donne sur la place de la mosquée Al-Hussein, le quartier préféré de Mahfouz. Le ministère d’Etat pour les Affaires des antiquités nous a autorisés à prendre une partie de ce bâtiment. Mais jusqu’à aujourd’hui aucun décret présidentiel n’a été émis à cette fin. Par ailleurs, depuis la mort de Saleh, aucun autre président n’a été désigné. Les raisons d’un tel retard sont notamment liées au financement. Récemment, le ministre de la Culture m’a affirmé qu’il s’agissait juste d’un manque d’argent, la même raison a été avancée par le directeur du Fonds du développement culturel relevant du ministère.

— Pourquoi ne pensez-vous pas à d’autres moyens pour financer ce musée ?

— Je pense qu’un tel projet doit être financé par l’Etat parce que c’est son rôle envers ses intellectuels. Ce musée est de la responsabilité du ministère de la Culture ou du gouvernorat du Caire. Le ministère reçoit des dons de plu­sieurs sources pour divers projets culturels, notamment les activités de l’autorité des palais de la culture. A mon avis, c’est la bureaucratie de l’Etat égyptien qui est la cause principale de ce retard. Rien ne sera réalisé dans ce projet sans un décret présidentiel pour transférer la propriété du bâtiment. Je ne vois pas pourquoi on devrait aller chercher des fonds à l’international pour nous aider à finan­cer ce projet. C’est une mission de l’Etat qui incombe à l’Etat : il ne s’agit pas uniquement des 40 millions de L.E. pour monter ce projet, mais surtout d’un budget annuel pour les per­sonnes qui travailleront dans le musée. De tels musées sont une source potentielle de revenus si on les exploite correctement .

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