« Le monde en a assez » de « ce cauchemar sans fin », a déclaré, samedi 23 mars, le patron de l'ONU, Antonio Guterres, au poste-frontière égyptien à Rafah, aux portes de Gaza, après plus de cinq mois de guerre à Gaza.
« Il est temps pour un cessez-le-feu immédiat à la bande de Gaza », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Il est temps qu’Israël respecte le droit humanitaire ».
« A Gaza, les Palestiniens sont englués dans un cauchemar sans fin », a dit M. Guterres depuis le poste-frontière de Rafah par lequel passe l'aide humanitaire destinée aux Gazaouis. Il a déploré les « maisons détruites, les familles et les générations entières disparues, ainsi que la faim et la famine qui planent au-dessus de la population ».
« Rien ne justifie la punition collective du peuple palestinien », a-t-il souligné.
Par ailleurs, Guterres a salué les efforts égyptiens visant à l’acheminement de l’aide vers l’enclave palestinienne, espérant plus de coopération pour augmenter le taux de secours.
Il s'agit de la deuxième visite de Guterres à la frontière terrestre de Rafah depuis les attaques du 7 octobre (la première était le 20 octobre).
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, est arrivé samedi à la la ville égyptienne Al-Arich. Il a entamé sa tournée par une visite des Palestiniens blessés qui subissent leur traitement médical dans les hôpitaux de la ville.
A l'heure où Israël prévoit une offensive terrestre controversée de l'autre côté, à Rafah, dans la bande de Gaza, les affrontements ne connaissent aucun répit, notamment dans et autour de l'hôpital Al-Chifa de la ville de Gaza (nord), où l'armée israélienne a affirmé avoir tué plus de 150 combattants palestiniens et arrêté des centaines de suspects depuis le début de la semaine.
Tôt samedi matin, le ministère palestinien de la Santé à Gaza a fait état de 67 morts au cours de la nuit et de la soirée.
« Nous en avons assez, je vous assure. Lâchez une bombe sur nous et libérez-nous de cette vie. C'est injuste, par Dieu, aucun être humain ne pourrait supporter ce qui nous arrive », pleure Turkiya Barbakh, proche de victimes de frappes dans le sud de Gaza. « Combien de temps allons-nous supporter cela ? Nous sommes épuisés et ne pouvons plus supporter cette vie et cette pression immense ».
Antonio Guterres a tenu des rencontres samedi avec des travailleurs humanitaires égyptiens à Rafah, adossée à la frontière dans laquelle s'entassent 1,5 million de Palestiniens, d'où les craintes pour la population en cas d'opération terrestre sur place.
Signe des tensions croissantes entre l'Administration Biden et Benyamin Netanyahu, Israël a annoncé la saisie de 800 hectares de terres dans la vallée du Jourdain, en Cisjordanie occupée, le jour de la visite de Blinken.
Veto de Moscou et Pékin
Blinken a achevé vendredi une nouvelle tournée dans la région pour soutenir les pourparlers au Qatar en vue d'une trêve de six semaines dans les combats, et impliquant des négociations indirectes entre Israël et des responsables du Hamas.
Pendant ce temps à l'ONU, un projet de résolution au Conseil de sécurité, présenté par les Etats-Unis, sur un « cessez-le-feu immédiat », n'a pas été adopté en raison des veto russe et chinois.
Depuis le début de la guerre à Gaza, les Etats-Unis s'étaient opposés à l'utilisation du terme « cessez-le-feu » dans les résolutions de l'ONU, bloquant trois textes en ce sens.
Ils ont finalement décidé de mettre aux voix vendredi ce nouveau texte qui mentionnait « la nécessité d'un cessez-le-feu immédiat et durable » et ce, « en lien avec la libération des otages encore détenus ».
La Russie et la Chine ont mis leur veto à cette résolution en dénonçant, comme des pays arabes, une formulation ambiguë qui n'appelle pas directement à faire taire les armes. Le Hamas a salué ces veto, dénonçant la « formulation trompeuse » du texte américain.
« La Chine et la Russie ne voulaient simplement pas voter pour un projet rédigé par les Etats-Unis, parce qu'elles préfèrent nous voir échouer que de voir un succès du Conseil », a fustigé l'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield.
L'ambassadeur russe Vassili Nebenzia a dénoncé le « spectacle hypocrite » des Etats-Unis alors que « Gaza a quasiment été effacée de la carte ».
Un vote prévu samedi sur un nouveau projet de résolution exigeant un cessez-le-feu « immédiat », préparé par huit des dix membres non permanents du Conseil, a été reporté à lundi pour tenter d'éviter un nouvel échec.
La guerre éclatée le 7 octobre a fait au total 32 070 morts dans la bande de Gaza, selon un dernier bilan, vendredi, du ministère palestinien de la Santé à Gaza.
De 500 à 150 camions
Israël impose un siège complet au territoire palestinien depuis le début de la guerre et contrôle strictement l'aide qui arrive principalement depuis l'Egypte via Rafah. Or, ces contrôles ont pour effet, selon l'ONU, de réduire le nombre de camions entrant dans le territoire.
« Avant le 7 octobre, une moyenne de 500 à 700 camions entraient chaque jour à Gaza. Aujourd'hui, la moyenne est d'à peine 150 », a chiffré sur X Philippe Lazzarini, patron de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).
Pour soulager la population, plusieurs pays organisent des parachutages de vivres et ont ouvert un couloir maritime depuis Chypre vers Gaza. Mais l'aide reste insuffisante face aux besoins des 2,4 millions d'habitants de Gaza.
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