
Un iftar au milieu des ruines. (Photo : AFP)
La trêve est toujours attendue à Gaza, les efforts s’intensifient, mais personne ne peut affirmer quand ils aboutiront. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à « faire taire les armes » à Gaza et à libérer les otages « pour faire honneur à l’esprit du Ramadan » ; rien n’annonce cependant une fin prochaine de la guerre. Selon le Hamas, des dizaines de bombardements israéliens ont visé lundi 11 mars, soit le premier jour du Ramadan, plusieurs régions du territoire palestinien, notamment les villes de Gaza (nord), Khan Younès et Rafah (sud). La veille, Israël a annoncé avoir visé le numéro deux du Hamas, Marwan Issa. Et le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a déclaré que les hauts dirigeants du Hamas « sont tous des hommes morts, nous les aurons tous ».
Le climat extrêmement tendu à Gaza fait redouter des violences, notamment à Jérusalem-Est où se trouve l’Esplanade des mosquées, troisième lieu saint de l’islam, et où se réunissent des dizaines de milliers de fidèles musulmans chaque soir pendant le Ramadan. « Nous disons à tout le monde : ne nous cherchez pas. Nous sommes prêts », a lancé lundi le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, tout en assurant qu’Israël respecterait la liberté de culte dans la mosquée d’Al-Aqsa.
Des discours belliqueux alors que se multiplient les efforts de paix et les tentatives des médiateurs égyptiens, qataris et américains. Une source proche des négociations a toutefois déclaré dimanche qu’« il y aurait une accélération des efforts diplomatiques dans les dix prochains jours » afin de tenter d’obtenir un accord durant la première moitié du Ramadan. « Un accord de trêve finira par être trouvé. De fortes pressions sont exercées sur Netanyahu, il semble revenir sur sa décision de mener une opération terrestre à Rafah, mais il continue de bombarder massivement Gaza », estime Dr Mona Soliman, professeure de sciences politiques, qui ajoute qu’Israël n’a réalisé aucun de ses objectifs. « Il y a un autre point qu’il ne faut pas négliger : les fortes pressions que subit Netanyahu est soumis/se font sentir à l’intérieur du pays. On l’a vu avec les manifestations de cette semaine et le mécontentement de la population », dit-elle.
Du côté du Hamas, le chef de l’organisation, Ismaïl Haniyeh, a déclaré dimanche que son groupe restait « ouvert aux négociations ». « Aujourd’hui, si nous recevons une position claire de la part des médiateurs, nous sommes prêts à parachever l’accord et à faire preuve de flexibilité sur la question de l’échange de prisonniers », a affirmé Haniyeh qui a dénoncé l’attitude d’Israël, responsable selon lui du blocage des négociations sur une trêve à Gaza. Israël refuse de s’engager à cesser ses opérations dans l’enclave palestinienne et de permettre aux déplacés de regagner leurs domiciles, a-t-il notamment déploré. Cependant, une source proche des négociations citée par l’AFP a révélé qu’« il y aura une accélération des efforts diplomatiques dans les dix prochains jours ».
L’aide humanitaire pensée autrement
En attendant une éventuelle trêve, un navire de l’ONG espagnole Open Arms, chargé de 200 tonnes de vivres, est prêt à quitter Chypre, le pays de l’Union Européenne (UE) le plus proche de Gaza, pour le territoire palestinien, dans le cadre d’un couloir maritime que l’UE veut mettre en place. Le navire attend le feu vert des autorités chypriotes pour appareiller du port de Larnaca, sur la Méditerranée, distant d’environ 370 km de la bande de Gaza. Un navire militaire américain a en parallèle quitté les Etats-Unis avec le matériel nécessaire à la construction d’une jetée servant à débarquer les cargaisons d’aide, qui pourrait prendre jusqu’à 60 jours. Et ce, alors que sur le terrain, le ministère palestinien de la Santé a déclaré que 25 personnes, dont 21 enfants, sont mortes de malnutrition et de déshydratation dans les hôpitaux de Gaza depuis le début de la guerre.
Et pendant ce temps, plusieurs pays, dont l’Egypte, la Jordanie, les Etats-Unis, la France et la Belgique, continuent à participer à de nouveaux parachutages d’aide humanitaire sur Gaza. « Washington est accusé d’impuissance face à Israël, c’est pour cela qu’il opte pour l’intensification de son aide et c’est aussi en raison de l’approche de l’élection présidentielle américaine. Le président américain veut gagner les voix des Arabes, des musulmans et des activistes opposés à la guerre à Gaza », explique Dr Mona Soliman.
Cependant, l’ONU, qui met en garde contre une « famine généralisée presque inévitable » à Gaza, affirme que les parachutages et l’envoi d’aides par mer ne peuvent se substituer à la voie terrestre. Et la cheffe du Programme Alimentaire Mondial (PAM), Cindy McCain, de lancer : « Le temps presse. La population affamée de Gaza ne peut plus attendre ».
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