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Dédouanement des marchandises : Une bonne nouvelle pour les marchés

Ola Hamdi , Mercredi, 13 mars 2024

Suite aux récentes décisions de la Banque Centrale d’Egypte (BCE), d’importantes quantités de marchandises ont été débloquées dans quatre ports égyptiens. De quoi stimuler l’économie.

Dédouanement des marchandises : Une bonne nouvelle pour les marchés

Jeudi 7 mars, les ports d’Alexandrie, de Dékheila, de Sokhna et de Damiette ont connu une reprise du mouvement des marchandises après les décisions prises la veille par la BCE. D’importantes quantités de marchandises et de produits de base, notamment des médicaments et des produits alimentaires, ont été débloquées, portant la recette de la libération totale des marchandises à 230 millions de dollars et des équipements industriels à 464 millions de dollars depuis le début du mois de mars. Les marchandises qui étaient bloquées dans les ports concernent 4 secteurs : les produits alimentaires prêts à la consommation, les produits alimentaires destinés à la fabrication, les produits de production dont les céréales et le fourrage, ainsi que les produits pétroliers.

Le dédouanement de ces marchandises a été supervisé par Dr Mostafa Madbouly, qui s’est rendu au port d’Alexandrie pour suivre l’évolution du processus de libération, en compagnie des ministres concernés. « Nous avons ordonné au ministère de l’Intérieur de frapper d’une main de fer le marché noir pour affronter ce système et les systèmes informels d’envoi de fonds des Egyptiens se trouvant à l’étranger », a déclaré Dr Mostafa Madbouly, en soulignant que l’Egypte tient à rendre disponibles les marchandises afin de stabiliser les prix avant de les réduire dans une étape ultérieure. « La priorité est accordée aux produits stratégiques, notamment les médicaments, le fourrage et les équipements nécessaires à l’industrie », a ajouté Madbouly. A noter que la crise des marchandises bloquées dans les ports égyptiens est apparue après le début de la guerre en Ukraine en février 2022, en raison de la pénurie de devises.

Dr Al-Chahat Ghatouri, président des autorités douanières égyptiennes, a confirmé que la valeur des marchandises débloquées depuis le 1er janvier a atteint 12 milliards de dollars. « Des quantités de médicaments ont été débloquées. D’autres sont contrôlées et seront libérées au cours de la période à venir. Les taux de dédouanement des marchandises et des produits de production augmenteront au cours des prochains jours en coordination avec le secteur bancaire », a-t-il ajouté.

Impact immédiat et à court terme

Selon Sameh Al-Sayed, chef de la division avicole à la Chambre de commerce de Guiza, le dédouanement des céréales et du fourrage a conduit à la stabilisation des prix de ces produits sur les marchés dès le lendemain, vendredi 8 mars, et ce, au niveau du cours de la Bourse. « On s’attend à ce que le prix du kilo de volaille blanche baisse, atteignant 80 L.E. à la ferme et 90 L.E. pour le prix consommateur, au cours de la période à venir. Les prix commenceront à baisser à partir de la deuxième moitié du mois du Ramadan 2024 », explique Al-Sayed, avant d’ajouter : « Le cycle de production de volaille blanche prend environ un mois et demi. Avec l’augmentation de l’offre de soja et de maïs, les prix des oeufs diminueront également jusqu’à 10 % ».

Quant aux médicaments, Dr Ali Auf, chef de la division pharmaceutique de la Fédération générale des chambres de commerce, a souligné que les récentes décisions mèneront à la stabilité du marché du médicament grâce à l’impact positif de la libéralisation du taux de change. « Les médicaments nécessitent la disponibilité de dollars, étant donné que 90 % des intrants de l’industrie sont importés. Après les récentes décisions, les banques ont commencé à contacter les sociétés pharmaceutiques pour qu’elles obtiennent des dollars afin de dédouaner leurs marchandises dans les ports, qui s’élèvent à 70 millions de dollars. On constate une reprise du marché pharmaceutique depuis jeudi dernier », affirme-t-il. Et d’ajouter : « L’unification du taux de change par le biais des banques est une réforme économique importante qui donne lieu à la stabilité du marché des médicaments ».

