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Mali: la tension persiste

Sabah Sabet, Lundi, 02 décembre 2013

La stabilité au Mali peine à voir le jour. La rébellion touareg a, en effet, décidé de reprendre la guerre contre l’armée malienne après des exactions commises contre elle.

La tension persiste au Mali
Le MNLA a décidé de combattre l'armée malienne.

Malgré les pas pris vers la voie de la démocratie, et mal­gré la tenue des élec­tions présidentielles et législatives, le Mali, ce grand et pauvre pays, ne connaîtra pas bientôt une vraie sta­bilité. Vendredi, le MNLA, mouve­ment séparatiste touareg de la région du nord du Mali, a annoncé qu’il reprenait la guerre contre l’ar­mée malienne. Une décision prise, selon lui, après des « exactions » commises jeudi dernier par l’armée à l’aéroport de Kidal, et qui ont fait un mort et 5 blessés civils. « Là où on trouvera l’armée malienne, on lancera l’assaut sur elle. Ce sera automatique. Les mises en garde sont terminées », a déclaré à l’AFP Mahamadou Djeri Maïga, vice-pré­sident du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad, la rébellion touareg). Et d’ajouter : « Ce qui s’est passé (jeudi) est une déclaration de guerre. Nous allons leur livrer cette guerre ». Jeudi der­nier, quelques centaines de mani­festants touaregs avaient pénétré dans l’aéroport de Kidal (nord-est), poussant le premier ministre malien, Oumar Tatam Ly, qui devait s’y poser, à faire demi-tour. D’après certains protestataires, les mili­taires maliens ont ouvert le feu sur eux. Selon le MNLA, les tirs « à balles réelles », « sur des femmes et des enfants qui manifestaient paci­fiquement », ont fait un mort et 5 blessés — 3 femmes et 2 enfants, l’une des femmes se trouvant dans un état critique. Pour le gouverne­ment malien, ses troupes « prises à partie par des éléments incontrôlés, ont procédé à des tirs de sommation après avoir essuyé des jets de pierre et des tirs d’armes ». Par ailleurs, pour les forces de l’Azawad (les territoires nord du Mali, ainsi nommés par les Touaregs), ces inci­dents présentent une violation des accords de Ouagadougou, c’est pourquoi ils répondront sévère­ment. « On ne parle plus de canton­nement. Maintenant que le feu est ouvert, on verra qui est qui. Partout où on a des troupes sur le territoire de l’Azawad, on les appellera à se mobiliser », a poursuivi Maïga. Les mouvements rebelles touaregs avaient signé le 18 juin à Ouagadougou un accord de paix avec Bamako visant à permettre l’organisation de la présidentielle du 28 juillet à Kidal, ville sous contrôle des groupes armés toua­regs, après l’intervention française qui a chassé du nord du Mali les groupes djihadistes alliés à Al-Qaëda au Maghreb islamique (Aqmi).

Une question se pose alors : ces derniers incidents ont-ils poussé le MNLA à cette situation très ten­due ? Selon Ayman Shabana, ana­lyste et spécialiste des affaires afri­caines, les Touaregs, qui présentent une part importante de la commu­nauté malienne formée de noirs et d’arabes, luttent depuis des années pour un vrai développement de leur région qui est le nord. Mais les présidents et les gouvernements qui se sont succédé n’ont jamais répondu à leurs demandes. « Dernièrement, et lors de l’accord de juin, les Touaregs ont demandé de participer dans le gouvernement et qu’il y ait un vrai développement économique du nord, mais 5 mois ont passé et rien n’est passé, ce qui a suscité la colère de la rébel­lion », souligne-t-il.

Alors comment sortir de cette impasse et pourquoi le déroule­ment des élections n’a-t-il pas abouti à une stabilité ? Selon Shabana, les élections et les solu­tions sécuritaires ne peuvent abou­tir seules à la stabilité : « Il faut y avoir des politiques qui mènent à réaliser une vraie justice sociale ». Le Mali est classé 25e pays le plus pauvre du monde. Alors une aide internationale est une nécessité. « Le gouvernement n’a pas les moyens de réaliser les voeux des Maliens et surtout des Touaregs, et c’est ainsi que la communauté internationale et surtout la France, qui a d’importants intérêts en Afrique, doivent réagir en présen­tant des aides financières pour que ce pays sorte de l’impasse », conclut Shabana.

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