La Chambre américaine des représentants examinera mercredi un projet de loi qui prévoit l'interdiction de TikTok aux Etats-Unis si le réseau social ne coupe pas les liens avec sa maison-mère ByteDance et plus largement avec la Chine.
TikTok est depuis plusieurs mois dans le collimateur des autorités américaines, de nombreux responsables estimant que la plateforme de vidéos courtes et divertissantes permet à Pékin d'espionner et de manipuler ses 170 millions d'utilisateurs aux Etats-Unis.
En amont du vote, la Chine a fait savoir qu'une interdiction "sapera la confiance des investisseurs internationaux" et reviendrait pour la première puissance mondiale à "se tirer une balle dans le pied", selon un porte-parole de la diplomatie chinoise, fustigeant les "intimidations" à l'encontre de TikTok.
Le vote devrait avoir lieu à 10H00 (14H00 GMT) et le projet devrait être adopté à une écrasante majorité lors d'un rare moment d'entente entre les deux partis à couteaux tirés.
En revanche, le sort du projet de loi est incertain au Sénat, où des personnalités de premier plan s'opposent à une mesure aussi radicale à l'encontre d'une application extrêmement populaire.
Le président Joe Biden signera, s'il arrive sur son bureau, ce texte connu officiellement sous le nom de "Protecting Americans from Foreign Adversary Controlled Applications Act" (loi sur la protection des Américains contre les applications contrôlées par des adversaires étrangers, NDLR), a déclaré la Maison-Blanche.
La mesure, qui a été adoptée à l'unanimité en commission la semaine dernière, obligerait ByteDance, la société-mère de TikTok, à vendre l'application dans un délai de 180 jours, faute de quoi elle serait exclue des boutiques d'applications d'Apple et de Google aux États-Unis.
Elle donnerait également au président le pouvoir de désigner d'autres applications comme une menace pour la sécurité nationale si elles sont contrôlées par un pays considéré comme hostile aux États-Unis.
Risques pour la sécurité nationale
Plusieurs États et le gouvernement fédéral ont interdit l'utilisation de l'application sur les appareils officiels du gouvernement, invoquant des risques pour la sécurité nationale.
La reprise de l'offensive de Washington contre TikTok a surpris l'entreprise, selon le Wall Street Journal. Les dirigeants de TikTok avaient pourtant été rassurés par l'arrivée le mois dernier sur la plateforme de Joe Biden dans le cadre de sa campagne pour un second mandat.
TikTok nie catégoriquement tout lien avec le gouvernement chinois et a restructuré l'entreprise de manière à ce que les données des utilisateurs américains restent dans le pays.
Le PDG de TikTok, Shou Zi Chew, se trouve à Washington, où il tente d'obtenir des soutiens pour bloquer le projet de loi.
"Cette dernière législation, adoptée à une vitesse sans précédent sans même avoir bénéficié d'une audience publique, pose de sérieux problèmes constitutionnels", a écrit Michael Beckerman, vice-président de TikTok chargé de la politique publique, dans une lettre adressée aux défenseurs du projet de loi, dont l'AFP a pris connaissance.
Le Républicain Mike Gallagher et le Démocrate Raja Krishnamoorthi, tout comme la Maison Blanche, soutiennent que le projet de loi n'est pas une interdiction de TikTok, tant que l'entreprise coupe ses liens avec ByteDance.
L'ancien président Donald Trump a opéré un revirement en affirmant lundi qu'il était opposé à une interdiction, principalement parce qu'elle renforcerait Meta, le propriétaire d'Instagram et de Facebook, qu'il a qualifié d'"ennemi du peuple".
Lorsqu'il était président, M. Trump avait tenté d'arracher le contrôle de TikTok à ByteDance avant d'en être empêché par les tribunaux américains. M. Trump a réfuté les accusations selon lesquelles il aurait changé de discours parce qu'un investisseur majeur de TikTok, le fonds spéculatif Jeff Yass, fait des dons pour sa campagne.
D'autres tentatives d'interdiction de TikTok ont également échoué, un projet de loi proposé il y a un an n'ayant abouti à rien, principalement en raison de préoccupations liées à la liberté d'expression.
De même, une loi adoptée par l'État du Montana pour interdire la plateforme a été suspendue par un tribunal fédéral au motif qu'elle violait probablement les droits constitutionnels en matière de liberté d'expression.
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