La communauté internationale a souligné l'urgence d'un cessez-le-feu humanitaire et réclamé une enquête après des tirs israéliens sur des civils palestiniens et une bousculade pendant une distribution d'aide jeudi à Gaza, qui ont fait plus de 110 morts, selon le Hamas.
Près de cinq mois après le déclanchement de la guerre actuelle entre Israël et le Hamas, les frappes israéliennes incessantes contre le territoire palestinien dévasté ont fait dans la nuit plus de 80 morts, a indiqué vendredi le ministère de la Santé à Gaza.
Alors que le bilan humain ne cesse de s'alourdir avec plus de 30.200 morts à Gaza depuis le début de la guerre le 7 octobre, selon le ministère, 2,2 millions des 2,4 millions d'habitants de ce petit territoire assiégé par Israël, sont menacés de famine, d'après l'ONU.
Jeudi, un médecin de l'hôpital al-Chifa et des témoins ont affirmé que des soldats israéliens avaient tiré sur une foule affamée qui se précipitait vers les camions d'aide dans la ville de Gaza, dans le nord. Le bilan est de 112 morts et 760 blessés, selon le ministère de la Santé à Gaza.
Un responsable de l'armée israélienne a confirmé des "tirs limités" de soldats se sentant "menacés" et évoqué "une bousculade durant laquelle des dizaines d'habitants ont été tués et blessés, certains renversés par les camions d'aide".
Fidèle allié d'Israël, Washington a exigé des "réponses" du gouvernement de Benjamin Netanyahu après la tragédie et plaidé pour "un accord sur un cessez-le-feu temporaire (...)".
Enquête efficace
L'Italie et l'Espagne ont souligné l'urgence d'un cessez-le-feu. La France a réclamé une "enquête indépendante" et l'Allemagne a appelé à une "trêve humanitaire".
L'Union européenne a elle aussi appelé à une enquête et à un cessez-le-feu pour l'acheminement de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, soumise au feu vert d'Israël.
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit poursuivre des discussions sur un projet de déclaration au sujet du drame de Gaza. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a demandé "une enquête indépendante efficace".
Jeudi, a raconté un témoin, certains "camions d'aide se sont approchés trop près de chars de l'armée déployés dans la zone et la foule a pris d'assaut les camions. Les soldats ont tiré sur la foule car les gens s'approchaient trop près des chars".
Le drame s'est produit le jour où le ministère de la Santé à Gaza a annoncé que le bilan de la guerre avait dépassé le seuil des 30.000 morts à Gaza, pour la plupart des civils. Un dernier bilan publié vendredi fait état de 30.228 morts depuis le 7 octobre.
Nouveaux raids israéliens
Vendredi, des dizaines de frappes ont ciblé le territoire palestinien, notamment à Khan Younès et Rafah dans le sud, selon le gouvernement du Hamas. Des combats au sol se poursuivent à Gaza-Ville ainsi qu'à Khan Younès où l'armée israélienne a dit avoir tué plusieurs combattants palestiniens ces dernières heures.
Pour Joe Biden, il n'y aura "probablement" pas d'accord de trêve avant le début du ramadan, mois sacré du jeûne pour les musulmans, qui commence autour du 10 ou 11 mars.
Le Qatar, les Etats-Unis et l'Egypte tentent d'arracher un accord prévoyant une trêve de six semaines associées à une libération d'otages en échange de prisonniers palestiniens et l'entrée à Gaza de quantités importantes d'aides.
Dans une vidéo, le Hamas a affirmé qu'il donnerait des informations vendredi soir sur le sort de trois des otages, des hommes âgés, qu'il détient.
Quasiment inévitable
L'offensive israélienne a détruit des quartiers entiers de la bande de Gaza et forcé 1,7 million de personnes à fuir leurs foyers.
Une famine "est quasiment inévitable, si rien ne change", a alerté le porte-parole de l'agence de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), Jens Laerke.
Selon le porte-parole de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), citant les statistiques des autorités du Hamas, une dizaine d'enfants ont été enregistrés comme étant décédés des suites de malnutrition, un nombre selon lui certainement en-deçà de la réalité.
Près de 1,5 million de déplacés d'après l'ONU ont gagné Rafah, adossée à la frontière fermée avec l'Egypte, où la population massée sans échappatoire craint une offensive terrestre d'Israël.
"Nous étions à la maison et soudain nous avons vu des pierres tomber sur nos têtes et mes enfants sous les décombres, j'ai commencé à crier à l'aide et nous avons pu les sauver", a raconté en pleurant à l'hôpital al-Najjar de Rafah, Duaa Khaled al-Kablawi, où elle a emmené ses enfants blessés dans un bombardement israélien.
Article modifiée par ahraminfo
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