La relation du manager de Liverpool Jurgen Klopp avec son homologue de Manchester City, Pep Guardiola, à gauche, est respectueuse. Photo : AP
Neuf mois ont séparé l'arrivée de Klopp, en octobre 2015 sur les bords de la Mersey, et celle de Guardiola sur le banc de City, une proximité temporelle et géographique, à 50 kilomètres de distance, qui a accouché d'une des plus intenses rivalités sur la planète football.
Le départ de l'entraîneur allemand en fin de saison transforme le choc de dimanche en dernière danse, avec un enjeu maximal : son Liverpool FC, leader après 27 journées, compte un point d'avance sur l'armada de Guardiola, triple championne d'Angleterre en titre.
Avant la grande explication finale, la nuit risque d'être agitée du côté de l'Espagnol, grand vainqueur dans le match du palmarès, mais pas dans les confrontations directes.
"La veille des matches contre Liverpool, ça a toujours été presque un cauchemar", avait-il lancé après l'annonce surprise de Klopp. Après son départ, "je vais mieux dormir!", a-t-il rigolé. "Nous ne pouvons pas définir notre période ici sans lui, sans Liverpool. Le meilleur rival que j'aie jamais eu dans ma vie".
Heavy metal vs douce symphonie
De fait, les Reds ont été constamment une épine dans le pied de Manchester City, géant d'Angleterre remplumé en 2008 par ses richissimes propriétaires émiratis, et magnifié par le génie tactique de Guardiola.
Les Citizens ont raflé cinq des six derniers titres en Premier League, certes, mais l'hégémonie a été troublée en 2020 par le sacre de Liverpool, également dauphin en 2019 et 2022 avec un seul point en moins, malgré plus de 90 unités affichées au compteur.
Sous la coupe des entraîneurs quinquagénaires, la rivalité entre les clubs a atteint des sommets inédits en championnat, avec des styles de jeu et des moyens financiers pourtant bien différents.
Pour Klopp, c'est un football intense tendance "heavy metal", comme il l'a un jour décrit, avec un pressing constant et une combativité totale, une furieuse et joyeuse folie à laquelle les supporters d'Anfield se sont identifiés à la perfection.
A l'inverse, la précision tactique et la finesse technique promues par Guardiola a transformé City en un orchestre symphonique bien réglé, où la mécanique collective prime sur les individualités, aussi brillantes soient-elles.
Le rockeur Klopp et le chef d'orchestre Guardiola ont tout gagné, sur la scène domestique (championnat, coupes nationales) et européenne (Ligue des champions, Supercoupe et Mondial des clubs), et leur rivalité a toujours été bercée par un profond respect mutuel.
"C'est sans aucun doute le meilleur entraîneur que j'ai vu de mon vivant", a encore déclamé vendredi le boss de Liverpool, qui l'a affronté plus tôt sur les bancs de Bundesliga, lui à Dortmund, Guardiola à Munich.
- Anfield résiste à Guardiola -
Dans les confrontations directes, "j'ai un bilan positif contre Pep" mais, a-t-il rajouté, "je n'ai aucune idée de comment ça s'est produit".
Jamais, depuis son arrivée en Angleterre, Guardiola n'a réussi à s'imposer en championnat devant les tribunes survoltées d'Anfield Road.
Sur la décennie écoulée, la seule victoire des Citizens à Liverpool est survenue en 2011 dans un stade vidé de ses supporters à cause de la pandémie de Covid.
Klopp aura à coeur de prolonger cette domination, mais il faudra frapper fort contre une équipe mancunienne en pleine forme, portée par une série de vingt matches sans défaite, toutes compétitions confondues.
Les supporters massés dans le mythique Kop d'Anfield rêvent de voir dimanche leur chouchou reproduire sa célèbre "fist-pump celebration", poing fermé et large sourire aux lèvres, en cas de victoire.
Ils le verront en tout cas très certainement serrer la main de Guardiola au coup de sifflet final, peu importe le résultat.
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