Des dizaines de frappes israéliennes ont touché lundi 25 mars la bande de Gaza, où les combats font rage aux abords de plusieurs grands hôpitaux dans le nord et le sud du territoire palestinien, assiégé et menacé de famine.
Après cinq mois et demi de guerre Israélienne contre Gaza, les pourparlers en vue d'une trêve se poursuivent au Qatar sans aucun signe de progrès, alors que le Conseil de sécurité de l'ONU va tenter à nouveau lundi d'adopter un texte exigeant un "cessez-le-feu immédiat" à Gaza.
Les bombardements qui ont fait 107 morts en 24 heures, selon le ministère de la Santé à Gaza, ont notamment visé Rafah et Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, ainsi que la ville de Gaza, dans le nord, et le centre du territoire.
Au moins deux grands hôpitaux, accusés par Israël d'abriter des bases du Hamas, sont visés par des opérations de l'armée, une semaine après le début de l'intervention lancée le 18 mars contre l'hôpital al-Chifa de Gaza-ville, le plus grand du territoire.
Cet hôpital et ses environs ont été visés lundi 25 mars par des tirs d'artillerie, selon les autorités du Hamas, tout comme les abords de l'hôpital al-Amal de Khan Younès, assiégé depuis la veille. Des témoins avaient aussi signalé dimanche une incursion aux abords de l'hôpital Nasser, proche d'al-Amal.
Pas de nourriture
Le Croissant-Rouge palestinien a indiqué lundi 25 mars qu'il ne restait dans l'hôpital al-Amal, outre le personnel, que neuf malades et quelques civils, après l'évacuation dimanche des déplacés qui y avaient trouvé refuge.
Plus de 20 combattants palestiniens ont été tués dimanche dans le secteur d'al-Amal, selon l'armée.
L'armée a affirmé poursuivre ses opérations ciblées dans l'hôpital al-Chifa, où environ "500 terroristes" ont été arrêtés jusqu'à présent et 170 autres tués.
Mais selon les autorités du Hamas, l'armée a détruit avec des explosifs une vingtaine de maisons ainsi qu'un immeuble dans le quartier d'Al-Rimal, proche de l'hôpital, où des témoins ont signalé des combats lundi. Des centaines de civils ont fui le secteur depuis une semaine.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé dimanche à un "cessez-le-feu immédiat" et dénoncé le "cauchemar" vécu par la population de Gaza.
A Jabaliya, dans le nord, des habitants, dont beaucoup de femmes et d'enfants, faisaient la queue pour remplir des bidons d'eau qu'ils emportaient dans des brouettes, des chariots ou à la force de leurs bras.
"Nous n'avons même pas de nourriture pour nous donner l'énergie d'aller chercher de l'eau, sans parler des enfants innocents, des femmes et des personnes âgées", a témoigné un homme, Bassam Mohammed al-Haou.
"Nous souffrons beaucoup du manque d'eau, toutes les canalisations et les pompes ont cessé de fonctionner depuis le début de la guerre", a raconté à l'AFP un autre homme, Falah Saed.
Les discussions qui se poursuivent entre équipes techniques à Doha, par l'intermédiaire du Qatar, des Etats-Unis et de l'Egypte, n'ont pas permis de surmonter les points de blocage afin de parvenir à un accord sur une trêve associée à la libération d'otages retenus à Gaza et un cessez-le-feu
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, est par ailleurs attendu lundi à Washington, à l'heure où les Etats-Unis redoublent de pressions sur Israël pour parvenir à un cessez-le-feu et éviter une offensive terrestre sur Rafah, où sont massés selon l'ONU près d'un million et demi de Palestiniens.
La vice-présidente américaine Kamala Harris a affirmé sur la télévision ABC qu'une invasion de Rafah serait "une énorme erreur". "Je n'exclus rien", a-t-elle ajouté, interrogée sur d'éventuelles "conséquences" pour Israël d'une telle opération.
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenter à nouveau lundi d'adopter un texte exigeant un "cessez-le-feu immédiat" à Gaza, un appel plusieurs fois bloqué par les Etats-Unis qui ont toutefois récemment montré des signes de changement de ton face à leur allié israélien.
La Chine a annoncé lundi son soutien à ce texte, issu du travail des membres non-permanents du Conseil, quelques jours après avoir mis son veto, tout comme la Russie, à un projet de texte américain.
"Nous prévoyons, sauf rebondissement de dernière minute, que la résolution sera adoptée et que les Etats-Unis ne voteront pas contre", a indiqué dimanche un diplomate à l'AFP.
La dernière version vue dimanche par l'AFP "exige un cessez-le-feu immédiat pour le mois du ramadan", commencé le 11 mars, devant "mener à un cessez-le-feu durable et permanent", "exige la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages" ainsi que la "levée de tous les obstacles" à l'aide humanitaire.
Cette aide arrivant principalement depuis l'Egypte via Rafah est contrôlée strictement par Israël et entre dans la bande de Gaza en quantité très insuffisante, face aux immenses besoins des 2,4 millions d'habitants.
Confrontée à cette crise humanitaire majeure, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé dimanche être désormais formellement interdite par Israël de toute livraison d'aide alimentaire dans le nord du territoire, où la situation est particulièrement dramatique.
Antonio Guterres a défendu lundi en Jordanie l'Unrwa, qu'il a décrite comme une "source d'espoir et de dignité".
*Article modifié par Ahraminfo
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