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L’accord de Genève sur la conférence de Genève

Mardi, 03 décembre 2013

Après dix années de négociations irano-américaines, un accord a été signé entre les Iraniens et les grandes puissances. Salam Kawakibi, directeur adjoint de l’Initiative de la réforme arabe, pense que l’on ne peut pas encore parler d’accord historique.

L’accord signé par les grandes puissances avec le gouvernement iranien vient couronner 10 années de négociations-marathon, tantôt secrètes tantôt au grand jour. Ces négociations avaient connu des périodes d’arrêt et d’attente d’une partie ou de l’autre. Leur rythme avait augmenté également, non pas avec l’arrivée au pouvoir du président réformiste Hassan Rohani, mais pendant le mandat du prési­dent conservateur Ahmadinejad, avec ses déclara­tions hostiles aux juifs. En adoptant ce discours démagogue populiste, il présentait le plus grand appui et soutien aux politiques des extrémistes israé­liens qui exploitaient ces déclarations absurdes pour renforcer la colonisation et élever leur facture d’équipements défensifs sophistiqués présentée au parrain américain, l’éternel partenaire.

Quelques heures après la signature, la presse a longuement parlé de cet accord « historique » qui a enfin trouvé une solution acceptable pour les deux parties selon la formule gagnant/gagnant. Certains ont cru, à tort ou à raison, que cet accord allait ouvrir les portes de l’Iran aux investissements étrangers de manière rapide et avec des sommes énormes. Les auteurs des rumeurs annonçaient que l’Allemagne était disposée à envoyer des milliers d’experts pour activer certains secteurs technologiques après de longues années de stagnation. Certains évoquaient aussi que les grandes banques préparaient leurs cadres pour ouvrir des branches chez le nouveau « dragon » asiatique. Par ailleurs, des écrits sont soudainement apparus vantant les étroites relations sociales liant les Iraniens de l’intérieur avec leurs compatriotes qui ont choisi d’immigrer notamment aux Etats-Unis.

Il serait raisonnable de parler de longues négocia­tions discrètes qui ont abouti à cet accord « tempo­raire » et pas encore historique avant qu’il ne soit appliqué, et que ses différents lecteurs arrêtent d’ex­pliquer et d’avancer le problème de la traduction comme prétexte pour revenir sur une partie de leurs engagements. Il serait également favorable de ne pas croire qu’Israël est dans un état de colère réelle, émanant d’une crainte et d’une appréhension de voir naître un éventuel rapprochement américano-iranien pouvant toucher ses relations favorites avec les Américains. Il est vrai qu’un professeur français oeuvrant dans le domaine des relations internatio­nales avait déclaré, il y a des années, que l’Iran allait remplacer Israël en tant qu’allié principal des Etats-Unis dans la région. Cependant, il manquait de pré­cision dans son jugement hâtif, plutôt basé sur des souhaits et non des réalités. Israël demeurera tou­jours l’Etat en colère, l’Etat victime et l’Etat mena­cé, afin d’accroître l’appui inconditionnel en sa faveur et que l’on continue à fermer les yeux sur ses crimes colonialistes et racistes. Il est évident que les Américains ont encore une fois déçu leurs alliés, non par les résultats des négociations, mais par la manière dont celles-ci se sont déroulées et le secret qui les a entourées, même pour les plus concernés. Il ne s’agit ici certainement pas des pays arabes alliés car ils n’ont jamais constitué un chiffre-clé ou d’avancée dans les priorités des différentes adminis­trations américaines.

Les alliés proches sont donc les pays occidentaux actifs, qui espionnés par les Américains, ne sont inclus que sur les photos-souvenirs et la reconnais­sance de la politique étrangères américaine. En contrepartie, le tsar russe, qui danse d’euphorie pour ses réalisations dans plusieurs dossiers, avait parfai­tement connaissance de ce que préparaient les Américains et les Iraniens. Les Américains, Russes et Iraniens se sont donc mis d’accord, en présence de quelques figurants occidentaux qui n’ont aucune influence, sur le lancement de longues négociations dans 6 mois.

Dans ce contexte, une question s’impose : les cou­lisses de cet accord ont-elles abordé d’éventuelles solutions à la tuerie syrienne, où l’Iran constituerait une partie essentielle et négative ? Cet accord peut devenir une arme à double tranchant. D’une part, il se peut que les Américains, s’ils le voulaient, aient obtenu une approbation iranienne inconditionnelle pour la levée de la protection accordée à Damas, parvenir à un compromis satisfaisant les différentes forces et mettre un terme aux bains de sang, en marge de l’avis des Syriens, bien évidemment. D’autre part, les Américains peuvent, de par leur longue expérience dans la déception de tous ceux qui leur donnent de la crédibilité, préparer un feu vert à l’Iran pour un développement intelligent d’une hégé­monie relative et non absolue. Il est certain que le dossier syrien a été soulevé et que Washington et Moscou se sont relativement mis d’accord sur une solution satisfaisante, loin des Syriens eux-mêmes et de tous les alliés décoratifs ou temporaires

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