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Les femmes s’émancipent sur leurs bobines

Yasser Moheb, Lundi, 02 décembre 2013

Pour sa 6e édition, le Panorama du film européen au Caire reste fidèle à son ambition de promouvoir cet art dans toute sa diversité. Coup de projecteur sur des oeuvres dont les thèmes inédits s’avèrent alarmants par leur universalisme, sans pour autant occulter les films traitant de l’émancipation de la femme. Tour d’horizon.

Populaire
Populaire.

Cette 6e édition propose d’aller à la découverte des femmes en tant que citoyennes-cinéastes, à travers certains films dans les différentes sections. Outre cinq courts métrages illustrant la réalité des femmes en Egypte, projetés lors du panorama, plusieurs films programmés ont opté pour la femme comme principal pro­tagoniste.

Parmi ceux-là le film germano-rus­so-hollandais, The Girl and Death (la fille et la mort) de Jos Stelling, lau­réat de plusieurs prix internationaux.

Produit par le réalisateur lui-même, The Girl and Death raconte l’histoire d’une femme de cour en Allemagne allant vers sa mort après avoir été attaquée par la tuberculose. A travers un scénario bien ficelé malgré son style classique, on peut suivre l’his­toire d’amour assez platonique qu’a portée le médecin russe — Leonid Bichevin pour cette belle fille — Sylvia Hoeks isolée dans un hôtel par domination d’un vieil homme autoritaire qui l’aime. Elle rêve du jour où elle peut s’émanciper de son passé plein d’abus. Le film a également été distingué dans les caté­gories photographie et son.

Une histoire d’amour singulière qui plonge le spectateur dans le monde de la littérature russe du XIXe siècle, à travers les poèmes d’Alexandre Pouchkine. La ren­contre improbable du jeune médecin curieux de passion amoureuse et de la jeune fille en quête de réponses à ses douleurs profondes emporte le spectateur peu à peu.

Film fort et dense en thématiques : romance, dignité, injustice sociale et amour semé de problèmes. Tout se mélange et s’accélère alors, nous emportant dans les états d’âme des personnages grâce à un savant mélange d’ambiances. Le tout est très beau visuellement et le second rôle de l’acteur vieillissant et nostalgique reste plein d’humanité.

Une star, malgré elle

Un second film projeté lors des premiers jours du panorama, portant comme idée principale la femme face à ses ambitions et aux contraintes sociales, citons donc Populaire de Regis Roinsard.

Cette comédie — avec en tête d’af­fiche le trio Romain Duris, Déborah François, Bérénice Bejo — raconte comment une jeune fille qui veut s’émanciper en devenant secrétaire, finit par devenir star grâce à ses dons de dactylo. C’est à travers l’histoire de la jeune Rose — Déborah François — passant sa vie dans un petit village normand avec son père qui veut lui faire épouser le fils du garagiste. Toutefois, elle se sent en pleine effervescence, trouvant la vie de femme au foyer trop peu pour elle. Ayant pour ambition d’être une femme indépendante et de pouvoir travailler un jour comme secrétaire, elle prend la décision de s’émanciper et de partir dans la grande ville, Lisieux, à la recherche d’un travail. Et comme toute histoire d’amour, c’est le hasard qui unit les passion­nés, puisqu’un patron charismatique d’un cabinet d’assurance — joué par Romain Duris — est en quête d’une secrétaire dévouée. Donc, c’est fait.

Avec son univers façon roman-photo et ses personnages bien dessi­nés au sein d’un tout gaiement coloré, Populaire reste fidèle à l’époque des années 1950, où ses événements se déroulent. Se voulant originale et garnie de charme, cette histoire simple possède tous les atouts d’une vraie réussite, surtout avec des senti­ments et de dialogues qui progressent à la vitesse des touches.

S’approchant d’un My Fair Lady dans son premier tiers du film, le film laisse passer de beaux moments tout en traitant indirectement du problème des droits de la femme dans les pro­vinces pendant les années 1950. Même si l’émancipation par la machine à écrire fait resurgir des cli­chés parfois exagérés, le tout n’est pas dénué d’intérêt, faisant le pari d’un rétro chic, présentant une époque passée mais fondatrice des rapports modernes entre hommes et femmes.

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