Les investisseurs ont également salué ces mesures qui leur ont donné confiance en raison de leurs répercussions positives sur la disponibilité du dollar et des biens sur les marchés. « La confiance commence à revenir dans le monde des affaires. De nombreuses entreprises vont injecter des investissements et dans les prochains jours, nous assisterons à l’abondance de nombre de biens, d’autant plus que nous réclamons cette mesure depuis 3 mois et j’ai tenu de nombreuses réunions à ce sujet, car ce qui compte pour le citoyen, c’est la disponibilité des biens », a déclaré Dr Alaa Ezz, secrétaire général de la Fédération des chambres de commerce. Ezz estime que la disponibilité des biens sur les marchés crée une concurrence qui fera baisser les prix dans la période à venir.

Timing important

Pour les économistes, la décision de dédouanement des marchandises est une avancée qui permettra de relever les défis les plus importants. Selon l’expert économique Ali Al-Idrissi, la retombée la plus importante est l’élimination du marché noir. « La valeur des marchandises dédouanées dans les premiers jours suivant les décisions prises a atteint environ 2 milliards de dollars. Les chiffres augmentent à mesure que les opérations de dédouanement se poursuivent ».

Le timing est également très important, selon Al-Idrissi, car il survient quelques jours avant le mois du Ramadan, un mois qui connaît une augmentation de la demande de produits de base et alimentaires. Ce timing est donc important pour résoudre les problèmes qui existaient dans le marché. « Avec la disponibilité des biens et l’augmentation de l’offre, nous espérons qu’il y aura une stabilité des prix, puis leur baisse progressive et un contrôle des marchés », a souhaité Al-Idrissi. Et de poursuivre : « Cette reprise ne permet pas seulement l’élimination du marché noir ; le gouvernement a réussi à effectuer des transactions avec le système bancaire, ce qui permettrait au dollar de se stabiliser, puis de diminuer progressivement, car tous les dollars se trouvant sur le marché noir iront aux banques après que les particuliers et les investisseurs auront été convaincus qu’il n’y a aucun avantage à spéculer sur le marché noir, sans oublier le retour de la confiance des investisseurs dans le marché égyptien, car ils ne veulent pas avoir affaire à deux taux de change ».

Karim Adel, expert économique, partage le même avis qu’Al-Idrissi. Il souligne que le dédouanement des marchandises envoie des messages rassurants à plusieurs parties. « Un message qui rassure les fournisseurs et les consommateurs, ainsi que les exportateurs et ceux qui traitent avec les importateurs égyptiens, que ce soit au niveau du gouvernement, des entreprises, ou du système bancaire, car la régularité des mouvements commerciaux et le respect des obligations commerciales améliorent les opportunités d’échanges commerciaux avec les pays exportateurs ». Et d’ajouter : « Ces mesures rassurent également les investisseurs étrangers qui ont peur de venir travailler et produire en Egypte en raison de la crise des importations ou du dollar. L’entrée continue des produits de base et de ceux de production garantit le mouvement continu des marchés, de l’emploi et de la production, augmentant ainsi le produit intérieur brut et atteignant les taux de croissance visés. Il a prévenu que l’impact de cette mesure sur les marchés sera progressif et n’apparaîtra pas avant un délai compris entre 120 et 180 jours à condition qu’une panoplie de mesures soit prise pendant cette période, la première étant de renforcer le contrôle sur les marchés ».

Concernant les décisions qui doivent être prises au cours de la période à venir pour obtenir les rendements économiques souhaités, Al-Idrissi conclut que « pour juguler l’inflation et ramener les prix à la normale, le gouvernement doit impérativement, dans la période à venir, poursuivre le processus de dédouanement des marchandises, augmenter le nombre d’initiatives et d’expositions pour les produits de base et offrir des incitations aux producteurs, qu’il s’agisse d’incitations ou des exemptions de taxes, en plus de renforcer le contrôle sur les marchés afin qu’aucune manipulation ne se produise ».

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