La réconciliation nationale est nécessaire pour établir la stabilité politique et pour mettre en marche l’économie profondément touchée ces derniers mois. On ne peut pas entamer les élections parlementaires et présidentielle sans parvenir à une réconciliation. Il faut avouer d’abord qu’il existe une crise et trouver une issue ensuite. Jusqu’à maintenant, cela n’a pas eu lieu. Toutes les initiatives proposées ne sont pas sérieuses. C’est-à-dire qu’elles sont justes des interprétations personnelles de la crise. A mon avis, le gouvernement actuel doit former un comité de sages, lesquels seront capables de dialoguer avec les représentants des Frères musulmans. Mais ceci doit être loin des médias qui mènent toute initiative à l’échec.
Hassan Nafea, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire.
— La feuille de route comme condition
N’importe quelle initiative de réconciliation nationale doit, avant tout, inclure la reconnaissance par les Frères musulmans de la feuille de route. Presque toutes les initiatives proposées sont passives et sont considérées comme une perte de temps. Depuis le 30 juin, le parti Al-Nour a déployé des efforts pour parvenir à une réconciliation nationale et coordonner entre les deux parties, mais malheureusement, tous nos efforts ont échoué. Actuellement, la seule issue est d’atteindre une sorte de réconciliation sociale qui permette l’arrêt des manifestations. L’Egypte et ses institutions sont plus importantes que les conflits politiques. Al-Nour a émis des critiques quant à la feuille de route et l’autorité qui gère la transition, mais nous sommes obligés de travailler avec cette dernière pour l’intérêt du pays. On n’a pas d’autre alternative.
Nader Bakkar, membre du Conseil présidentiel du parti Al-Nour
— Initiatives inacceptables
Toutes les chances d’une réconciliation nationale se sont presque volatilisées à cause de la violence, des manifestations, des menaces ainsi que de l’immixtion de certains pays dans les affaires de l’Egypte. La réconciliation avec les Frères musulmans est inacceptable actuellement. Il faut d’abord faire face aux personnes impliquées dans des crimes, se venger et dédommager les citoyens touchés par leurs crimes. On pourra à la fin parler d’une réconciliation que je nommerai : « les règles de la vie commune dans une patrie ». Toutes les initiatives proposées jusqu’à aujourd’hui sont inacceptables et futiles.
Abdel-Ghaffar Chokr, président du parti de la Coalition populaire.
— Pas question de renouer avec les Frères
De quelle réconciliation parle-t-on ? La réconciliation avec les assassins ? Je suis contre la réconciliation avec les Frères musulmans. C’est exactement ce que l’ex-président Gamal Abdel-Nasser a fait en 1954, lorsqu’il a sanctionné une catégorie des Frères musulmans et a gracié une autre partie. En fait, la réconciliation avec la confrérie, la Gamaa islamiya et les salafistes signifie le retour du régime de Moubarak. Malheureusement, le régime actuel, géré par Al-Sissi, n’a pas réussi à établir la justice transitoire, et la nouvelle Constitution est, à mon avis, un échec de la révolution du 25 janvier. La réconciliation sociale est plus importante que la politique.
Chérif Al-Roubi, responsable des alliances politiques au sein du mouvement du 6 Avril...
— Une partie du peuple s’y oppose
Le moment n’est pas favorable aujourd’hui pour parler d’une réconciliation, parce que la confrérie qui approuve les actes de violence fait capoter toutes les négociations pour une réconciliation nationale. D’autre part, après le 30 juin, une partie du peuple égyptien refuse que le gouvernement actuel s’entretienne avec les Frères musulmans. Avant de proposer des initiatives pour une réconciliation, il faut qu’il y ait des signes positifs de la part de la confrérie. Autrement, il serait difficile de parler de réconciliation.
Essam Chiha, avocat et membre du haut comité du parti néo-Wafd.
— Les Frères entravent tous les efforts
Certains pensent que le gouvernement actuel est très faible parce qu’il cherche à faire une réconciliation avec les Frères musulmans qui n’ont reconnu ni la feuille de route, ni la révolution du 30 juin. Ce sont les Frères musulmans qui entravent tous les efforts déployés pour réaliser la réconciliation, parce que leurs revendications n’ont aucune relation avec la réalité et leurs manifestations sont injustifiables. Ils doivent savoir d’abord que le retour de Morsi est impossible. Ensuite, ils pourront participer aux prochaines élections parlementaires et présidentielles.
Ahmad Eid, membre du comité des 50.
— Etablir une justice transitionnelle
Pas de réconciliation avant de punir les auteurs de l’effusion du sang égyptien, qu’ils fassent partie du régime de Moubarak, du CSFA ou des Frères musulmans. Toutefois, ce n’est pas la réconciliation qui va faire sortir le pays de la situation difficile. La solution réside dans l’application de la justice transitoire. Mais les mesures adoptées par l’actuel gouvernement transitoire qui appellent à la punition collective de tous les membres de la confrérie ne conduisent qu’à davantage d’effusion de sang.
Khaled Abdel-Hamid, membre du mouvement des jeunes pour la justice et liberté.
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